Fyctia
7. Juste une boule 4/4
J’entends le cartilage de ses doigts craquer tandis qu’autour de nous, les corps se rassemblent. Merde alors ! Super journée, Ash… Son coup a fait son effet, ça me fait un mal de chien. Le pire, c’est que son rire qui emplit toute la pièce n’amplifie que plus ma fureur. Dans un grognement incontrôlable, je reprends mes esprits et saute sur un Arnaud de dos.
Nos deux corps se percutent, et tombent dans un bruit sourd sur le sol. Des pieds s’écartent de nous et le cercle se déplace avec nos mouvements. Nous roulons sur le sol lui dessous puis moi. Il tire sur mes cheveux avant de replier sa jambe et me planter son genou dans l’abdomen. J’en reste sonné un instant, puis je me relève. Il veut vraiment la jouer comme ça ? Je hurle à travers la pièce, saute sur lui alors qu’il se redresse.
— C’est tout ce que tu as dans le ventre, fillette !
— Mais putain ! Tu vas arrêter avec ce surnom de merde ! enragé-je.
Ma vue se voile sous un nouveau gloussement de sa part. Il m’énerve ! Et il a profité de mon inattention pour me foncer dessus et me couper le souffle. Je tousse, reprenant tant bien que mal ma respiration. Ma main fourrage mes cheveux déjà bien en vrac, et je grogne de rage. Bordel ! Il a fait le tour de la pièce et est de nouveau à côté du canapé. Il s’amuse de mon visage déformé par la colère. Et l’assemblée semble suivre son humeur. Leurs sourires en biais et leurs regards fuyants sont la preuve qu’ils sont heureux d’être les témoins de notre affrontement.
Il n’y a que Vince qui tente de se mettre en travers de mon chemin et se retrouve la seconde qui suit le cul dans le moelleux des cousins du sofa. Il m’analyse, effaré, me suppliant de mettre fin à cette bataille inutile. Mais la tempête qui m’habite en décide autrement. Surtout quand Arnaud ose ouvrir la bouche une nouvelle fois :
— Ta petite étoile, elle sait que tu peux être une vraie bête enragée ?
— Mais tu vas la boucler, oui ? hurlé-je tout en avançant vers lui.
— Alors quoi ? Tu vas m’empêcher de dire ce que tout le monde pense ici ? Regarde autour de toi ! ASHLEY !
Pas mon putain de prénom ! MERDE !
Je vois rouge. Ma rage m’embrouille carrément l’esprit et dans un moment de folie, ma logique se coupe du monde extérieur. Je n’ai plus de limite. Aucune. Et personne ne pourra m’arrêter. Quand je suis dans cet état, même Vince recule et n’intervient pas. D’ailleurs, son regard paniqué semble chercher un secours ailleurs. Un moyen de s’évader. Mais il n’y en a pas ! Il n’y en aura jamais pour moi ! JAMAIS !
Mes doigts se ferment autour de la bouteille que j’avais abandonné sur la table en bois en face du sofa. Je hurle, m’époumone. La peau de ma pommette qu’Arnaud a frappée me tiraille le visage. Mes mâchoires se contractent et mes dents grincent pour intensifier cette sensation de douleur qui est la mienne. Une souffrance qui apparaît réelle face au monde, un tourment que je m’évertue de cacher chaque jour.
Arnaud se plante devant moi. Dix pas nous séparent. Et alors que ses lèvres s’étirent dans un sourire digne du Joker©, j’arme mon bras. Je prends mon élan et la bouteille fuse dans la pièce sous la respiration retenue de notre public. Mais… mon projectile n’atteint pas sa cible. Putain ! Arnaud a le temps d’esquiver pour mieux s’enfuir sous le bruit du verre qui se brise. Une bouteille qui se fracasse contre le mur au pied de l’escalier qui mène dans cette pièce.
Et c’est la chute…
— Stella.
