Eva Baldaras Your forbidden heart Chap 10.1 (Eden)

Chap 10.1 (Eden)

Je ravale mes larmes. Personne ne mérite une goutte de mon liquide lacrymal.


Le problème, ce sont mes souvenirs. Je me rappelle. Pour revérifier. Encore une fois. Pour comprendre. Inlassablement.


De la fois où nous étions au Fat Cat, après le premier concert de Roxane. Nous avions fêté son succès avec les musiciens. L’ambiance était au beau fixe pour tout le monde. Cam dansait avec moi, me faisait tournoyer sur la piste. Il riait avec les autres, avec Lucas, avec Roxane. Puis, il s’est rapproché de moi, à l’occasion d’un slow. D’abord, avec amusement.


Nous jouions beaucoup. Seulement cette fois-là, quelque chose avait changé. Son corps chaud s’était plaqué contre le mien, sa joue avait frôlé la mienne, ses mains s’étaient enroulées autour de ma taille. Je me souviens de bien-être qui m’avait parcourue. De mon cœur qui tambourinait fiévreusement contre le sien, qui me paraissait aussi bouleversé que le mien. À la seconde où la musique s’était arrêtée, nous nous étions figés longtemps, les yeux dans les yeux, nos souffles courts. Son regard dans le mien, puis ses pupilles, qui fixaient avec intérêt ma bouche, semblaient me raconter une histoire : ses sentiments débutants pour moi. Je sais à présent que sur le moment Camille était rempli de doutes, puisqu’il n’était pas censé éprouver quelque chose pour une femme. Il découvrait une autre facette de ses préférences sexuelles, j’imagine sans peine le scénario qui se déroulait dans sa tête. Et les questions qu’il pouvait se poser.


C’était nouveau pour lui.

Et pour moi.


Plus tard, nous avons rejoint la table, puis, à l’arrivée de Morgan, notre chauffeur attitré, nous avons laissé celui-ci avec Roxane. J’avais deviné qu’ils avaient franchi un grand pas, même si j’ignorais à quel stade de leur relation ils étaient. Je ne savais pas non plus où j’en étais avec Cam. Ce que j’avais à l’esprit, c’est qu’il m’a tout de suite attiré, dès le premier regard. Et ce soir-là, je l’ai entraîné aux toilettes, puis, dans le sombre sécuritaire du couloir qui nous y conduisait, nous nous sommes embrassés sur la bouche. Ses lèvres sont restées sages, l’espace de deux secondes, puis ont caressé les miennes, les deux secondes suivantes, pour se décoller brusquement.


Je me rappellerai toujours de son regard affolé, perdu, puis interrogatif. Sa tête s’était inclinée. Son pouce a touché ma bouche, puis il m’a quitté précipitamment pour rejoindre notre table.


Dans la voiture, j’ai osé poser ma tête sur son épaule. Je voulais battre le fer pendant qu’il était encore chaud. Grossière erreur. Il m’a rejetée et m’a blessée avec ses propos durs. Cette nuit-là, j’ai tout raconté à mon frère : ma peine, mon désarroi, la merde dont je m’étais enlisée avec un mec qui allait me détester pour avoir tenté une approche intime. Morgan m’a consolée, m’a répété qu’il était désolé que je sois tombée amoureuse d’un homme qui n’aimait pas les femmes. Que je le savais pourtant, et devais m’y attendre. J’étais brisée, mais, au fond de moi, j’ai toujours eu un espoir. Un espoir que Cam a entretenu, en souhaitant renouveler le baiser au bord de la piscine de Morgan. Pour me dire quelques secondes plus tard, devant sa meilleure amie, qu’il n’avait presque rien senti à mon contact.


Pourquoi alors par la suite, il attrapait ma main dès qu’il le pouvait ? Pourquoi m’a-t-il fait croire jusqu’à son départ pour la France, qu’il pouvait m’aimer ?


Il n'avait pas foi aux relations à distance.


Maintenant, il me demande d’être son ami, juste pour les apparences !


Salaud.


J’efface une larme qui roule sur ma joue sans mon autorisation. J’ai dépassé le stade de pleurer pour un mec.


Je traverse le couloir sombre qui mène aux vestiaires femmes, avec un pas plus pressé. J’espère que les filles m’ont attendue, je déteste me retrouver seule.


Surtout ici.


La nuit.


Trop de souvenirs déplaisants, et le mot est faible.


J’appuie sur l’interrupteur et la lumière s’allume. Je frissonne en raison du contraste de ce lieu.


À l’extérieur, des cris enthousiastes des supporters continuent à résonner, même s’ils sont moins nombreux.


Les projecteurs éclairent le terrain de jeu, alors que ce couloir désert me semble trop calme.


Trop obscur.


À l’exception du souffle qui sort de ma bouche et qui se saccade de plus en plus, frappé d’un sentiment d’isolement non souhaité.


Mes pas se pressent davantage. Je suis ridicule.


Pourquoi ai-je l’impression d’être observée ?


L’obscurité, le noir, me fait peur depuis ce fameux jour où…


Une sensation de malaise grimpe dans le creux de mon estomac, faisant naître des frissons sur ma peau, le froid sur mon visage et la chair de poule pour terminer.


Je dois me calmer.


Ce n’est rien.


Je suis seule, c’est tout.


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11 commentaires

D. Verton

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Il y a un an

👍

Livre_e

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Il y a un an

Soutien 🙃

Josepina(Jojo)

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Il y a un an

Oh elle a vraiment peur 😕😕

L.ludivine

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Il y a un an

👍

Elsa T.

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Il y a un an

Me voilà. Liké !

izoubooks

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Il y a un an

A jour :)

Mauve

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Il y a un an

Like de soutien :)

Carl K. Lawson

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Il y a un an

on continue de se soutenir ;)

Solann

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Il y a un an

Tellement intense en émotions pour Éden avec les flash Back en pensant à Cam

Mily Black

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Il y a un an

<3
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