Fyctia
Chapitre 2
Si ça continue comme ça, je finirai à la rue, soupirai-je en m’adossant sur l’une des chaises du café.
Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis l’arrivée de mes premiers clients. Je savais pertinemment que tout ceci était le résultat de ces individus. Essayer d’alerter la police ne servirait à rien, cela finirait comme la dernière fois. En plus de cela, j’avais promis d’abandonner si ça devenait trop dangereux. Un soupir m’échappa lorsque j’entendis le tintement de la porte.
-Bienvenue au Emily’s Café..., soufflai-je d’un ton lassé.
-Moi qui pensais être accueillie avec plus d’entrain, c’est raté.
Je me levai et me tournai avec un sourire embarrassé. Elaine. Je me précipitai pour l’embrasser tout en essayant de garder mon sourire.
-Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu n’étais pas censée arriver avant une bonne heure, lui dis-je en prenant ses bagages et lui faisant signe de s’installer.
Je la regardai prendre place, puis me dirigeai vers le comptoir. Même de loin, je pouvais sentir ses yeux me dévisager. Ses iris bleus et ses cheveux blonds lui donnaient cet air que j’avais cessé d’envier au fil du temps.
J’ai réussi à avoir un congé avancé, et toi, on dirait que tu es... occupée, lança-t-elle, retenant un ton dégouté.J’ignorai ses provocations et lui apportai un gâteau au chocolat accompagné d’un café au lait, son petit plat récemment devenu préféré. Elle hocha lentement la tête pour me remercier avant de prendre une bouchée. Je m’assis près d’elle, posant mes coudes sur la table.
-Aujourd’hui, le café est fermé, donc ne t’attends pas à voir beaucoup de monde.
Elle scruta une seconde fois la pièce, haussa un sourcil et me regarda.
-Je vois. J’espère que ton chiffre d’affaires est bon, lança-t-elle en prenant une autre cuillerée de son gâteau. Tu comptes vraiment faire de cette occupation ton... métier ?
Je roulai des yeux. Elle continua, sans relâche.
-On en a déjà parlé avec maman. Ne me dis pas que tu veux en rajouter une couche ?
-Quand tu nous as sorti cette idée, je pensais que tu blaguais, mais j’avais oublié que tu n’avais aucun sens de l’humour. Tu as gaspillé toutes tes économies et les frais de ta bourse juste pour ça..., râla-t-elle en balayant la salle du doigt. Tu étais...
-Tu me connais assez bien pour savoir ma réponse, et si tu es là pour finir ce que mère n’a pas pu, tu peux sortir et te trouver un hôtel.
Elle me fixa longuement avant de soupirer. Ma sœur avait peut-être l’air d’un ange, mais les apparences peuvent être trompeuses. Certes, elle avait à moitié raison, mais je ne pouvais pas abandonner si facilement. Pas encore.
-Jonathan souhaite te rencontrer, dit-elle en reprenant une bouchée de son gâteau. Je lui ai parlé de ta... situation, et il m’a dit qu’il pouvait trouver une solution.
Je me levai brusquement, les paumes aplaties sur la table.
-Pourquoi as-tu fait ça ? Je ne me souviens pas t’avoir demandé de l’aide !
-Tu ne vas pas continuer à survivre dans cet endroit, Ely. Tu gâches ton potentiel, encore une fois.
Je tentai de retenir ma colère en agrippant fermement la table.
-JE NE VEUX PAS DE VOTRE AIDE, QUE CE SOIT TOI OU MAMAN !
-TU DEVRAIS APPRENDRE À GRANDIR ET À DÉLAISSER CES RÊVERIES, lâcha-t-elle.
-CE NE SONT PAS DES RÊVERIES !!!, hurlai-je en donnant un grand coup à la table.
Le coup fit trembler la table, renversant la tasse de café et salissant la robe rouge sang de ma sœur. Elle se leva immédiatement et se dirigea vers le comptoir pour essuyer sa robe avec précaution. Je m’assis brusquement, sortant ma pompe de ma poche.
-Ce café ne contribuera pas à ton bien-être, hurla-t-elle suffisamment fort pour que je l’entende.
Je voulus répondre, mais ma respiration me faisait défaut. Toussant pour me dégager, je sentis une main douce tapoter mon dos.
-Doucement, me chuchotait-elle en veillant à ne pas m’encombrer.
Mes yeux gris croisèrent ceux de Daphné. Peu après avoir retrouvé ma respiration, elle me lâcha et se tourna vers ma sœur, la dévisageant.
-Non mais ça ne va pas de la faire hurler comme ça ? Tu sais très bien qu’elle ne peut pas supporter ce genre de choses.
-Elle n’avait qu’à ne pas commencer à crier comme une folle, lança ma sœur en me fixant avec dédain.
Daphné détourna son attention d’Elaine pour la reporter sur moi.
-Je dois chercher... Alice, soufflai-je en m’efforçant de respirer normalement.
-Ne t’inquiète pas, Jonathan est parti la récupérer, répondit-elle en se dirigeant vers le comptoir.
Elle passa près de ma sœur et la bouscula volontairement, ce qui faillit la faire glisser. Puis, elle m’apporta un verre d’eau que je bus immédiatement avant de prendre une profonde inspiration.
-Merci...
-Et dire que tu as eu l’amabilité de recevoir une telle vipère. Tu as vraiment un grand cœur, Milie.
Ma sœur toisa Daphné si fort que je craignis une réaction subite de sa part. Pourtant, Daphné l’ignora complètement, à ma grande surprise.
-On a une sortie ce soir, et visiblement, tu es très... encombrée, lança Daphné en fixant ma sœur. Tu devrais mieux choisir tes fréquentations.
-C’est justement ce que j’allais lui conseiller, répliqua ma sœur avec froideur.
Je les fixai un moment avant de soupirer.
Ça suffit, toutes les deux. Vous vous comportez comme des enfants. Elaine, si tu es là pour m’aider, fais-le correctement. Et Daphné, arrête de la provoquer.
Elles se regardèrent un instant, presque surprises, avant de détourner les yeux. Cette paix fragile ne durerait sans doute pas longtemps, mais pour l’instant, c’était tout ce que je pouvais espérer.
8 commentaires
Emilie Hamler
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Il y a 3 mois
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Il y a 3 mois
IvyC
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Il y a 3 mois
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Pjustine
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Il y a 3 mois
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Il y a 3 mois
Sofia77
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Il y a 3 mois