Fyctia
6. Une étincelle 2/4
— Commençons. Nous avons un panneau publicitaire de plus à charge et j’aimerais voir avec vous les plannings des prochains jours. Le marketing et le graphisme vont devoir coopérer. Pas de mais ! Fabre est un de nos plus gros clients, et l’ouverture de leur Casino est un bonus pour nous. Donc profitons-en, énoncé-je sans détour.
— Bien. Pour le projet avec les galeristes, c’est bon.
— Par contre, nous cherchons encore cet artiste que vous voulez signer pour les décors de l’exposition nocturne en ville. Personne ne semble connaître sa véritable identité. Et même en activant les réseaux, il semble que c’est un fantôme. Une âme errante à travers nos rues, m’annonce mon graphiste.
Génial !
Je pensais qu’au moins cette partie-là du prochain projet serait le plus simple. Sauf que je me trompais. Bien sûr ! Entre ça et la provocatrice qui me sert d’assistante, je suis gâtée. Prenant notes des avancées de chacun et du problème qui est le nôtre concernant cet artiste, je soupire malgré moi. Cette réunion ne fait qu’enfoncer un peu plus mon désir d’évasion. Surtout quand le thème de conclusion de celle-ci s’apparente à Noël.
— Pour le marché de Noël, nous pensions à une animation avec des illustrations de rennes et de lutins…
— Encore ces cons de rennes ! ne puis-je m’empêcher de couper le graphiste.
— Monsieur ?
Après de rapides excuses, nous poursuivons nos mises au point, nos contraintes et l’équipe au complet me fournit les derniers dossiers pour les clients de novembre. Le bilan de ce mois-ci est au beau fixe. L’entreprise roule sur la bonne voie et j’ai l’intention de la porter autant que je le pourrais. Hors de question que De Cœur ne s’incruste une nouvelle fois dans nos papiers ! Surtout quand je sais que Jack, le meilleur ami de mon père a tout donné pour que j’arrive à récupérer cette place.
MA place.
Respire Ash. Pense chocolat. Cassie.
Non, en fait ! Diriger mes idées vers elle ne m’aide pas du tout. Le picotement dans mes doigts en étant la preuve. Elle a gravé sa présence sur ma peau. Une sensation douce, comme la caresse d’une plume. Heureusement que la réunion est à sa fin, j’ai besoin de sortir de cette pièce et de m’enfermer dans mon bureau. Saluant mes employés et les remerciant pour leur travail, je me glisse dans le couloir. Tous disparaissent derrière les portes de l’ascenseur tandis que je m’empresse de prendre la direction opposée.
Mais alors que la porte vitrée ouverte de mon office patiente dans l’attente de mon passage, mon regard me trahit. Il est aimanté, attiré vers les manches relevées de la belle brune concentrée, elle, sur son écran. Et merde ! C’est quoi ça encore ? Sur son poignet qu’elle porte vers sa nuque pour enrouler d’un toc nerveux une mèche autour d’un de ses doigts, je remarque des traits d'ébène.
Opaques, sombres et pourtant lumineux. Ce dessin, je le reconnais. Et mon cœur en souffre, en est presque déchiré, lacéré pour ne battre que plus fort dans un rythme chaotique. M’enlisant dans un souvenir trop… heureux. Un moment dans ma mémoire qui, je le croyais, c’était envolé. Toute cette partie de ma vie sombrant inévitablement dans le néant. Mon souffle est court, et les images m’assomment.
Son visage si rayonnant s’affiche en gros plan dans mon esprit.
Stella.
« Elle me cherche, elle va me trouver !
Depuis plus d’une heure, cette fille qui deux mois auparavant et venue squatter mon verre pendant une soirée, ne fait que me provoquer encore et encore. Aujourd’hui, elle est là, assise sur le canapé du sous-sol, les fesses sur la télécommande de la télévision. Sa mission de la journée ? M’empêcher d’avoir accès à la plateforme de la console ! Mais si elle croit qu’elle peut gagner si facilement, elle se voile la face.
— Stella ! Bouge. Dépêche, ou tu peux renoncer à ton chocolat chaud ! Mama ne nous les descendra pas.
— Quoi ? Tu te caches derrière ta nounou pour ton chantage ? Malory m’adore ! Elle m’en fera un en cachette, s’il le faut.
Elle me nargue, tire la langue comme une gamine de cinq ans. Mais du haut de ses quinze ans, elle n’en est que magnifique. Merde ! Cette fille ne se rend même pas compte de la puissance de sa présence. Elle est électrique et surtout elle a ramené de la lumière dans mon quotidien. Tout ça à cause d’une soirée. Comme quoi, une étincelle peut se cacher n’importe où.
Alors que je m’approche d’elle dans l’intention de récupérer mon bien, au chaud sous son cul rebondi, elle tend son index menaçant vers moi. Non mademoiselle, cette tactique ne fonctionnera pas. Elle va devoir faire mieux si elle veut s’échapper de mon attaque de chatouilles. D’ailleurs son cri, mélange d’effroi et de rire, m’indique que la victoire est à moi.
Le corps de Stella se tortille sous mes assauts. Son haut, un fin débardeur remonte sur son ventre doré, m’offrant une vision sur cette peau délicate que j’aimerais explorer. Merde ! Mes pulsions d’adolescent sont de plus en plus vives. Ce n’est pas mon membre durcit qui dira le contraire, surtout pas quand un halètement involontaire s’évade des lèvres de la brunette sous moi.
Mettant un terme à mes gestes.
— Ashley ? La télécommande, elle est par terre.
— Quoi ?
— Je disais…
— Embrasse-moi ! exigé-je en percutant ses yeux des miens.
Son hoquet de surprise me signifie qu’elle n’était pas prête à cette demande. Elle m’examine puis éclate de rire. OK. Cassie 1 – Ashley 0. Dans tes dents, mec ! Cette fille est vraiment surprenante. Elle ne cherche pas à plonger dans mon lit ni même à profiter de l’argent que mes parents me donnent presque à volonté. Une pépite d’or parmi du granit. Son rire se fane quand elle réalise que je suis sérieux.
Ses sourcils se froncent, elle pose une main sur mon torse et me repousse. Merci, le message était déjà assez clair… Me relevant, je m’installe confortablement. Elle semble hésiter, me regardant en biais avant de se lever pour fureter dans la pièce. A quoi elle joue maintenant ? Je l’observe impuissant, impatient de découvrir ce qu’elle me réserve. Souvent le retour de bâton est drôle à voir. Surtout avec elle comme adversaire.
— Tu fais quoi ? m’impatienté-je tout de même au moment où elle tend la main vers ce qui m’apparaît être une trousse de feutres à peinture.
— Je cherchais un posca© ! Tu vas voir, je suis sûre que tu vas adorer. Tu m’as bien dit que le dessin est une façon d’exprimer ce qu’on ressent, non ? Alors. Montre-moi ce que je suis pour toi.
Son ton est joyeux. Elle me saute d’ailleurs sur les genoux sans délicatesse. Petite vengeance en conséquence de mes actes avant de me tendre la trousse remplit de feutres colorés. Le sourire aux lèvres, elle penche la tête puis dans un élan de tendresse, elle dépose ses lèvres sur ma joue. De cette simple pression, elle fait s’envoler mes doutes et renforce mon envie de sentir sa bouche sur la mienne. Elle glousse en remarquant que je ne bouge plus de peur qu’elle s’évapore.
2 commentaires
Azalyne Margot (miss Ninn)
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans