Fyctia
Ouf !
Je sursautais brutalement lorsque je sentis quelque-chose secouer mon épaule. C'était Stéphane. Il avait entrouvert le rideau de ma couchette pour y passer sa main et me réveiller. Il fit de même pour tous les autres PNC de repos. Le réveil fut très brutal pour moi qui étais dans un sommeil profond, et j'allais devoir m'habituer à ce genre de situation.
Je m'asseyais lentement au bord de ce qui me servait de lit, essayant de décoller mes lourdes paupières. J'enfilais mes talons bleus marine, arrangeais quelque peu mes cheveux pour avoir l'air présentable devant les passagers, quand, d'un coup, je stoppais mes mouvements. J'apercevais dans la pénombre du poste repos la silhouette de Christopher. Il s'était complètement déshabillé pour se reposer et était en train de revêtir son uniforme. La vue n'était pas désagréable. Je n'avais pas osé en faire autant, j'étais restée complètement habillée et dois avouer que c'était loin d'être confortable, mais le pire était que ma veste s'était complètement froissée.
Les autres PNC avaient, eux aussi, retirés leurs vêtements de travail dans leur couchettes. Certains avaient même endossé un pyjama. Chacun avait ses habitudes. J'aurais certainement les miennes dans quelques temps. Les lumières de la cabine étaient éteintes, je n'étais donc pas trop éblouie en regagnant mon poste.
C'était à notre tour de faire la garde. Ils nous firent un bref résumé de ce qui s'était passé pendant notre absence et nous prenions le relais.
La majorité des passagers dormaient ou essayaient, tandis que d'autres regardaient des films sur leurs écrans.
Les allées étaient visibles grâce à leur forte luminosité. cela nous permettait d'esquiver les différents obstacles que nous pouvions y trouver. En effet, les passagers ne faisaient pas très attention à la propreté des lieux malheureusement. La première chose que je faisais était de ramasser, les coussins, emballages plastiques, bouteilles d'eau, biscuits écrasés ou tout autre détritus qui jonchait le sol de la cabine. Cela constituait un danger pour toute personne qui circulait dans les allées.
La garde n'allait pas être bien longue, mais la fatigue se faisait toujours sentir et j'allais devoir assurer la second service. Je rejoignais mes collègues dans le galley arrière. Christopher et François parlaient football tout en se préparant à faire une passe d'eau en cabine, tandis que Karyn commençait déjà à préparer les fours pour le service du petit déjeuner. Sans tarder, je me mis au travail et remplissais les verseuses d'eau chaude, pour le café, le thé et le chocolat. Au même moment, il y eu un défilé de passagers à nous faire des requêtes. Ils commençaient tous à se réveiller plus ou moins, les rayons du soleil inondaient la cabine. Les hublots s'ouvraient au fur et à mesure que les passagers se réveillaient. Cela incitait donc les quelques endormis à ouvrir les yeux à leurs tours.
Il fallait se dépêcher, les demandes affluaient de tous les côtés et nous devions gréer nos trolleys dans le même temps. Certains voulaient de l'eau, d'autres du café, à manger, ou encore de l'alcool ! Nous servions de l'eau sans hésiter en expliquant que nous allions passer en cabine très prochainement avec le service du petit déjeuner. En effet, si nous commencions à servir du café à l'un d'entre eux, ils allaient tous arriver avec la même envie, or, nous allions en distribuer dans peu de temps.
- " Madame je veux du vin !" m'interpella un homme encore mal réveillé. "Je veux du vin !" Continuait-il.
Son haleine putride me fit reculer d'un pas et j'eus la nausée. J'étais choquée par son manque de politesse mais j'allais devoir m'y faire, les passagers ne sont pas tous bien élevés et ne s'adressent pas à nous de la même façon. Je jetais un coup d’œil à Karyn afin de deviner si j'étais autorisée à le faire sachant que nous allions fermer les armoires d'alcool. Elle acquiesçait d'un mouvement de tête. J’attrapais une bouteille de vin rouge et la lui tandis en restant un peu à l'écart. Celui-ci reparti sans un "Merci", mais ça m'était égal.
Je replongeais dans mon travail avec Karyn. François et Christopher étaient en cabine et essayaient de répondre à toutes les demandes. Le groupe de PNC en repos fit irruption au même moment. Nous étions tous sur le pont et allions effectuer le dernier service avant l’atterrissage. Mes collègues, avaient l'air moins fatigués que moi à leur retour, ils paraissaient même motivés. Ils avaient certainement pris l'habitude. Tout était prêt nous partîmes en cabine.
Ce service fut plus rapide que le premier. Il n'y avait pas de choix particulier, c'était le même plateau pour tout le monde. Un yaourt, des viennoiseries, une omelette et une barquette de fruits accompagné d'un verre d'eau. Nous offririons cependant le choix de la boisson chaude. Le service fut suivi du rapide débarrassage de plateaux. Il fallait ranger le galley en vitesse avant d'atterrir. Nous eûmes tout juste le temps d'avaler un jus d'orange avant d'aller vérifier l'état de la cabine. Les passagers étaient toujours debout alors que le signal lumineux des ceintures étaient allumés. Il fallait faire respecter les consignes et ce n'était pas chose facile. Ils avaient tous la même excuse et faisaient tous la queue devant la porte des toilettes juste à ce moment là.
J'avais beau leur demander de s’asseoir, j'avais l'impression d'être invisible. Christopher apparut de nulle part et leur ordonna de retourner à leur place, ceinture bouclée pour l'atterrissage. Les passagers s'exécutèrent. Je restais bouche bée devant l’obéissance dont ils faisaient preuve face à lui. Il parlait avec tant d'assurance j'étais admirative, il avait tellement confiance en lui. Je rêvais de pouvoir en faire autant ! Malheureusement ce n'était pas dans ma nature. J'étais timide et sur la réserve. En plus, j'étais épuisée.
- "PNC, préparez-vous pour l'atterrissage" Annonça le commandant de bord.
A notre tours, nous devions regagner nos strapontins, nous attacher, les mains sous les cuisses en position de sécurité. Je me sentais soulagée car j'étais morte de fatigue. Mes pieds me faisaient atrocement mal d'avoir piétiné toute la nuit, en plus, mes chaussures à talon n'étaient pas confortables. Du haut de mes 1.80m, je n'avais pas l'habitude de porter des tels souliers. Je trouvais cela tellement joli sur les autres femmes. Certaines marchaient si bien avec qu'on les croyait nées avec des Louboutins aux pieds. Lorsqu'il m'arrivait d'en porter je me tordais à coup sur la cheville ou avais une démarche peu assurée et tremblotante. Je faisais plus rire qu'autre chose !
Le train d'atterrissage toucha brutalement le sol et l'appareil poursuivit son trajet sur la piste jusqu'au point de stationnement. Certain passagers me fixaient du regard l'air inquiets et guettaient ma réaction face à cette secousse, je leur souriais gentiment. D'autres s’agrippaient aux accoudoirs de leur siège pour se rassurer.
Tout s'était bien passé, nous étions enfin arrivés.
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