Fyctia
3.5. Doubles identités
Sur le chemin de notre bureau du jour, je pianotais un message pour Nina. Un bon vieux SMS, pas de Lupa. Raz-le-bol de Lupa.
J’ai cliqué sur son lien. Effectivement, dans la foulée de la déclaration de Wolfy, l’ambassadeur du Qatar en France avait annoncé que son pays était devenu actionnaire de WOLF à hauteur d’un milliard d’euros.
Comment avais-je fait pour passer à côté de ça la veille ? Certes l’article du monde datait du matin – merci Vincent et ces instants inutiles – mais d’autres médias l’avaient devancé, notamment l’incontournable AFP. Je me sentais con d’avoir loupé l’info, et qu’en plus les bruits de couloir ne murmuraient pas suffisamment fort à mon étage pour que je le capte. Ou bien je devenais de plus en plus sauvage ? Chez WOLF je ne parlais pas à grand monde en dehors de mon équipe de quatre âmes. Et encore.
Vexé, j’imaginais déjà quelle fake news je pourrais extrapoler autour des pétrodollars. Échanger un forage d’or noir contre des bouteilles de Veuve-Clicquot vendues sous le manteau ?
Un nouveau texto de Nina me ramena à la réalité.
Les messages de Nina m’apaisaient à chaque réception. Mais une fois la conversation refermée, je ressentais souvent ce même malaise indicible.
Nous n’étions pas un couple, puisque nous ne le nommions pas. Pas de mon amour, pas de chéri, pas de trésor. Juste une vieille branche et « Arty » pour moi. J’ai eu droit à un fanart à l'aquarelle d’artikodin imprimé sur papier velours et acheté à la Japan Expo en guise de premier cadeau. C'était pour me remercier de l’avoir accueillie chez moi à son retour en France en janvier 2021. Puis, pour notre pendaison de crémaillère à Strasbourg, elle s’est fait tatouer l’oiseau légendaire au niveau des lombaires. Quand je la prenais en levrette, son œil de rapace me toisait. Mon surnom gravé à vie sur sa peau, mais à part ça, on n’était pas en couple.
J’avais hâte que la journée se termine pour revoir ce tatouage de près. Hélas, entre les heures supplémentaires prédits par Vincent, le calendrier de Nina tout aussi dense et l’élection américaine qui exigeait de mon équipe une vigilance extrême, je devinais que les semaines suivantes ne seraient pas propices aux ébats licencieux. Je savais que je n'aurais pas de répit avant les fêtes de fin d'année. Malgré tout, je n’aurais jamais imaginé qu’en mars 2025, il ne resterait plus rien de l’existence d’Arthur Breton.
14 commentaires
alsid_murphy
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Il y a 2 jours
Paige
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Il y a 18 jours
Leo Degal
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Il y a un mois
Gottesmann Pascal
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Il y a 2 mois
Arca Lewis
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Il y a 2 mois
Gottesmann Pascal
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Il y a 2 mois
Simon Saint Vao
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Il y a 2 mois
Arca Lewis
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Il y a 2 mois