Fyctia
5. De magie ? 2/3
— Mes parents m’ont appris qu’un sourire peut parfois apporter de la lumière aux gens.
— Et si je ne connais que les ombres ?
Décidément, il ne sait pas échanger.
Mais je lis dans sa question une sincérité qui me déconcerte. Comment est-ce possible ? Ses doigts frôlent les miens en reprenant son bien. Il avale plusieurs gorgées de ce qui semble être, à présent, NOTRE boisson. Puis, il dépose notre verre sur la marche juste en-dessous de nous avant de tourner une nouvelle fois son visage vers le mien. Il se penche un peu, me scrute avant de hausser les sourcils dans l’attente de ma réponse.
Et sous l’impulsion du moment.
Alors que je ne le connais pas encore. Ni lui ni même son prénom.
J’ose avancer des mots comme une évidence :
— Alors je serais l’étoile qui brille dans la nuit.
— Ma Stella… »
Ash avait murmuré à cet instant-là, mais je le savais déjà, ce surnom allait rester le mien. Et c’est ce qui est arrivé. Il en est même inscrit à l’encre sur ma peau. Incrusté à jamais. Un frisson nait de mon poignet et remonte le long de mon bras. Ce souvenir est l’un de mes préférés, il est le commencement de notre aventure. Nous étions encore innocents. Et j’étais bien naïve de croire que cette mission serait facile.
J’étais persuadée d’être cette étoile qui le guiderait. Une étincelle qui avait réussi malgré l’obscurité à faire apparaître un sourire sur ses lèvres. C’était un adolescent bien différent de moi à l’époque et je me rends compte en l’observant maintenant alors que nous sommes séparés par une porte en verre, que les ombres l’ont rattrapées et engloutis tout entier. Et même si j’ai cette envie folle de l’amener à nouveau vers la lumière en lui rendant Noël plus agréable, je doute de parvenir à ranimer le feu qui nous lié. Cette évidence a laquelle j’avais cru aurait-elle vraiment disparue ?
*
ASHLEY
Cette matinée est de plus en plus étrange. Qu’est-ce qu’il m’a pris ? Sur ma main, je sens encore la chaleur de son visage, les contours de sa joue qui s’incrustent dans ma mémoire. Qui se réveille presque. Comme si je la reconnaissais. Elle était si belle à cet instant, comme dans mon souvenir. Mais… C’est impossible, cette fille ne peut pas revenir dans ma vie. Elle n’a rien à voir avec MA Cassie. N’est-ce pas ?
Bien qu’en y réfléchissant…
Elles ont le même prénom, le même regard, la même présence… à la fois innocente et fougueuse. Non. Stella a disparu de ma vie le jour où je l’en ai rayé. Sans retour en arrière. Sans une hésitation. Tranchant avant que les ombres ne l’attrapent elle aussi. Alors, je ne peux pas croire qu’elle soit face à moi. Pas après quoi… onze ans ? Ou peut-être même moins que ça.
De retour dans mon bureau, je me précipite vers mon fauteuil sous l’attention suspicieuse de mon ami. Je m’attends à tout de la part d’Éric. Quand ma tasse claque sur le bois du meuble, je ne peux qu’accueillir ses réflexions en acquiesçant. Qu’est-ce qu’il vient de se passer ? Je l’ignore. Pourquoi cette femme semble différente ? Surement parce qu’elle me résiste. Après tout, elle n’a pas succombé à mon charme au premier regard.
Loin de là.
— Ash ? Tu m’écoutes ou la petite sirène t’as piégé sous son chant mélodieux ? se moque mon ami dans une tentative de me dérider.
Mais mes doigts restent en suspension au-dessus de mon clavier. Mon regard se perdant sans cesse vers la personne qui se cache de l’autre côté de la paroi de verre. Et ce que je lis d’elle me percute de plein fouet. Oublié les traces de larmes, elle semble arborer un sourire envoutant. Cette femme m’étonne. Elle vient de passer de l’ombre à la lumière en trente seconde, là où moi, je ne parviens pas à ouvrir la porte pour faire entrer ne serait-ce qu’une étincelle.
— Son chant ? Fais-moi rire, à part les musiques crachées par son truc en laine, je n’ai rien entendu de très enchanteur.
— Te fou pas de moi, Ash. Je vous ai observé tous les deux. Et je ne suis pas certain de savoir qui des deux et le plus à même de séduire l’autre, énonce Éric en prenant son sérieux.
— Tu doutes de mes capacités ?
Ma question est certes posée sur un ton froid mais je sens qu’Éric n’est pas dupe. Cette femme représente un vrai défi pour mon calendrier. Et lui comme moi, nous en sommes conscient. Ce doit d’ailleurs être pour cette raison que sans que je ne puisse rien y faire, il attrape le combiné du téléphone posé entre nous. Et demande à Cassie de convoquer Vince dans mon bureau pour une réunion de crise.
Soucieuse, je l’examine plisser le nez. Petite fouine. Stella avait la même habitude quand un élément l’a contrarié. Je me souviens de cette fois… Ash, reprends-toi ! L’étoile ne brille plus pour moi. C’est certainement de ma faute puisque je l’ai fait tomber de ciel et s’éclater en poussière. La chute a été fatale, brutale et surtout elle a brisé plus d’un cœur.
Merde ! Respire, bois ton chocolat.
Le chocolat chaud… c’était aussi notre petit rituel. La manie du goûter quand on était en vacances. Les fameux voisins inséparables. Moi dans la demeure au fond de la rue, et elle dans la maisonnette quelques bâtisses plus loin. Deux ans ont suffi pour que la lumière me réchauffe et me quitte du jour au lendemain. Aujourd’hui, tout me paraît froid, terne, lugubre comme lors de cette soirée terrible.
MON cauchemar.
Un frisson d’horreur me transperce. Une larme incontrôlable l’accompagne. Putain… Pas maintenant ! J’essuie ma joue à la hâte dans l’espoir qu’Éric n’ait rien remarqué. Mais bien sûr, c’est sans compter sur l’arrivée de Vince, qui lui n’a pas loupé mon manège. Ni lui ni… Cassie. Ses yeux cristallins se plongent dans les miens et son nez fin qui frémit, parvient à calmer mes pensées. Comment ?
Je n’ai pas le temps de me poser plus de questions que déjà Vince s’installe aux côtés d’Éric. Mes deux meilleurs amis forment à présent le conseil de l’état d’alerte niveau un. Ma traitresse de larme étant la seule fautive à leurs airs compatissants. Cependant, je n’ai pas l’intention de les laisser gagner cette bataille. Je vais bien. Et j’ai la solution parfaite pour faire disparaître ce sentiment qui me poignarde la poitrine. Actionner la cinquième vitesse et jouer de mes atouts pour obtenir la première case de mon calendrier.
— La petite sirène envoûte notre séducteur en chef, ironise Éric.
— Qui ?
— C’est le nouveau surnom que notre gaffeur professionnel vient d’attribuer à mon assistante. Mignon, tu ne trouves pas ? demandé-je à Vince pour répondre à son interrogation.
Sauf qu’il ne semble pas convaincue par mes paroles. Mais merde ! On est dans mon entreprise, sur nos heures de boulot. Et au lieu de nous préoccuper de notre dossier urgent, je le rappelle, nous sommes perdus dans une « réunion de crise ». Assemblée revendiquée par Éric sous prétexte de… De quoi, d’ailleurs ? Qu’est-ce qu’il me reproche ?
10 commentaires
Luna_Dagird
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans
Azalyne Margot (miss Ninn)
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans