MarieLaplume (@petiteplume13) Vous avez dit Sam Jones ? (Coeur fragile à apprivoiser) Chapitre 5

Chapitre 5

Quelques jours plus tard, je passe chez Abel pour prendre une douche rapide avant de filer à un atelier cuisine organisé par « somethingreal », et qui se déroule à Paris.

Arrivé devant l’atelier, j’ai les mains moites, et davantage l’envie de prendre les jambes à mon cou que d’entrer. Mais je me suis promis de taire mes craintes autant que possible, et Marie m’a assuré que c’était plutôt sympa, ce genre d’activité. Au pire, on mange bien et on se fait des copains, au mieux on trouve quelqu’un.

— Vous n’entrez pas ? demande une voix que je crois reconnaître. Sam ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?

Giselle. De toutes mes ex, il fallait que je tombe sur elle.

— Oh hey, euh… je… tu… vas à l’atelier ?

— Oui, toi aussi ?

Je hoche la tête malgré moi, plus tendu qu’un string.

— Génial, je ne me sentirai pas totalement seule, alors, me dit-elle, soulagée.

Bon, est-ce que je simule un imprévu maintenant ou j’attends encore un peu ?

Sans me laisser tergiverser, Giselle attrape mon bras et me tire à l’intérieur. Heureusement, une fois que nous sommes entrés, elle s’éloigne pour chasser une autre proie.

J’expire bruyamment mon soulagement, et me dirige vers le plan de travail central.

— Bonjour, je peux m’installer à côté de vous ?

Purée, mais ces filles adorent me surprendre par derrière, c’est un truc de dingue !

Quand je me retourne, je trouve une jeune femme assez jolie, la peau sombre et des yeux noisette.

— Oui, bien sûr, aucun souci. Sam, ajouté-je en lui tendant la main.

— Toundia.

Un silence gêné s’installe entre nous et je jette un œil à l’ensemble de la salle. Nous allons visiblement cuisiner par paires, tous sur le même menu. Certains cuisineront l’entrée, d’autres le plat, et d’autres encore le dessert. Nous sommes une quinzaine à vue d’œil, tous plus ou moins à l’aise.

— Vous avez déjà fait ce genre d’ateliers ? demandé-je en enfilant mon tablier en plastique ultra-sexy, tandis que Toundia fait la même chose.

— Une fois, c’est assez chouette. Tu cuisines ? Chez toi, je veux dire.

Je vois à son expression espiègle qu’elle a de l’humour, ce qui me détend un peu. J’accepte aussi volontiers le passage moins formel au tutoiement.

— Oui, je me débrouille. Par contre pour le dessert, je m’abstiendrais de goûter à ce que je cuisine, si j’étais toi. Enfin, si tu veux survivre.

— Et tu cuisines quoi, exactement ? Des pâtes ? me taquine-t-elle.

— Oh le préjugé ! Non, je suis tout à fait capable de te cuisiner une souris d’agneau, un bon gratin de légumes, ou même un wok. Je m’en tire pas mal avec la blanquette aussi.

— Intéressant…

— Attention, je ne dis pas que tu as l’homme parfait en face de toi, j’ai bien quelques défauts.

— Tu te vends super mal, tu es au courant ?

— Je préfère être honnête, histoire que tu ne sois pas éblouie par mes qualités, répliqué-je en me dressant bien droit, une courgette à la main.

Toundia laisse échapper un rire franc que j’apprécie.

Elle m’explique ensuite qu’elle a vingt-sept ans, qu’elle est peintre et parvient à vivre de son métier en complétant la vente de ses toiles par des commandes personnalisées. À travers ses mots et entre les lignes, je la vois comme une jeune femme débrouillarde, simple, déterminée aussi. Son enfance ne semble pas avoir été facile, pourtant, elle a pu trouver sa voie et s’en sortir plutôt bien. Quand elle m’interroge, je lui raconte mon enfance choyée jusqu’à la disparition prématurée de mes parents le jour de mes dix-neuf ans. Un stupide accident d’avion alors qu’ils revenaient de vacances, auxquelles je n’avais pas voulu me joindre pour faire une surprise à ma copine de l’époque.

Nous continuons de parler pendant l’atelier jusqu’à ce que nous devions changer de partenaire.

En arrivant à une autre partie de la table, j’allais cuisiner auprès d’une femme blonde, quand celle-ci me demande discrètement si je veux bien échanger avec un autre homme. Visiblement, ces deux-là s’entendent bien alors j’accepte. Le problème, c’est que lui se trouvait en binôme avec Giselle.

— Ah, Sam, super, on se retrouve pour le dessert.

Pourquoi dans sa bouche cette phrase sonne comme une menace ?

J’avale ma salive, m’arme de courage, et je commence à mélanger les œufs et la farine sans trop faire attention à Giselle.

Tout à coup, je sens une main sur le bas de mon dos.

— Qu’est-ce que tu fais ?

— Rien, tu avais de la farine, ici. Je ne sais pas comment tu as fait ton compte.

Pendant les quelques minutes qui suivent, elle ne cesse de trouver une bonne excuse pour m’effleurer. Lorsqu’on lance la cuisson des mini-muffins, je me décide à lui parler.

— Je préfère être clair, on ne se remettra pas ensemble, toi et moi.

— Décoince-toi, voyons, je n’ai jamais prétendu le contraire.

— Alors...

— Bon, passons à la détente, maintenant ! lance une voix, probablement celle de l’organisatrice.

Tous les célibataires se replacent en fonction des affinités, et je me dirige vers Toundia. Seulement, elle m’observe d’un sale œil.

— Qu’est-ce qu’il y a ? Tout va bien ?

— Pourquoi reviens-tu vers moi ? Tu sembles bien t’entendre avec cette femme.

— Pas du tout, c’est une ex et j’essaye de m’en débarrasser. J’aimerais continuer de discuter avec toi, si tu es d’accord.

Elle ne me connait pas, du coup je croise les doigts pour qu’elle voie la sincérité dans mes paroles. J’apprécie Toundia et je ne veux pas laisser passer ma chance, surtout pas à cause de Giselle.

Elle finit par décroiser les bras et m’offrir un faible sourire.

— Nan c’est moi, on n’est pas encore ensemble que je fais ma jalouse. Désolée, mauvaises expériences.

— Je te comprends tellement, dis-je de façon dramatique en retournant ma lèvre inférieure pour faire mon malheureux.

Elle éclate de rire, ce qui nous permet d’embrayer sur la dégustation de bonne humeur. Nous passons une nouvelle fois un moment très agréable, et je sens que nous allons pouvoir échanger nos numéros d’ici peu.

À la fin de la soirée, Toundia s’absente pour aller aux toilettes. Nerveux à l’idée de lui proposer un rencard, je me dirige vers le bar à cocktails pour un dernier verre.

Il y a une bonne ambiance générale, un ou deux couples se sont formés, d’autres discutent amicalement et finalement je ne me sens pas trop mal ici. J’ai vraiment rencontré une fille géniale qui a, comme moi, quelques relations bancales au compteur. J’ai hâte de passer du temps en tête à tête avec elle.

Je prends mon verre et me retourne d’un coup avec tant d’empressement que je heurte quelqu’un. Des seins rebondissent sur mon torse, mais j’ai juste le temps d’apercevoir des cheveux, de sentir que la femme m’entraine dans sa chute, et je m’effondre la tête pile sur sa poitrine généreuse. Nos cocktails se répandent évidemment sur nous, sinon ce n’est pas drôle.

En me redressant pour m’excuser, je m’aperçois que j’ai bousculé Giselle.

Combien y avait-il de chance pour que ça m'arrive ?

Au même instant, je vois Toundia nous regarder avec des yeux ronds, et je comprends dans la seconde que je ne la reverrai plus.

Mais c’est quoi ce karma pourri !

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6 commentaires

Sissy Batzy

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Il y a 4 ans

Ah c'est clair ! Karma pourri

Pradal

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Il y a 4 ans

J'ai hâte de lire la suite...

Meryma Haelströme

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Il y a 4 ans

Oh noooon ! mais c'est clair : c'est quoi ce karma ??? Pauvre Sam ! Elle avait l'air super cette Toundia ! Bon... bah la suite ? '_'

MarieLaplume (@petiteplume13)

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Il y a 4 ans

XD haha ui, il n'a pas de chance, en effet. C'est aussi ça la vie, des rencontres géniales que l'ont perd à cause d'obstacles inattendus ou des malentendus. Mais parfois, le sort est simplement joueur, il te fait un croche-patte pour que tu tombes juste au bon endroit, au bon moment. ^^ Bientôt, Sam tombera au bon endroit :D
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