Fyctia
8. Un Cadeau 1/4
Jeudi 29 novembre — CASSIE
Éric, mon sauveur !
Hier, j’ai cru que je n’allais pas survivre à ma journée. Purée, ce n’était qu’une boule ou deux… Pourquoi il a fallu que je m’attache les cheveux et qu’Ash découvre ma cicatrice ? Merde, merde, merde ! Ce matin est pire que la veille. J’avance à reculons à travers le grand hall, je ne suis pas prête à affronter Crève-Cœur. Pas maintenant qu’il sait. D’ailleurs, sans Éric, je suis presque certaine que ses lèvres auraient pris possession des miennes.
Et… je ne l’aurais même pas repoussé ! Foutu cœur en miettes ! C’est un traitre qui bat plus fort en sa présence. Encore aujourd’hui. Alors quand Éric a débarqué et nous a sorti de notre léthargie. J’ai sauté sur l’occasion pour fuir. Mon nouveau refuge étant, les toilettes pour dames. Une fois de plus. Et bien sûr mon portable en main attrapé au passage, j’ai de suite alerté les trois mousquetaires.
Les messages ont fusé mais ce n’était rien par rapport à l’interrogatoire que j’ai subi en rentrant à la coloc. Un vrai traquenard complété par des cartons et des décorations jetées en vrac dans tout le salon. La couleur était annoncée. Surtout que Cole et Eliott m’ont accueilli le sourire aux lèvres et ont attendu que je range mon fouillis du matin-même avant de leur expliquer la situation. Et quelle situation ! Après l’arrivée d’Éric et mon replis furtif dans les toilettes, je n’ai pas revu Ashley. Mis à part derrière sa porte en verre. Magnifique miroir d’eau derrière lequel il est resté. Comme un planqué !
Un putain de trouillard !
D’ailleurs quand j’y pense… Je suis mal ! Cole a carrément appelé Léa à la rescousse. Et ma meilleure amie va débarquer chez nous ce soir pour la mission sauvetage. Mais ils veulent me sauver de quoi au juste ? Mon passé ? Ce qui est fait est fait, on ne l’effacera pas. Mon présent ? Clairement, il est merdique mais je ne laisserai pas tomber Noël. Surtout si c’est pour le faire vibrer dans le cœur d’Ashley. Ashley ? Bien sûr !
C’est de lui dont il s’agit. Encore et toujours. Tel un fardeau ? Non. Certes, j’ai du mal à le supporter et aussi contradictoire que se soit, mon corps n’arrive pas à lui résister pourtant… Je ne me vois pas renoncer à cette mission que je me suis donnée. Surtout pas quand j’ai un soutien comme celui d’Eliott et celui surprenant d’Éric. Deux gaffeurs pour le prix d’un. J’adorerais les voir ensemble, la conversation en serait que plus explosive et drôle.
Mais pour en revenir à Ash. Le voile de tristesse qui s’est emparé de son regard quand il a compris qui je suis… Il m’a brisé le cœur. Enfin, s’il peut l’être un peu plus. Et sa voix tremblante quand il a prononcé mon surnom, elle m’a transpercé le corps de part en part. Cassie, reprends-toi, hier c’était hier. Aujourd’hui est un autre jour. Et ma petite robe vert sapin que je lisse de mes mains crispées en est la preuve.
Cette fois, pas de boules, juste une petite tenue aux couleurs de l’hiver. Quitte à faire plus sobre pour être plus discrète sans en oublier pour autant mon objectif, autant la jouer simple. Eliott a validé ma tenue en levant ses deux pouces en l’air et se poussant de devant le miroir avant que je ne le bouscule. Et Cole quant à lui, il m’a passé son café au moment de mon entrée dans le séjour. Le message est clair, la tornade d’hier n’a laissé personne tranquille.
Parcourant mon chemin maintenant digne d’une routine, je fonce droit dans l’ascenseur. Je suis perdue dans mes réflexions me demandant ce que me réserve cette nouvelle journée, tout en établissant malgré moi, un plan pour qu’Ash remarque mon petit clin d’œil au célèbre sapin de Noël. Peut-être qu’à présent qu’il sait qui je suis, il pourra me sourire. Juste un petit signe qui pourrait m’indiquer que tout n’est pas perdu.
— Petite sirène !
— Cassie, bonjour.
— Oh bordel ! Non mais sérieux ! Vous vous donnez le mot ? Comment vous faites pour toujours arriver en mode furtif ? Demain, je vous jure que je vais inspecter les alentours avant de monter dans ce fichu truc, grommelé-je entre mes lèvres quand les voix d’Éric et Vince fusent de part et d’autre de mon corps.
J’aurais dû m’en douter, la matinée avait trop bien commencé. Il a fallu que les portes métalliques se ferment sur notre trio. D’un côté le chargé des ressources humaines et de l’ordre notre gaffeur en chef. A nous trois, nous formons une belle brochette. Et si j’en crois le regard moqueur jeté par Éric, je suis prête à passer à la casserole. Merde ! Moi, qui pensais pouvoir échapper à un nouvel interrogatoire, je sens que l’ascension vers mon bureau s’annonce des plus chaotiques.
Je vérifie que mon manteau à la doublure épaisse est bien clos avant de plonger mes yeux dans ceux intrigués de Vince. S’il y en a bien un à qui je préfère donner des réponses, c’est lui. Lui qui dans le passé m’a déjà côtoyé. Lui qui m’impressionne toujours autant de cette prestance naturelle qui se dégage de sa posture droite. Son visage compatissant m’incitant à ouvrir la bouche pour m’excuser de mon manque de politesse et rire nerveusement.
Bravo Cass, la grande classe !
Éric profite de ma gêne pour plaquer son bras sur mon épaule et souffler dans mon oreille. Tandis que Vince, lui, penche la tête pour décrypter le message que je tente sans y parvenir de lui transmettre. Merde ! Je vais devoir prendre la parole devant le Gaffeur. Et si cette conversation remonte plus tard aux oreilles d’Ashley, je pense que ni Vince ni moi, ne feront long feu dans ce monde.
— Il sait, fini-je par murmurer à l’attention de Vince.
— Ça explique donc son humeur d’hier soir.
— Eh ! Vous deux ! Ne parlez pas en langage codé ! Je veux être dans la confidence. Qui sait quoi ? Et d’ailleurs, j’ai interrompu une action des plus intéressantes entre elle et Ash ! Je ne te l’ai pas dit, Vince ? La petite sirène a envoûté notre cher playboy. Un véritable chant de sirène. Putain ! Il va falloir qu’elle me donne la recette pour capturer une proie comme elle l’a fait ! Hein, petite sirène ? Tu me fileras ton TRUC ?
— Ferme-là, Éric, grogne Vince à l’attention de son ami qui sautille à présent, tapant à plusieurs reprises mon épaule.
OK. Il doit abandonner d’urgence cette manie de frapper les gens quand monsieur est enthousiasme. Parce qu’entre mon bras secoué dans tous les sens, et mon épaule meurtrie par ses doigts qui l’enserrent, je suis servie. D’ailleurs, Vince l’ayant remarqué fait lâcher prise à son ami, tout en me demandant si je vais bien. Je vais bien ? Moi ? Non ! Pas du tout ! Ash sait que je suis STELLA !
Confuse, je reste silencieux pendant que Vince calme les ardeurs d’Éric. D’abord doux, puis en haussant le ton voyant que le Gaffeur ne comprend pas le message. Merde ! Ce type va encore mettre son grain de sel dans ma journée et tout foutre en l’air. Pourtant, je me suis jurée d’être sage aujourd’hui. Ma robe cache-cœur en est la preuve. Et le nœud doré que j’ai glissé dans mes cheveux est l’indice final de ma tenue.
Un vrai cadeau vivant !
8 commentaires
Jane Moody
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans