Sandra MALMERA 24 jours, un chocolat 5. De magie ? 1/3

5. De magie ? 1/3

Mardi 27 novembreCASSIE


Ses yeux…

Encore et toujours ce même regard que je connais comme s’il m’avait quitté hier. D’accord, dans un sens c’est le cas. Mais je ne parle pas de « hier » comme de la veille mais plutôt comme d’un passé lointain. Un souvenir à la fois chaleureux et douloureux. D’ailleurs pourquoi il revient sur ses pas ? En penchant la tête vers lui, je ne peux m’empêcher de replonger dans ses iris d’émeraudes. Et sans m’en rendre compte, je cherche ses paillettes d’or que j’avais l’habitude de compter.


— Bordel…

— Quel accueil, merci, ironise Ashley en s’arrêtant devant mon office. J’ai oublié ceci.


Son doigt pointe la tasse et le plateau errant à mes côtés. Je ne les avais même pas remarqués trop absorbée dans la dégustation de mon chocolat chaud. Celui qu’il m’a préparé en suivant les étapes de notre rituel d’antan. Merde… Cass ne craque pas. Certes, il adore cette boisson et y ajouter du lait de la manière dont je lui ai montré. Mais ça ne signifie pas pour autant qu’il se souvient de moi.


Aucun mot ne sort de ma bouche. Pourtant, je devrais au moins le remercier pour la tasse qu’il m’a apporté, je crois. Mais je n’y parviens pas. Toujours chamboulée par le souvenir de plus tôt. Décidément, mon cœur est encore bien trop attaché à lui et notre histoire commune. Ash n’a pas encore récupéré sa tasse m’examinant sous toutes les coutures. Et au lieu de serrer les doigts autour de sa boisson, il atteint ma joue et en dessine les contours.


Surprise par la sensation de bien-être. Ma peau s’appuie contre sa paume. Tout mon corps reconnait sa présence, sa chaleur et sa douceur. Il me réconforte à sa façon. Fragile, hésitant. Exactement comme avant… Mais cet avant n’existe plus depuis longtemps. Alors une seconde de plus me suffit pour prendre conscience de mon lâcher prise. Et dans un mouvement de recul, qui entraîne me chaise avec moi, je percute les étagères métalliques dans mon dos.

Il semble perdu.


Oh, Ashley…

Non ! Cassie ! Pendant que je me mets une claque invisible, Ash reprend vie. Son expression accueillante se ferme pour figer ses traits derrière un masque de marbre. Bien joué ! Sa carapace fixait sur son dos, son bras retombe contre sa hanche. Cet homme met ma tête et mon cœur dans tous leurs états. Dans quoi je me suis encore fourré ? Rassurée de le voir faire un pas en arrière, je me réinstalle à mon post tout en lui soufflant une phrase.


— Tu…

— Tu n’as vraiment rien d’autre que cette horreur ? me demande Ash en me coupant la parole.


Quoi ? Mais qu’est-ce qu’il a ce matin ? Une mouche l’a piquée ? Il grimace, alors que je me contente de lever les yeux au ciel. Merci Eliott pour ta fabuleuse idée. Maintenant Crève-Cœur est bloqué sur ce fichu renne au nez rouge. Il l’observe, le contemple et me surprend même quand il en pince le pompon. Merde alors ! Il a vraiment un grain. Et bien sûr, il faut que le lainage joue cette antiquité qu’est étoile des neiges.

Magnifique !


— C’est de mieux en mieux. Sérieux…

— Oui ? l’interrogé-je innocente.

— Demain essaies de faire plus discret. Et… je suis désolé pour ma réaction. Bon. Mon chocolat.


Je rêve ? Je me pince le bras pour vérifier. Aïe ! Non, je suis réveillée. Ash vient de s’excuser ? D’hésiter ? De déposer les armes face à Rodolf le renne ? Victoire ! Alors qu’il tourne les talons, je me lève en balançant les bras en l’air dans une danse ridicule, mais qui célèbre mon premier pas dans ma mission. Un point pour Cassie ! Je suis très vite stoppée dans mes mouvements informes quand je remarque qu’il a arrêté ses pas.

Merde !


— Je vous préfère avec le sourire, mademoiselle Bellarke. Vous n’en êtes que bien plus rayonnante, comme une étoile.


Effacé le tutoiement. Bienvenue à toi, Vouvoiement.

La chute est brutale. Pourquoi ? Je vérifie mon poignet, le tissu est toujours en place. Le dessin aux traits noirs encore couvert. Alors… Impossible. Mes fesses s’enfoncent dans le moelleux de mon fauteuil, je suis abasourdie par sa comparaison. Cette analogie, il la faisait déjà AVANT. Je frotte de mon index les reliefs du tatouage gravé sur ma peau. Ce geste amorce une décharge contre mon cœur en miettes. Un rappel que cette histoire, NOTRE histoire a volé en éclats, il y a onze ans.


Mais à cet instant, ce n’est pas la fin qui s’invite dans ma tête. Non, la poussière d’étoiles qui emplit ma poitrine en a décidé autrement. Me ramenant à l’année de mes quinze ans, à la soirée d’intégration des secondes. Je me rappelle avoir enfiler une robe pailletée d’argent qui affinait ma silhouette tout en mettant en valeur mes atouts sans être vulgaire. De mes bottines à talons, et de la pochette qui terminait le look.

Mes cheveux lâchés et bouclés.


Et Eliott qui avait promis de m’accompagner jusqu’au bout de la soirée. Sauf qu’il n’a pas tenu sa promesse, m’abandonnant au bout d’une heure pour rejoindre Cole et le reste des premières. Je l’avais compris à ce moment-là. C’est plus drôle de passer la soirée avec sa bande qu’avec la petite seconde qui vient de débarquer. Et d’ailleurs, il m’avait assez fait faire le tour pour que je puisse m’intégrer.


Pourtant, je me suis vite lassée. Observant avec dégoût les couples qui se bécotaient à tous les coins de ce sous-sol aménagé. Celui d’un voisin. Tant mieux ! De cette façon, je pouvais sans mal m’éclipser pour rentrer chez moi. Et c’était mon intention. Jusqu’à… LUI. Il était seul. Assit sur la dernière marche, tout en haut. Dominant la pièce et bloquant ainsi le passage vers la sortie.


Une bouteille à sa gauche, les bras croisés sur ses genoux. Sur le coup, je me suis sentie triste, tiraillée à l’idée de voir ce garçon isolé du monde. Mais ce qui m’a le plus chamboulé, c’est son regard quand il s’est posé sur moi. Ce vide que j’y ai trouvé. Un néant au cœur d’une pierre si précieuse. Fendu, terne et presque… sale. Deux émeraudes dont l’éclat avait disparu. Avec pour unique témoin d’un bonheur passé des tâches d’or. Oubliées-là, tel un souvenir d’une vie antérieure heureuse.

Alors… je n’ai pas résisté.

J’ai mis les deux pieds dans le plat.


« Pourquoi tu es triste ?

— Pourquoi tu souris ? me répond-il irrité.


OK. Vive l’accueil.

Je ricane en le voyant souffler et passer une main dans ses cheveux pour les tirer en arrière. Mince, il est canon ! Son regard se plante dans le mien alors que je le pousse pour prendre place à ses côtés. Quitte à faire ma curieuse, miss CASSIE en puissance, autant le jouer à fond. Je lui montre son verre, il me le donne. Génial, il n’est pas bavard mais partageur.


Je bois une gorgée, m’étrangle avec cette boisson arrosée d’alcool. La grande classe ! Puis, je réitère ma manœuvre appréciant cette fois les saveurs de ce mélange que je découvre. Plongeant le nez dans le verre, j’essaie de reconnaître les ingrédients de cette potion avant de me souvenir qu’il m’a posé une question. Enfin, il a plutôt répondu à la mienne par une autre mais je me prends au jeu.


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16 commentaires

Luna_Dagird

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Il y a 4 ans

Encore une partie incroyable. Je les lis super vite et je m'éclate. Je m'attache vraiment de plus en plus à Cassie et à Ash, que je trouve touchant même sans savoir son histoire. Je veux trop lui faire un câliiin :c

Sandra MALMERA

-

Il y a 4 ans

Merci ! En plus de me faire rire avec tes commentaires, tu me fais plaisir avec celui-ci. Contente de voir que Cassie et Ash arrivent à te plaire. J'ai hâte de voir tes avis sur la suite. :) Il va en avoir besoin des câlins...

Azalyne Margot (miss Ninn)

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Il y a 4 ans

ah! on en connait enfin un peu plus sur leur passé!

Sandra MALMERA

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Il y a 4 ans

Juste un peu. Et ce n'est pas fini. :)
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