Sandra MALMERA 24 jours, un chocolat 4. Un soupçon 3/4

4. Un soupçon 3/4

Non. Et elle semble même courir à toute vitesse vers un endroit interdit aux hommes. Les toilettes pour dames. Mais merde ! C’est moi qui suis dans tous mes états à présent. Les tremblements de mes mains en sont la preuve. Pourtant, en fouillant dans la vision d’elle que je viens d’avoir, je remarque un détail qui me laisse perplexe. Elle pleurait ? Pourquoi ? J’aurais été plus violent que ce que je pense ?

Merde.


— Ash, mon vieux, reprend-toi. Ce n’est qu’un pull. Rien de plus. Tu peux survivre à ce machin.


J’essaie de me rassurer comme je peux. Passant inévitablement mes doigts dans mes cheveux et les tirant plus fort que d’habitude. Aïe. D’accord. Ce n’est pas un rêve et je suis bien réveillé. Mes sourcils se froncent alors que je regarde le dessus de mon bureau. Le dossier Fabre est à présent éparpillé en vrac. Des feuilles jonchent aussi bien mon clavier que le sol. Super ! Encore une perte de temps dont je me serais bien passé. Mais courage. La matinée n’en est qu’à ses débuts.


Dans des mouvements robotiques, saccadés et surtout l’esprit embrumé par les questions, je m’active à ramasser le bazar que j’ai mis. Me redressant satisfait, je jette un nouveau coup d’œil vers le bureau de Cassie. Toujours absente. J’avoue, cette fois, je commence à m’inquiéter. Qu'ai-je fais de si terrible ? Hurler. Oui. L’attraper avec violence par les bras. Aussi. Perdre la notion de la réalité. Totalement.

Bon… J’ai compris, j’ai merdé.


Espérons toutefois que cela ne la fasse pas fuir plus loin que dans les toilettes. J’ai... l’entreprise ne peut pas se permettre la perte d’une nouvelle recrue. Et… je n’ai pas envie de laisser partir mon chocolat si vite. Encore cinq minutes et si elle n’est toujours pas à sa place, j’irais la chercher. Voir si je peux… Merde, c’est dur à sortir ! M’excuser de mon comportement envers elle.

Essayons de rester zen. Je lui donne encore trois minutes et si elle n’est pas revenue après ce lapse de temps alors, j’irais la chercher. Quitte à pénétrer dans ce lieu interdit. Remarque, braver les règles de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Mec, garde ton sérieux ! Tu la veux dans ton lit, certes, mais ici ce n’est pas le bon endroit. Un regard vers son bureau, elle n’est toujours pas là. Quelle heure il est ?


Neuf heures.

Bien ! Une heure que la journée a débuté et j’ai déjà foutu la trouille à celle qui occupe ma tête depuis hier. Génial, c’est un démarrage en fanfare comme on dit. Ou plutôt une chute dans la mare aux canards avec toute l’élégance qui l’accompagne. Soupir. Encore deux minutes. Et si… Non, c’est trop banal. Bancal, même je dirais. Alors pourquoi je me bouge pour foncer sur la machine à café qui occupe la salle de pause ? J’entre, examine les deux employées qui semblent trainer plutôt que travailler. Les agresse d’un regard accusateur et accélère le rythme.


Mes mouvements se stoppent devant des placards que je n’ouvre que trop peu. La porte de droite ou celle de gauche ? Peu importe ! J’arrache presque les deux, trouvant dans la première deux tasses et dans la seconde les dosettes du café. Mais qu’est-ce que je fous ? Qu’est-ce que Cassie pourrait bien boire ? Sans plus réfléchir mes doigts s’activent. Tel un réflex, ils plongent dans une boite, place la portion de boisson dans la machine et l’enclenche.

Du chocolat chaud.

Stella…


— Du lait !


Mon éclair de lumière arrive à réveiller les deux demoiselles dans la pièce qui s’empressent de terminer leur conversation et fuir la salle. Décidément… Ce matin, je dois avoir la peste. Ou faire peur. Un énième soupir m’échappe alors que je trouve une brique de lait juste entamée. Sauvé ! Je le verse en même temps que le chocolat termine sa chute dans la petite tasse, créant ainsi un léger nuage de crème sur le dessus de la boisson.

