Fyctia
3. Un plan 3/4
Je me racle la gorge avant d’ouvrir les lèvres, déstabilisé :
— Veuillez excuser les paroles de mon ami, mademoiselle Bellarke. Il a une forte tendance à dire n’importe quoi et à oublier de tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler. Quant à nos regards sur vous. J’en suis l’entier responsable. J’expliquais à mes amis, ici présents, que vous risquez fortement de vous croiser lors de vos journées de travail. D’ailleurs, il paraît évident que vous avez déjà rencontré Vince. Et en tout franchise, je dois vous avouer, que nous vous trouvons à notre goût. Vous êtes une très belle femme. Mais ne vous inquiétez pas, je suis là pour tenir mes amis éloigner de vous.
— Très drôle. Je te remercie. Le truc, tu vois, c’est que je n’ai pas besoin de toi pour me défendre des goujats. J’ai grandi, je suis une grande fille.
Sarcastique, elle termine sa phrase dans un demi-tour spectaculaire et affiche au passage un sourire triomphant. Ses talons claquent sur le sol en s’éloignant de nous. Nous restons d’ailleurs tous les quatre pantois, ne sachant pas comment réagir ni quoi dire. Elle est… surprenante. Sa façon de me tutoyer, cette manie d’entourer une mèche de ses cheveux autour de son doigt. C’est familier et étrangement rassurant.
Surprenante. Résistante.
Le défi de la première case avec elle comme chocolat promet d’être des plus palpitants. Elle est de loin très différente des femmes que j’ai l’habitude de croiser sur mon chemin. Certaines m’auraient déjà fait les yeux doux et ne se seraient pas gênées pour me faire des avances aguicheuses. Mais elle, c’est tout le contraire. Elle m’apparaît presque contrariée face à moi, troublée aussi. Assez intrigante pour me donne envie de briser sa carapace.
J’ai encore quatre jours.
Je compte bien tous les exploités au maximum.
*
CASSIE
Tu parles d’une bonne idée. « Fonce dans le tas, tu verras le résultat plus tard. » Et il a fallu que je le tutoie. Que je prononce son prénom. En entier ! Bordel, Cassie, tu sais qu’il le déteste. D’ailleurs sa réaction me hante alors que mes pas me ramènent vers mes amis. Ses yeux pourtant emplit d’un esprit de compétition se sont aussitôt ternis prenant une teinte sombre. Cette couleur de désespoir et de tristesse. Cette femme, elle l’a détruit. Je me demande si elle est encore dans sa vie, maîtresse de sa marionnette préférée.
Même si ma victoire a un goût amer, je suis fière de lui avoir cloué le bec. J’ignore ce qu’il m’a pris mais il fallait que ça sorte. Eliott lève ses deux pouces vers moi, et il éclate de rire à mon haussement d’épaules. Celui-là, il va m’attirer les foudres de mon chef demain matin. Tant pis pour ce soir, disons que nous avons déjà dépassés les limites du respectable et surtout du raisonnable.
— Alors ? Ils nous voulaient quoi ? m’interroge Audrey quand je pose mes fesses à ma place.
— Rien. Ce ne sont que des mecs en mal d’amour.
Ma réplique a le don de me détendre. D’autant plus que mon frère me gratifie d’un sourire complice. Il me connaît, il sait par quoi je suis passée après Ash alors il est ravi de me soutenir dans mes rejets envers les hommes. Pour lui, tant que mon CRÊVE-CŒUR reste loin de moi, tout va bien. Enfin… C’était sans compter sur sa super sœur qui se lâche au milieu du filet de pêche dans l’espoir de ne pas être remontée à la surface.
Croisons les doigts.
— Ils ont un problème avec les décorations de Noël ?
Quoi ? Je me retourne vers Léa pour examiner plus en détails ce qu’elle pointe du doigt. Je n’y avais même pas fait attention jusqu’ici. Pourtant, c’est aussi gros que le nez au milieu de la figure. Le coin de ces messieurs les vautours est vide. Il est nu, sans la moindre fioriture, là où le reste du bar arbore de magnifiques guirlandes électriques multicolores, et qu’un sapin artificiel de plus de deux mètres est planté sur l’estrade à gauche du comptoir.
D’ailleurs, il est parsemé de boules brillantes, pailletées et de répliques minuscules du monstre à écailles légendaire d’où tire son nom le lieu. L’ensemble dans des nuances de bleus et d’argent. Au pied de l’arbre se trouve déjà plusieurs cadeaux, surement faux. Mais cela ne fait qu’accentuer le côté chaleureux de cette scène. Et plus j’analyse la globalité de la pièce, plus je prends conscience du problème souligné par Léa.
— Il n'y a que leur coin qui n’est pas décoré, murmuré-je au moment où mon regard se plante sur leur bande.
— C’est étrange, tu ne trouves pas ? Je veux dire, c’est comme s’ils repoussaient Noël. Regarde! Incroyable…
Léa se renfrogne, croise les bras sur sa poitrine en même temps qu’elle hausse le ton. Mais merde, qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? Pourquoi repousse-t-il autant cette lumière, et cette beauté que sont les fêtes ? Parce que c’est ce qui énerve Léa, la réaction d’Ashley à l’instant où Éric se permet de poser sur leur table un sapin miniature. Il s’est carrément levé de son siège pour balancer la jolie décoration derrière le comptoir à proximité.
Il détesterait les fêtes à ce point ?
Non. Impossible.
Il faut que je passe à autre chose. Où on en était de notre soirée avant que Sandy me pousse à foncer vers eux ? Ah oui, Les boissons ! Où est la mienne ? Cole. Non, mais il se moque de moi, lui aussi. Je croyais qu’il n’aimait pas mon cocktail. Je souffle en tapant sur la main de mon frère qui s’apprête à boire une nouvelle gorgée de mon verre. Geste qui le fait rire, mais il finit tout de même par me rendre mon bien.
Non, mais.
— Tu ne nous as pas raconté ta journée, sœurette.
— Ouais, rien à dire. C’est super. Génial. Je suis au comble du plaisir.
Je marmonne m’agace en prenant mon temps avant de dresser le visage vers mes amis. Mince, je n’avais pas pensé leur en parler tout de suite. Enfin, si les grandes lignes. C’est un poste au top, au cœur d’une entreprise qui a de l’influence et qui ne pourra m’apporter que du bonus pour la suite. Mais il fallait bien sûr que ce soit Crève-Cœur mon chef.
D’un raclement de gorge gênée, je prends mon courage à deux mains et lâche de but en blanc :
— Vous voyez, le mec que je viens de rembarrer, celui que j’évite depuis… mes dix-sept ans ? Ouais. En fait, c’est le directeur de la boîte de communication dans laquelle je viens d’être embauchée. Et accessoirement, je suis son assistante. Et oui, c’est lui le chef de projets. Je suis gâtée.
— La totale ! Arrête. Ne te plains pas, il est canon. Un peu étrange peut-être avec son dégoût flagrant pour les guirlandes innocentes mais il reste agréable à regarder.
— Sandy… Tu ne comprends pas, je ne le supporte pas ! Merde, Cole et Eliott m’ont ramassé à la petite cuillère la dernière fois qu’il a fait un passage dans ma vie.
19 commentaires
Lili CL MARGUERITE
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans
Jane Moody
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Sandra MALMERA
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Azalyne Margot (miss Ninn)
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Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans