Sandra MALMERA 24 jours, un chocolat 11. Contrecoup 1/3

11. Contrecoup 1/3

Vendredi 30 novembreASHLEY


Merde, ce matin le réveil est plus que difficile. Allongé sous ma couette, je ne parviens pas à me lever, mes pensées tourmentées par les événements de la vieille. Pauvre idiot ! Cette fille, elle va me mener à ma perte, pourtant je n’ai pas pu m’empêcher de me lever et de lui courir après. Sauf que… c’était déjà trop tard. Cassie avait été rejointe par son amie et même si j’avais voulu la rattraper les larmes sur ses joues m’ont cloué au sol.


Pourquoi ? Pourquoi la simple vision de ces sillons humides sur son visage d’habitude si lumineux est semblable à un coup de poignard en plein cœur ? Même encore maintenant alors que je suis chez moi, et que la nuit est passée, je suis hanté par son océan qui déborde. Par ces gouttes d’eau salée qui roulent sur ses pommettes. Mon esprit me hurlait de pousser la porte entre nous, mais mon corps lui m’a obligé à rester sur place. Telle une statue de cire, incapable de faire le moindre geste.


Puis, elle est partie, non sans avoir essuyer les larmes de son visage. D’ailleurs, j’ai cru le temps d’un instant qu’elle m’avait vu, mais non. Elle a tourné les talons et s’est enfuie. Comme moi, il y a de ça onze ans. Non, Ash, ce n’est pas comparable. Je le sais, mais alors pourquoi au moment où son amie est rentrée dans le bar et s’est arrêtée en me voyant, je n’ai pas agi ? J’aurais pu ! Bordel ! J’aurais dû ! Rattraper Stella aurait été mieux que de passer pour le parfait connard que son frère croit que je suis…

Mais non.


— Tu n’as rien fait. Rien de plus que la dernière fois.


Merde… voilà que je me parle à moi-même. En y repensant, cette fille qui les accompagnait au lieu de me contourner sans rien dire, elle s’est plantée droit devant moi. Ses talons hauts claquant sur le sol pour montrer son assurance, une main sur sa hanche et un doigt pointé contre mon torse. Le temps d’un instant, elle a haussé les sourcils, souri avant d’afficher un air de conquérante. Puis, elle a annoncé la couleur avec de simples mots :

« Tu ne me connais pas, mais moi, je sais qui tu es : Crève-cœur. Crois-moi, si tu lui brises le cœur, je te pourchasserais, t’assommerais avant de t’étripais. Et si ça ne suffit pas, je ferais appel à ces deux-là, là-bas pour m’aider. Parce que si tu n’es pas au courant, l’un d’eux est déjà bien remonté contre toi ce soir, et le second, même si c’est un gaffeur, n’est pas en reste. Est-ce que tu comprends ce que je dis mon petit Poulet ? Bien. Au passage, enchantée, je suis Léa. Retiens mon prénom, on risque de se revoir. »

Une folle !


Et si maintenant j’arrive à en rire, je dois dire que le souvenir du regard menaçant de Cole ne m’a pas rassuré du tout. Heureusement, j’ai été sauvé par Éric qui pour une fois était le bienvenu dans une conversation. Mon sauveur ! Un héros ce pote quand il le veut bien et qu’il ne se retourne pas contre moi. Je ricane tout seul, une main tirant sur mes cheveux. Faut vraiment que j’arrête avec cette habitude, je vais en perdre quelques mèches à force. Et je ne suis pas certain que Stella aime les chauves. Merde, qu’est-ce que je dis encore ?


N’importe quoi ! Mais alors… pourquoi cette idée lâche un poids au fond de mon estomac ? Est-ce que j’ai peur de ne pas lui plaire ? Je pourrais ne pas être à la hauteur ? Clairement ! Je ne l’ai pas été la première fois, en quoi aujourd’hui serait différent ? Le calendrier, Ash, ton foutu défi annuel qui se résume à une seule femme cette année… Cassie, Stella, mon étoile. C’est mon objectif.


Et si cette coutume se résume par du sexe et rien d’autre, avec elle, c’est autre chose. Plus fort ? Intense ? Non. C’est évident, comme cette fois-là… quand elle a posé ses fesses en haut des marches du sous-sol et affirmée qu’elle serait ma lumière. Mais ce que je n’avais pas pris en compte à ce moment-là, c’est le seul facteur qui m’a toujours tiré va l’enfer : ma mère. Une vipère qui d’un claquement peut faire s’effondrer le château de cartes. Un château à l’édifice déjà bancal.


Stella était mon pilier et quand j’ai renoncé à elle, mon monde s’est à nouveau assombri. Son départ, non, MA fuite n’était alors que l’arrivée de toute cette tempête. Oh papa… j’aimerais tellement que tu sois ici, malgré tes défauts, tu aurais su quoi me conseiller. A travers, ton air bourru, j’ai toujours su lire ton amour, même s’il était infime, il me suffisait… Mais tu nous as quitté d’un coup d’un seul sans que personne n’y puisse rien.


— Arrête de t’enfoncer dans tes ténèbres, Ash ! Sors de ton lit et bouge-toi le cul ! me rabroué-je.


Un soupir, une légère claque sur les joues et je repousse la couette loin de mon corps. Le froid m’agresse la peau, mes poils se hérissent le long de mon corps. Un frisson remonte dans mon dos et termine de me réveiller. Nu comme un vers, je pose les pieds sur le sol, m’étire vers le haut, me gratte l’arrière du crâne, frotte mes yeux une dernière fois et pousse sur mes jambes pour me lever.


Je ne prends pas la peine de refaire mon lit, et avance vers le dressing qui se dresse à quelques pas devant moi. Je l’ouvre, analyse mes tenues et m’arrête sur un costume taillé sur mesure, un costume dans lequel il est rare de me voir. La raison ? Il s’accompagne d’une cravate d’un bleu translucide, presque gris qui me rappelle Cassie. Un sourire s’élargit sur mes lèvres quand la silhouette fine de la belle s’affiche sous mes rétines.


Une envie, une pulsion m’envahit alors mais je n’ai plus le temps pour ça. En retard, je me dois d’enfiler des vêtements si je veux arriver avant dix heures à mon propre bureau. Je crains ! Directeur et même pas foutu d’être à l’heure. Un mauvais exemple, et pourtant, je me délecte d’avance de la réaction de Cassie, oubliant sans mal qu’elle a dû être forcé de décaler mes rendez-vous.


Un gloussement s’évade d’entre mes lèvres pile au moment où mon portable sonne. Merde ! Elle n’aurait quand même pas averti la cavalerie de mon absence injustifiée ? Si ? Non… Ce n’est pas elle, ni même Vince ou Éric. C’est juste la seule personne à qui le proverbe, « moins je te vois mieux je me porte », colle à merveille. Mon sourire parti aux oubliettes, je décroche en actionnant le haut-parleur, histoire d’enfiler une tenue plus décente.


— Mère, grommelé-je les dents serrés.

— Ashley ! Enfin ! J’ai essayé de t’avoir à ton bureau mais ton incompétente de secrétaire n’a pas voulu transférer mon appel ! Encore une ingénue qui ignore qui je suis ! Heureusement que la réunion à laquelle tu assistes soi-disant ne t’empêche pas de me répondre.

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6 commentaires

Lily Riding

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Il y a 4 ans

tu as bien préparé son arrivée dans l'histoire, mais même sans ça, rien qu'avec sa seule réplique, elle part pas gagnante dans le classement des personnages préférés cette môman ... :)

Sandra MALMERA

-

Il y a 4 ans

Oui, c'est un sacré personnage. :)
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