Magnifique !


Il manque juste un détail. Me tournant vers la table autour de laquelle les deux femmes étaient installées, je remarque l’objet qu’il me faut. Deux biscuits cigarettes enrobés d’un nappage blanc et noir. Les pailles parfaites pour ce genre de délice. Hop ! C’est prêt ! Poursuivant mes gestes, perdu dans des mouvements machinaux presque oubliés, je me prends au jeu. Préparant une deuxième tasse identique à la première.


— Ash ? Tu fabriques quoi ?

— Putain ! Mais tu es malade ! Tu veux quoi ?


L’intervention d’Éric me surprend. Et le sourire qui s’était dessiné sur mes lèvres au fur et à mesure de ma préparation s’efface. Penaud, j’observe mon chef-d’œuvre prenant enfin conscience du résultat. Non ! Ce n’est pas… Et merde ! Pourquoi il a fallu que j’ai cette idée débile ? J’avais vraiment l’intention de réconforter mon assistante avec un chocolat chaud ? CE chocolat chaud là ?


— J’ai préparé du chocolat ? annoncé-je en haussant les épaules.

— OK. Mais pourquoi deux tasses ?

— J’ai peut-être involontairement foutu la trouille à Bellarke. Je pensais que ça la calmerait. Elle est partie s’enfermer dans les chiottes. La grande classe.

— Mince, Ash ! Tu y vas fort ! C’est quoi ? Son deuxième jour. Félicitations, je te décerne la médaille du pire patron ! Sérieux… Faut que tu me racontes ce que tu lui as fait à la petite sirène.


Éric dans toute sa splendeur ! Mais si je lui avoue que c’est à cause d’une histoire de pull de Noël, il va encore plus rire. D’ailleurs, il est déjà hilare de me voir dans la salle de pause, les mains installant les deux tasses sur un plateau pour les rapporter à mon bureau. Autant la lui amener maintenant qu’elle est prête. J’attends un instant, le temps que mon ami se calme, puis je lui demande ce qu’il me veut. Sa présence à cet étage n’est jamais bon signe, surtout un mardi matin.


— Il me faut le dossier Fabre. On doit le clôturer avant midi. Et les fichiers de la compta sont loin d’être prêt à l’envoi.

— Génial ! Suis-moi. Le dossier complet est sur mon bureau.


Mon meilleur ami se décale, et je sors avec prudence le plateau en mains. Je suis chanceux. Pour une fois, il n’a pas insisté sur ce que je trafique. Mais, je suis certain que je ne perds rien pour attendre. Surtout quand je sens son regard curieux peser sur mes épaules. Et merde ! Le retour vers mon bureau est silencieux, pesant même. Pourtant, il me permet de respirer, calmer les dernières traces de fureur créées par l’apparition de la jolie Cassie en pull ridicule.

D’ailleurs en pensant au loup…


L’aperçu de ce pompon carmin et de ce renne en laine me sort de nouveau de mes gonds. Cependant, j’essaie de contenir ma colère. Le plateau me servant de rempart entre ce truc moche et mon envie de lui arracher sur le champ. Elle est nue sous ce pull ? Cette interrogation a le don magique d’apaiser ma conscience insérant à la place une envie irrésistible de sentir sous mes doits la peau hâlée de la jeune femme qui se tient à présent assise en face de moi.


— Oh ! Je comprends mieux !

— Quoi ? grogné-je quand Éric s’arrête pour nous examiner Cassie et moi à tour de rôle.


Je m’attendais à ce qu’il se contente de cette remarque.

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13 commentaires

Noupi2006

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Il y a 4 ans

J'attends la suite avec impatience! C'est enlevé, on ne s'ennuie pas, bravo Sandra 💜 !

Sandra MALMERA

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Il y a 4 ans

Merci beaucoup ! :)

Azalyne Margot (miss Ninn)

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Il y a 4 ans

est ce qu'i aura le courage de lui présenter ses excuses? et lui offrir le chocolat-chaud de la paix??? oh!!! je veux la suite stp!

Sandra MALMERA

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Il y a 4 ans

Ah ça... la suite dimanche normalement. 😊
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