Fyctia
6. Une étincelle 1/4
Mardi 27 novembre — ASHLEY
Enfin libre !
Fichu dossier Fabre, j’ai cru qu’on n’allait jamais s’en sortir. Surtout à cause d’Éric qui s’est mis en tête de raconter mes agissements à Vince. Tout deux s’amusants par la suite à me regarder en biais et cherchant malgré moi ce qui clochait. Mais rien, bordel ! Ou peut-être est-ce l’arrivée de cette femme ? Elle réveille des souvenirs que j’aurais préférés fuir, des événements que j’ai provoqués, des résultats qui me brûlent encore le cœur dans un brasier ni laissant qu’un amant de cendres et un charbon ardant.
Merde ! Ferme les yeux, respire.
L’étoile, mon étoile n’éloigne plus les ombres depuis bien longtemps. Plus depuis que cette fourbe est attachée à mes filets. Et ce n’est pas demain la veille que je parviendrais à m’en débarrasser. Cette femme est trop agrippée à l’argent pour lâcher sa prise. N’est-ce pas madame Jeanne DE CŒUR ? Vous en avez tué un, le deuxième est assez jeune pour tenir la route pour quelques années…
Je n’en peux plus. Mes épaules me tirent, ma main m’arrache presque la touffe de cheveux que je maintiens entre mes doigts. Ma poitrine se serre meurtrie par ce passé. Ce départ, cette fin. Cet écho lointain et pourtant si prêt. Merde ! J’ai besoin de souffler, sortir, m’aérer l’esprit. Un bon défouloir serait parfait. Je connais d’ailleurs le moyen idéal. La baise ! Mais… aussi étrange que cela puisse paraître, un seul prénom s’encre sur mes paupières closes. Cassie.
— Ash…
Ce murmure… Je l’ai entendu, perçu plus d’une fois dans mon esprit sans pour autant avoir sa présence face à moi. Mais elle n’est pas là. Celle qui prononçait mon prénom avec douceur, inquiétude même et qui parvenait à tout moment à me faire revenir sur terre. Calmer mes coups de chauds. Être ma boussole dans le brouillard qu’était ma vie à cette époque. D’ailleurs… ne serait-il pas plus opaque aujourd’hui ?
Pesant au-dessus de moi, tels les fils d’une marionnette en action. Purée ! Pourquoi j’en suis revenu à mes tourments ? N’étais-je pas sensé me concentrer sur mon assistance ? Vince en est persuadé, elle doit devenir mon chocolat pour Noël. Et Éric semble de cet avis. Accord rare entre les deux dont je devrais profiter. Qui sait ? Demain, ils se disputeront encore sur un sujet comme la couleur de cheveux des femmes.
Les doigts toujours crispaient à mes cheveux, je sens mon bras trembler. D’ailleurs, les secousses ne s’arrêtent pas à celui-ci glissent pour s’emparer de tout mon corps. Un frisson les accompagne et termine son chemin le long de ma nuque. Le picotement que je ressens me glace le sang. C’est comme si… Comme si mon être se rappelait de ces sensations. A la fois perturbantes et exquises. Seule, une personne parvenait à provoquer de telles contradictions chez moi.
— Ashley !
— Stella.
— Quoi ? Non ! Je suis… je suis Cassie. Personne d’autre. Juste Cassie.
La voix confuse qui me répond me ramène à la réalité. Mes yeux s’ouvrent et sont happés par les prunelles crystallines de mon assistante. Elle m’apparaît comme stressée, presque choquée. Ses traits sont figés dans une moue perplexe. Elle m’observe, détaille mon visage avant de reprendre une posture droite. Quoi ? Qu’ai-je dit ? Mes lèvres se serrent et d’un mouvement instinctif, je ne peux m’empêcher de mordiller la chair inférieure de celles-ci.
Mais merde !
Elle répète mes gestes. M’offrant sans le vouloir un spectacle des plus excitants. Sa lèvre charnue coincée entre ses dents, son regard lui s’évadant dans le mien. Je ne me contrôle plus. Mon corps agit sans mon accord. Pousse mon fauteuil loin de mon bureau, se redresse, avance de quelques pas. Mon buste se poste à cinq centimètres de Cassie. Elle ne recule pas. Ne bouge pas, dans l’attente de mes actions.
Mon pouce se mouve et caresse avec délicatesse la peau sensible qu’elle mord. Son souffle chaud à l’effet d’un baiser sur mon épiderme. Notre rapprochement, comme une évidence, me transporte dans une bulle de réconfort et d’… Non ! Ash qu’est-ce que tu fais ? Une lueur étrange transperce son océan limpide quand je me détache d’elle et que la connexion entre nous n’est plus palpable, mon bras retombant dans un bruit sec contre ma hanche.
— Ta réunion. Le marketing et le graphiste patientent dans la salle à côté depuis… En fait, ça fait plus de dix minutes maintenant.
— Quoi ? Pourquoi tu ne m’as pas prévenu plus tôt ? Bonjour la crise de nerfs !
— Tu ne répondais pas ! me répond-elle avec assurance.
— Ah non ?
Sa tête part de gauche à droite. Ses poings se crispent. Son assurance de toute à l’heure a disparue. Il lui faut plusieurs secondes avant d’oser hausser les épaules et me contourner pour attraper le dossier Fuchsia encore poser sur mon bureau. Merde ! Le client… les papiers auraient dû partir en fin de matinée. Mais, j’ai perdu la notion du temps. Ressassant mes cauchemars. Un peu de douceur, c’est trop demander ?
Juste une étincelle de lumière pour éloigner les ombres un instant ?
Une chaleur comme… celle-ci ! Encore dans la vague de mes pensées, ma main réagit au touché des doigts de Cassie. Pourquoi ? Elle me rassure tout en m’évitant. Me contourne pour mieux me saisir d’une émotion, d’une envie puissante de la prendre dans mes bras alors qu’elle ne fait que frôler ma peau de mon coude à mon poignet. Mince ! Cette femme est unique. Et ce n’est pas le membre planquait entre mes jambes qui dira le contraire.
— La réunion, Ash, murmure-t-elle d’un ton aguicheur en quittant mon bureau.
C’est quoi ce bordel ? La sensation de bien-être qu’elle a fait apparaître s’échappe. Ma respiration reprend un rythme normal alors qu’elle s’installe et s’active à ses occupations. Le téléphone hurlant sa sonnerie jusqu’à mes oreilles. OK. Je ne comprends rien à ce qui vient de se passer. Mais je manque de temps pour m’attarder plus longtemps. Elle a bien dit que l’équipe m’attend ?
Reprenant du poil de la bête, je me secoue et fonce vers la salle de réunion. Des hurlements s’en échappent alors que j’en approche. Je sens que le mauvais quart d’heure qui m’attend ne va pas être de tout repos. Ils sont épuisants. Mais chose surprenante, leurs paroles se taisent quand la porte se ferme dans mon dos. Sauvé ! C’est au moins ça de gagner. Ma tête n’est que trop chargée en interrogations pour qu’à cela s’ajoute une querelle de services.
9 commentaires
Azalyne Margot (miss Ninn)
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans