Sandra MALMERA 24 jours, un chocolat 8. Un cadeau 2/4

8. Un cadeau 2/4

— Alors tu comptes faire quoi maintenant ? m’interroge Vince quand je soupire en remarquant que mon étage se rapproche trop vite.

— Continuer sur ma lancée ? Je suppose que tu avais un plan en tête quand tu m’as fait embaucher. D’ailleurs, ne m’avais-tu pas juré que je ne le croiserais jamais ? J.A.M.A.I.S. Jamais ! On était d’accord sur ça, non ?

— Vous recommencez tous les deux ! ronchonne Éric en posant ses mains sur ses hanches.


Hors de question que je lui explique ce qu’il se trame ici. Et d’après ce que je lis de la réaction de Vince, il est de mon avis. Très bien ! Laissons donc ce gaffeur professionnel mariné. Sinon, je suis certaine qu’il va courir et crier sur les toits qu’il vient de croiser une étoile. Et pas n’importe laquelle. N’est-ce pas Cassie ? Je suis dans la merde… Et ce n’est apparemment pas Vince qui va dire le contraire. Surtout quand sous le ding de l’ascenseur, qui m’est maintenant familier, les portes métalliques s’ouvrent sur le regard courroucé d’Ashley.

Génial ! C’est le pompon !


Je ne dois pas croiser ses émeraudes sinon, je ne pourrais même pas faire un pas devant moi. Alors c’est la tête rentrée dans les épaules que j’amorce mes mouvements. Un, deux, trois pas ! Je suis sauvée ! Et… non. Ash entrave mon bras, crochète mon poignet de sa main et me tire à sa suite sous les visages surpris de ses deux amis. Enfin… Presque ahuris. Puisque j’ai le droit à de magnifiques bras levés de la part de Vince et deux pouces en l’air de celle d’Éric. La belle affaire ! Et le pire, c’est que la seule pensée qui me traverse l’esprit à cet instant, c’est qu’avec Eliott, Éric fait la paire.


Crève-cœur me tire à sa suite sans ménagement. Ses doigts répandent leur chaleur sur mon épiderme, mes poils sur mon avant-bras se hérissent comme s’ils reconnaissaient son contact. En fait, c’est exactement cela. Mon corps entier se souvient de son touché. De sa peau sur la mienne. Pourtant, ça fait tant d’années… N’aurais-je pas dû oublier ? Certainement. Sauf que j’ai préféré ressasser le passé, et m’enfermer dans une bulle de colère. La nourrir jusqu’à ce qu’elle… EXPLOSE !


— Lâche-moi, tout de suite ! Tu m’entends ? hurlé-je alertant par la même occasion toutes les personnes présentent aux alentours. Bravo ! Tu es fier de toi ! Regarde. L’attention est portée sur nous ! Félicitations monsieur Terence, sublime spectacle que vous offrez-là à vos employés ! Quoi ? Oh, je devrais me taire ? C’est bien mal me connaître ! Mais attends… c’est vrai. TU NE ME CONNAIS PLUS !

— Je… je, souffle-t-il sans que je ne lui laisse le temps de poursuivre.

— Allons travailler. J’entends d’ici le téléphone qui m’appelle. Alors, fais un effort et oublie-moi. Tu as réussi à le faire à merveille hier. Continue sur ta lancée, tu veux ?


Je crache mon venin, ne m’arrête qu’une fois que ses doigts me libèrent. Merde ! Mon poignet gauche, évidemment ? Oui. Il a fallu qu’il attrape la seule partie de ma peau sur laquelle se dessine des étoiles… Chienne de vie ! Et foutu destin ! Ce n’est qu’un hasard n’est-ce pas ? Une coïncidence un peu énorme dont je ne dois pas prendre compte. Sinon… Sinon, ça signifie que je suis vraiment la lumière et lui les ténèbres. Mais c’est possible ? Non. Je ne crois pas.


Libérée, je reste tout de même plantée au milieu du couloir, sous les regards curieux, sévères, et surtout jaloux de mes collègues de la gente féminine. Le tout sous le rire joyeux d’Éric, qui se pli en deux quand Ash ose pivoter vers lui. C’est mon signal ! La porte de sortie à travers laquelle je saute. Fonce Cassie ! Le raclement de gorge de Vince est mon feu vert. Ma respiration est saccadée quand je parviens enfin sans encombre ou presque à mon bureau.


D’ailleurs, je décroche de justesse le téléphone. C’est le hall d’accueil, le client Fabre vient pour une visite surprise. De mieux en mieux ! Mon soupir indique à Julie que ce n’est pas le moment, elle s’en excuse mais je lui certifie tout de même que nous allons le recevoir au plus vite. J’entends à sa voix qu’elle en est soulagée. Au moins une qui passe une bonne matinée. Moi ? Je raccroche, note l’info sur un papier et prends le temps d’ôter mon écharpe. Puis, je jette mon manteau sur le dossier de mon fauteuil.


Prenant une minute pour me vider l'esprit, je lisse le volant fluide de ma robe. Le tissu vert sapin est surmonté d’un ruban doré à ma taille. Un fil d’or qui s’enroule et se noue sur le devant de mon corps. Le nœud dans mes cheveux complète lui l’attirail de ma tenue. Un cadeau sur pattes. Une Cassie emballée. Par contre je serais celui qui l’ouvrira, je me méfierais des épines. Merde ! Tu rêves encore que se soit lui… Je suis irrécupérable.


— Quoi ? agressé-je Ash que je remarque planté de l’autre côté de mon bureau.

— C’est pour moi ?

— De ?

— Le papier que tu viens de griffonner ! Il est pour moi, non ? rage Crève-Cœur en pointant le post-it que je viens de raturer.


Quelle idiote !

Et je continue de me donner en spectacle en restant hébétée face à lui. Je marmonne et fini par lui tendre le bout de papier. Ash, lui, tente de croiser mon regard mais je m’oblige à tourner la tête vers l’ordinateur que je viens d’allumer. Je suis une lâche. Je fuis sous le rire cuisant d’Éric qui se délecte de la scène que nous lui offrons Crève-Cœur et moi. Super ! Heureusement que je peux m’appuyer sur Vince qui pousse d’une main ferme le dos d’Ashley.


Une fois le trio de l’autre côté de la paroi, mon cul s’affale dans un bruit sourd sur le moelleux de mon fauteuil. Cette journée s’annonce sous le signe de la tempête. Sérieux, on ne peut pas avoir une journée simple ? Un train-train quotidien, c’est possible ? Cette fois, c’est le silence qui me répond. Une mouche vole, l’étage repart à ses activités. C’est au moins ça de gagné. Même si je suis prête à mettre ma main à couper, que les deux bonnes femmes d’hier vont se donner à cœur joie dans les rumeurs.


— Fais ton boulot, Cassie. Tu réfléchiras plus tard. Évite juste d’énerver Ash et tout ira bien.


Je m’encourage autant que je le peux. Et attends l’aval de Crève-Cœur pour rappeler Julie et faire monter le client dans son bureau. Indication qu’il ne tarde pas à me donner à travers un geste du menton. OK, le message est clair : il est hors de lui ! Oups… J’aurais dû le suivre ? Non, non, non. Je suis concentrée. Mails, téléphone, dossiers en cours. C’est bon, je respire. Cinq minutes suffisent au client à faire son apparition.


Je le salue. L’accompagne à la porte du bureau de mon chef. Le fait entrer sous les visages attentifs des trois compères et me retourne pour les laisser à leurs occupations. Très vite, Vince s’échappe du rendez-vous et me rejoint. Je le sais d’avance, il veut des réponses. Mais sur quoi ? Ma présence ici ? Je ne sais pas l’expliquer. Pourtant au fond, j’ai bien l’intention de rester et de mettre assez d’huile sur le feu pour que Noël prolifère dans ses bureaux de malheur.


— Je suis désolé, souffle enfin Vince.


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4 commentaires

Lily Riding

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Il y a 4 ans

ça va bouillir, incuber, exploser et se régler contre un mur tout ça ;)

Sandra MALMERA

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Il y a 4 ans

Ahah ! Quand même pas ? Ou peut-être que si. 😅

Azalyne Margot (miss Ninn)

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Il y a 4 ans

Sauvée par le client! Mais il y aura une confrontation c est sur! J adore ton histoire!😊

Sandra MALMERA

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Il y a 4 ans

Oui ! De justesse. Merci pour ta lecture et ton commentaire ! :)
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