Sandra MALMERA 24 jours, un chocolat 4. Un soupçon 2/4

4. Un soupçon 2/4

Peut-être en fait. Surtout quand ton cauchemar de toujours se lève pour contourner son bureau et arracher le dossier que tu tenais encore. Merde ! Je suis allée trop loin ? Quand même pas. Ash est pourtant face à moi, la chemise rose valse sur le clavier de son ordinateur et ses mains viennent entourer mes bras. Ses doigts tremblent au-dessus du pull en laine. Provoquant en moi un sentiment d’inconfort suivi d’une envie de l’enlacer avec force.

Non ! Il t’a brisé le cœur !


— Je ne veux plus jamais revoir cette chose sur vous, murmure Ashley entre ses dents.

— Pourquoi ?

— Pourquoi…


Il ne me répond pas, murmure un écho de ma question. La tristesse voile son visage si près du mien. Merde… Je n’aurais pas dû. Mais je suis certaine de mon choix, je veux qu’il regagne cette étincelle de lumière dans sa vie. Et puis Noël, le réveillon, son anniversaire, c’est important. Il doit retrouver la magie qui l’habité quand je l’ai connu. Juste pour effacer ce mal qui semble le ronger. Mais pourquoi, moi, j’y suis autant sensible ?


Là n’est pas la question !

Ses doigts me perturbent. Encore autour de mes bras, ils s’animent. Se détendent pour bientôt dessiner des cercles. Ce sont des gestes involontaires, presque instinctifs. Et j’y suis réceptive, je me prends à vouloir faire durer l’instant, fermant les paupières. Sauf que je suis vite rattrapée par la réalité. C’est ASH ! Je ne peux pas le laisser empiéter sur mon espace vital. Pas au boulot, pas maintenant, plus jamais… Il ne me fera plus souffrir.


— Lâche-moi ! hurlé-je dans une tentative d’éloignement.


Mon cri le surprend. Le déstabilise. Il n’avait pas conscience du mouvement de ses mains. Moi, c’était tout le contraire, sa présence était trop pesante et… agréable ? Non. Impossible. D’un pas, je recule, m’écarte de la chaleur du corps d’Ashley. Cet homme qui mesure une tête de plus que moi, m’apparaît comme perdu. Il scrute le blanc de mes yeux, cherchant une réponse que je ne suis pas prête à lui donner.


Pour le moment, il ne sait pas qui je suis. Ne semble pas s’en rappeler. Et c’est tout à mon avantage. Sans plus tergiverser, je lui annonce que s’il a besoin d’autre chose je serais à côté, puis je quitte cet espace aussi vite que je le peux. J’ai l’impression que mes mouvements se répètent. N’est-ce pas aussi à toute vitesse que j’ai quitté les lieux, hier ? Je crois. En revanche, la situation n’est pas la même.


— Merci.


C’est le seul mot qui sort de sa bouche alors que je passe l’encadrement de sa porte. Me retournant, je le trouve pantois encore debout au centre de la pièce. Oh ! Alors il n’y a pas que moi que cette entrevue a perturbée. Idiote ! Bien sûr que lui aussi est ébranlé. Qu’est-ce qu’elle lui a fait, à la fin ? Cette vieille folle… Son souvenir s’imprègne dans ma rétine et ma respiration se coupe quand je pose mon derrière dans mon fauteuil.

La main sur la poitrine, j’essaie de reprendre mon souffle mais c’est peine perdue. Un flash du passé refait surface me ramenant malgré moi, neuf ans en arrière.


« Vous pensiez vraiment que mon fils resterait avec vous ? Pauvre chose fragile ! Une roturière qui plus est. Faites-moi rire ! Mon fils n’a pas besoin d’une fille comme vous dans sa vie. Il a bien fait de se débarrasser de son jouet du moment. Il en trouvera bien d’autre des comme vous. Belles, jeunes, naïves. Il en brisera d’autre des cœurs. Alors rentrez chez vous. Vous me faites pitié. Du vent ! »


Putain ! Mon portable vite !

Je fouille comme une folle dans mon sac. Attrape mon smartphone, regarde à travers la porte vitrée. Il est toujours debout au milieu de la pièce, une main tirant avec force ses cheveux, le regard dans le vide. Mais je ne peux pas rester plus longtemps dans cet espace. Pas si près de lui. Mes larmes commencent déjà à monter, me brûlent les yeux. Je ne veux pas lui montrer cette partie de moi, pas alors que c’est mon deuxième jour.


Ni une ni deux, je fonce.

Les toilettes ! Un refuge idéal.

Les quelques minutes qui me séparent de mon issue de secours me permettent d’envoyer un message sur le groupe des trois mousquetaires. Au moment où je ferme la porte et la verrouille les messages fusent déjà de la part de Cole et Eliott. Mes chevaliers ! Toujours là pour venir à mon secours. Surtout quand la crise d’angoisse pointe le bout de son nez. Merde ! Trois ans que je n’en avais pas fait.

Il a suffi de deux jours…


  • ***
  • Les trois mousquetaires

  • Cassie : Alerte vipère.
  • Eliott : Cassis ? Respire ! Tout va bien. Cette femme ne peut plus rien contre toi. Tu veux qu’on débarque ? Il s’est passé quoi ?
  • Cole : Si c’est de SA faute, je t’assure qu’il va morfler ! Réponds. Dis-nous comment tu vas.
  • CASSIE !
  • Je vais bien.
  • ***

Il n’en faut pas plus à mes deux compères pour lancer un appel groupé. Heureusement qu’ils sont eux aussi à leurs boulots respectifs. J’espère au moins qu’ils n’auront pas de problème par ma faute. Mais entendre leurs voix m’apaisent, me réconfortent. Et il ne me faut pas moins d’un quart d’heure pour reprendre du poil de la bête. Eliott insiste sur le fait que le pull n’y est pour rien tandis que Cole lui, nous accuse tous les deux d’êtes les acteurs principaux de cette conséquence.


Mais qu’importe…

Cette journée s’annonce encore plus mal que la première.


*

ASHLEY


Elle a osé !

Perdu dans mes pensées qui se répètent en boucle, bloquées sur l’image de ce pull horrible, je n’ai pas bougé d’un millimètre depuis qu’elle s’est enfuie de mon bureau. Sérieux ! Pourquoi elle a fait ça ? Pourquoi cette femme me défie constamment ? Elle est là depuis deux jours et elle fout déjà le bordel dans mon quotidien bien organisé. Deux putains de jours et la voilà qui débarque affublée d’un truc chantant.


La musique au thème de Noël s’incruste dans ma mémoire, s’amuse à rester en bruit de fond de mes idées alors que mon seul désir est de m’en débarrasser. Si je ne veux pas de traces de cette fête à mon étage, dans mon bureau ou même dans les couloirs, c’est pour une bonne raison. Mais non ! Cette femme n’en fait qu’à sa tête… Ou alors, c’est sa manière à elle de faire entrer Noël sans que je n’aie mon mot à dire.


Sauf qu’elle se trompe. Elle va devoir changer de vêtement et très vite. Je n’ai pas l’intention de passer ma journée à admirer ses mailles en laine. Surtout si au moindre touché de ce pompon rouge, celui-ci se met à claironner des mélodies horripilantes ! Non, hors de question que je supporte ce renne une nouvelle fois. D’ailleurs, où est-elle ? Reprenant enfin mes esprits, je prends conscience que mon assistante n’est plus face à moi.

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11 commentaires

Aby Mery

-

Il y a 4 ans

Ça aurait été trop facile qu'elle y parvienne du 1er coup 🤣

Sandra MALMERA

-

Il y a 4 ans

Il faut bien corser les choses. 🤷🏼‍♀️
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