Eva Baldaras Your forbidden heart Prologue 2/2 septembre (Eden)

Prologue 2/2 septembre (Eden)

— Ah c’est vrai, ton… Californien.


Mon cœur suspens ses battements quand la voix grave de Cam s’élève en claquant derrière moi. Je pivote lentement sur moi-même, tentée par une réponse ironique l’espace d’une seconde. Je préfère m’abstenir. De quel droit le ferais-je ? Juste parce que j’ai mal ?


Il n’y a rien de pire au monde, qu’un sentiment non partagé. Mais il y a bien pire. Celui d'aimer un cœur qui n'est pas susceptible d'aimer le tien. L’amour est inhumain, parfois…


Mon sourire s’étire de plus belle. Le sien n’existe toujours pas depuis ce matin. Je dois lui montrer que je passe à autre chose. Il ira mieux, lui aussi.


— Et toi, tu vas retrouver Paris, ta vie d’avant. Un nouveau mec beau comme un Dieu, qui sait ?


Nous nous dévisageons pendant quelques secondes. Ses yeux pénétrants me traversent de part en part. Une lueur de colère mêlée à de la tristesse se fait jour dans ses pupilles étincelantes. J’ignore ce que font Roxane et Morgan. S’ils se trouvent toujours à nos côtés où s’ils se sont éloignés pour nous laisser une dernière intimité relative. Ce que je sais, c’est qu’ils nous foutent la paix. Et que je me fiche de ce qu’ils peuvent bien entendre. A priori, celui qui se tient devant moi aussi.


— Eden, je voulais te dire que… commence Cam.


Je lève ma paume vers lui.


— Oui, moi aussi. Je suis désolée pour ma connerie, Cam. Vraiment. Je me sens si idiote ! Parce que finalement, tu n’as été qu’un coup de cœur stupide de ma part ! Penser que tu pourrais éprouver quelque chose pour moi est si bête ! Je vais retrouver mon… Californien et peut-être qu’on tentera quelque chose qui sait ! ris-je d’une manière forcée.


Le Californien qui n’a jamais existé. Celui que j’ai inventé un jour, pour faire croire à Camille et Roxane, que j’avais déjà eu quelqu’un dans ma petite vie minable.


Son visage s’assombrit davantage. Il passe une main sur sa nuque, puis ses pupilles brillantes se scotchent aux miennes.


— Tu as raison, Eden. Tu reprends ta vie ici et moi, la mienne, en France. Que j’éprouve la même chose que toi tu éprouves pour moi, ne changerait rien, de toute manière.


Les annonces des haut-parleurs résonnent dans le hall de l'aéroport. Les voyageurs se bousculent, tirant leurs valises avec impatience, pour ne pas manquer leur vol. Le bruit incessant des conversations, des pleurs et des rires, l'odeur de café frais se mélangeant à celle de pâtisseries, contribue à l'atmosphère chaotique de cet endroit unique.


Et de mon cœur.


Alors que le temps semble s’écouler lentement. Que Cam et moi, nous regardons, comme pour cartographier nos visages et nous souvenir de notre amitié détruite, par ma faute, l’heure de la séparation s’approche.


Cam exécute deux pas vers moi. Je retiens mon souffle, ne pouvant empêcher mes traitresses réactions corporelles de se dévoiler.


— Eden, je suis très heureux de t’avoir rencontrée, et je voulais te dire que…


Le rappel du vol de Camille indique qu’il n’a plus une minute à perdre. Pourtant, il semble sans effet sur lui. Il poursuit, mal à l’aise.


— Eden… je… je…


Il ferme les yeux un instant, jure en français, à la seconde où la voix résonne dans le hall et signifie qu’il doit embarquer maintenant. Je prends une forte inspiration, au moment où il me remet une mèche derrière mon oreille. Puis, ma respiration se bloque dans mes poumons, quand il s’approche de moi, que nos corps ne se tiennent qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Son regard se plante dans le mien, révélant une détresse qu'il ne peut plus cacher.


Je me demande, à quoi il pense, ce qu’il cache derrière cette émotion qui obscurcie ses traits.


Il tend la main vers mon visage, effleurant doucement ma joue pour essuyer une larme qui dévale ma peau. Mes paupières se ferment un instant, pour apprécier sa caresse.


— Eden… je… je suis désolé, de ne pas pouvoir te donner ce que tu veux.


Ses mots percutent mon âme, me précipitant davantage dans les abysses de la douleur. J’acquiesce lentement.


— Cam, je sais maintenant que nos chemins ne se rejoindront jamais de ce côté-là, ne t’inquiète plus pour moi. Je suis grande, je tourne la page.


Mon ton est si triste, qu’il mérite un oscar. Son expression est si peinée, qu’elle me brise davantage. Un silence horrible s’immisce entre nous. Je clos la boucle.


Il est temps.


— Au revoir, Cam. Prends soin de toi. Surtout, prends bien soin de toi, répété-je.


Il se fige, affiche un air interdit pendant quelques secondes. Secoue sa tête, comme s’il ne croyait pas à mes paroles. Puis, d’un geste incontrôlé, son visage se penche permettant à sa bouche de se plaquer sur ma joue. Des étincelles jaillissent à son contact prolongé et mes pulsations cardiaques augmentent encore. Puis, d’une manière inattendue, il m’étreint, fort, avec une telle puissance, que je sens nos cœurs battre à l’unisson.


— Cam, c’est l’heure, murmuré-je dans un souffle, tandis qu’il resserre son étreinte comme s’il ne souhaitait pas que je lui échappe, alors que c’est lui qui part.


— Je ne t’oublierai jamais… jamais, ne culpabilise jamais, de rien, Eden, c’est juste… la vie qui est comme ça… me chuchote-t-il d’une voix trouble, avant de s’écarter.


Ensuite, comme s’il souhaitait en terminer rapidement, il embrasse Roxane sur la joue, puis offre une brave accolade à Morgan, avant de prendre son bagage sur le dos et partir en courant vers la porte d’embarquement.


Une derrière étreinte, un ultime regard échangé et c’est fini.

Il s’en va.


Il m’a embrassé sur la joue. Il avait besoin d’un dernier contact physique.


Mon cœur explose, à sa réaction. Pensant encore qu’il s’agit d’autre chose que d’une simple amitié entre nous.


Je suis pathétique ! Foutu amour à la con, qui te prends par surprise, sans rien analyser au départ !!


Mes larmes jaillissent de plus belle, je vois flou. Je ne ravale plus mes sanglots, inutile.

Roxane et Morgan me prennent en sandwich, pour me consoler.


J’avais une irrépressible volonté de le retenir, une impression démente qu’il désirait se déclarer enfin.


Je voulais y croire, jusqu’à la dernière seconde.


Cam ne se retourne pas, tandis que je continue à l’observer de loin jusqu’à ce qu’il disparaisse, portant avec moi, les ruines de ce que j’ai cru à un moment être un amour partagé.


Au revoir et à jamais, Cam.


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4 commentaires

D. Verton

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Il y a un an

😉

Josepina(Jojo)

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Il y a un an

Oh que j'ai hâte à la suite go

Solann

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Il y a un an

La tristesse de chaque protagoniste se ressent dans ce chapitre.

Inès k

-

Il y a un an

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