Je murmure. Puis voyant qu’elle porte la main à son cou, je fonce. Merde ! Non, non, non ! Elle n’a rien, elle ne peut pas être blessée ! Ce n’est pas ce que je voulais. Qu’est-ce qu’elle fait là ? Pourquoi elle me sourit ? Bordel ! Stella, tu arrives encore à être lumineuse alors qu’une bouteille de bière vient de se briser à deux centimètres de ta tête ? Ma respiration est saccagée, elle déraille sous mes pas qui foncent vers elle.
Et quand mon corps emprisonne le sien, je ne peux que crier dans ses oreilles :
— STELLA ! Réponds-moi ! Tu as mal ? C’est ma faute… Stella ? Eh ! MERDE, CASSIE !
— Tu sais que tu es drôlement sexy quand tu t’inquiètes ? murmure-t-elle à mon oreille au moment où je penche la tête pour examiner l’arrière de son oreille.
Elle est sérieuse ? Oui, elle est ! Mais elle est dingue, ma parole. »
A cet instant-là, ses dents étaient venues mordre sa lèvre inférieure comme maintenant. Refaisant surface dans la réalité, je prends conscience qu’elle est ici. Face à moi, entre mes doigts comme à l’époque. Sauf que cette fois, ce n’est pas un morceau de verre planté dans sa peau que je découvre mais plutôt une jolie arabesque blanchâtre. Une cicatrice dont je suis le seul fautif.
J’en dessine le chemin tout en concentrant mon regard dans le sien. Elle cligne plusieurs fois des cils, puis bloque son océan dans mes émeraudes. Sa respiration se cale sur la mienne. Mon cœur, lui, se perds sur une mélodie cacophonique. Son souffle chaud active un sentiment que j’avais oublié au creux de mon ventre. Ses lèvres sont pulpeuses. Et si elle n’arrête pas de les mordre, je me ferais un plaisir de lui faire lâcher prise.
— C’était ma faute, articulé-je en approchant mon visage du sien.
— Tu sais que tu es drôlement sexy quand tu t’inquiètes ? chuchote-t-elle en retour.
Cette fois, son sourire est presque victorieux. Il s’invite jusque sur mes lèvres, et sans que je contrôle vraiment mon geste, mon corps amorce un mouvement vers elle. Je suis penchée au-dessus de son bureau, mon bras libre maintenant le reste de mon buste en suspens, mes doigts toujours en mouvements sur sa peau douce derrière son oreille. Nos souffles se superposent, se complètent.
Merde ! Comment j’ai pu renoncer à ces lèvres ? Mes sourcils se froncent, Cassie n’a esquissé aucun mouvement depuis que ma main s’est posée sur sa peau. Elle n’a pas bougé depuis que je me suis perdu dans mon souvenir. Elle soupire même quand elle capte le pli sur mon front. De son pouce, elle vient appuyer dessus comme pour l’effacer. Cette femme, elle est aussi lumineuse qu’avant. Mais alors… Qu’est-ce que c’est que ce voile qui prend possession de ses yeux, muant le bleu de cristal au gris souris ? Cette teinte qu’elle arbore et qu’elle laissait autrefois apparaître quand la tristesse l’enlaçait.
— Stella…
Je l’observe. Elle ouvre la bouche, la referme. Son pouls palpite sous mes doigts. La confusion l’étouffe presque. Elle l’envahit, jusqu’à ce que mon envie de prendre ses lèvres me quitte pour être remplacée par une blessure déchirante. Nous ne pouvons pas, je ne peux plus lui demander d’être cette étoile qui éloigne mes ténèbres. Pas après ce que je lui ai fait, il y a onze ans. Merde Ash, tu as totalement échoué…
— Ashley, je…
— Eh, petite sirène ! Tu n’aurais pas vu… oh ! MAIS NON !
Bordel, Éric !
Pas maintenant…
8 commentaires
Aby Mery
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans
Azalyne Margot (miss Ninn)
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans
Lily Riding
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans