Fyctia
Chap 7.3 (Camille)
J’entends des pas derrière moi, puis une paume qui se pose sur mon épaule. Je tressaute. J’ai le sentiment de déjà vu, le jour où je tentais de la raisonner, dans sa chambre, alors qu’elle m’expliquait son souhait de tout quitter pour son fiancé. Et que j’essayais de savoir si elle était sûre d’elle avant de valider une décision radicale comme celle qu’elle a prise finalement.
— Non. Pour que tu aies plus de facilité à réaliser que tu ne peux pas la perdre. Quel que soit ton motif à la con. Tu m’as dit, avant de partir il y a quelques mois, que tu éprouvais un truc pour elle. Ce que je veux, Cam, c’est ton bonheur.
Je pivote sur moi-même et lui fais face. Son regard rempli de bienveillance m’émeut, et forme un nœud dans ma gorge. Sa main se plaque sur son ventre. Je le fixe, en lui répondant.
— Je ne le veux pas. Mais, je ne peux pas. Parce que j’ai changé, je…
Ne suis pas un ange. Je ne la mérite pas.
Elle soupire.
— Tu le penses, mais c’est faux, tu es le même, avec une petite évolution, certes. Parce que nous changeons tous, au fil du temps.
Elle marque une pause et poursuit.
— Chaque fois que tu penseras du mal de toi, ou que ta petite voix intérieure te poussera à le songer, dis-toi que c’est juste une supposition. Repose ton mental, Cam et prend la vie comme elle vient. Tu verras bien ce qu’il arrivera.
Mes pupilles remontent vers son visage. Son air compatissant provoque presque mes aveux. Pourtant, je me retiens.
— Je ne peux pas changer le passé.
— J’ignore de quoi tu parles Cam, et je sais que tu refuses de me dire ce qui t’es arrivé depuis que je vis ici, mais tu peux adopter une nouvelle vision de l’avenir. Comme moi.
— Avoir quelqu’un dans ma vie ? Des enfants ? Une carrière ? Comme toi ? Je ne le mérite pas, Roxy.
Ses bras s’allongent le long de ses flancs. Elle s’agace et je déteste ça. Pour elle, pour les bébés. Je dois arrêter avec mes conneries. Elle ne saura pas, parce que je dois la préserver. Je verrai, une fois que les petits seront nés.
— Exact. Parce que pour avoir tout ça, avec la personne que tu désires, tu dois d’abord prendre conscience de tes schémas de pensée ridicules et devenir bienveillant avec toi-même. Que cette être soit Eden, ou quelqu’un d’autre.
Ma voix s’adoucit. Elle incline la tête en la secouant de gauche à droite lentement.
— J’ai changé Rox. Je ne suis plus le même. Et, je ne parle pas de mes préférences sexuelles. Je suis épris de cette fille, Roxy. Mais, je ne suis plus le même, répété-je dans un souffle.
— Moi non plus et heureusement ! J’ai muri. Si je ne m’étais pas battue pour obtenir ce que j’ai aujourd’hui, je serais sans doute malheureuse.
Je clos les paupières deux secondes.
— Je ne suis pas malheureux.
— Arrête de te mentir à toi-même !
Sa phrase tonne dans le vide de la pièce. Je réplique de la même manière.
— Arrête de me forcer la main !
Elle marque un silence, pendant que la porte s’efface sur Morgan. Elle poursuit.
— Ce n’est pas ce que je fais. Parce que tu as 21 ans et tu es maître de tes actes. Si tu veux gâcher ta vie, plus que ce que tu penses, alors, persiste dans ton mouvement stupide de rejet. Et, perds. Perds cette fille, perds les autres, filles ou garçons, qui viendront ensuite. Perds, tout ce que tu désires le plus dans ta vie.
Elle se met sur la pointe des pieds et m’embrasse la joue sur les bouts des lèvres avant de quitter la pièce d’un pas tranquille. Mon regard se lève sur son futur mari qui n’a pas bougé du seuil. Il masse sa nuque, mal à l’aise.
— Je venais juste te dire que Eden se trouve dans la chambre à côté de la tienne. Elle va l’occuper quelques jours, le temps que mon père réalise son déplacement en Europe. Comme habituellement quand elle se retrouve dans sa maison sans lui. Elle ne veut pas être seule.
Aussitôt un spasme gravite dans le creux de mon estomac.
— D’accord, lui dis-je.
Il hoche la tête, la secoue puis revient vers moi en poussant un soupir. Sa main droite se cale sur sa hanche.
— Tu me rappelles moi, avec Roxane. Alors, j’ai juste un conseil à te donner.
J’incline ma tête et il reprend. Son index me fixe le temps de sa phrase.
— Essaye de te réveiller à temps, si jamais tu tiens à elle.
— Je ne suis pas tout blanc, Morgan.
— Moi non plus, je ne l’étais pas. Si ce quelque chose t’empêche d’avouer tes sentiments, ou qui te fait penser que tu ne peux pas les exposer, et que tu éprouves quelque chose pour ma sœur, donne-lui ce détail perturbateur. Sauf, bien sûr, si elle te laisse indifférente. Dans ce cas, ne lui dis rien. Et continue à l’ignorer.
Il me tourne le dos, exécute un pas, puis me fait face à nouveau. Je retiens mon souffle.
— Tu sais, dans la vie, tu dois saisir sa chance à temps. Une seconde et on peut tout perdre et vivre toute sa putain de vie de merde seul. Roxane m’a appris un truc important : en amour, on peut tout pardonner. À condition, d’exclure les mensonges dès le départ, pour partir sur de nouvelles bases. Et surtout, de ne rien se cacher. De bon ou de mauvais.
Il quitte la pièce, comme il est venu, me laissant perturbé par ses propos. Puis, mon cœur s’emballe, quand j’entends l’eau de la douche couler de l’autre côté du mur.
Merde, Eden est à côté.
Comment pouvons-nous éviter quelqu’un avec qui on habite ?
Attends… pourquoi ne souhaite-t-elle pas être seule dans la maison de son père ?
12 commentaires
D. Verton
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Il y a un an
Josepina(Jojo)
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Leonie Lonval
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Carl K. Lawson
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