Fyctia

- Non, mais je n'arrive pas y croire, vous savez ! Il y a comme deux parties en moi, la première pense comme Lara, si j'avais eu des sentiments pour elle autre que la haine et le dégoût, peut- être que tout aurait différent pour nous tous ! De l'autre côté, je suis écœuré que ce monstre hideux ait pu oser poser son regard visqueux sur moi ! Sissi pour une fois semble pragmatique.

Au moins nous avons enfin des éléments pour la comprendre, attention, je dis "comprendre" pas pardonner !

Je suis d'accord avec toi, ça explique des choses, mais,  ça n'excuse rien, et puis cette sangsue nous a fait connaître le pire qui soit, à toi comme à moi.

Oui, tu as raison Lara.

Nick reste étonnement silencieux, puis il s'adresse à moi.

– Viens Marsh, on va fumer dehors !

Toujours comme un automate, je suis Nick vers le perron, nous croisons H qui revient avec des canettes de Pepsi et des donuts, je prends une canette, Nick aussi et nous sortons, H rejoint les filles et leur demande ce qui s'est passé en leur tendant leurs boissons.

J'hésite à parler du coup des cercueils à Nick, il se montre chaleureux avec moi, compréhensif, c'est la première fois qu'il se montre si tactile, je tire de longues taffes sur mon cylindre empoisonné pourtant vendu légalement, si on découvre qui a buté l'autre monstre, c'est promis, j’arrête de fumer !

Les Malloy sont assis côte à côte, Marlon est à l'aise, il n'a pas peur et affiche une tête qui peut laisser penser qu'il se fiche de tout, en fait, il est déjà venu dans ce même bureau alors qu'il n'avait que douze ans ! Il en était sorti aussi propre que quand il y était entré, pourquoi ça changerait aujourd'hui, ils ne sont la « que » pour de énièmes questions inutiles auxquelles de toute façon, ils ont les réponses. Max a l'air nettement plus « angoissée » que son jeune frère, car contrairement à lui, elle n'est pas habituée, à être interrogée par les autorités judiciaires, mais, là, il y a un malaise palpable, qu'elle met sur le compte de relents de claustrophobie. Marlon jouant les caïds tente vainement de la rassurer, pour ce faire, il plaisante sur une chose ou l’autre, ou quelques blagues idiotes, qui ne font rire personne. Dans cette étrange salle blanche ou rien ne peut attirer le regard, Max pense à Vilma. Si Oliver n’avait jamais rencontré Renatee, rien de tout ça ne serait arrivé. Elle se demande à qui en vouloir le plus, à la cruauté du destin ou à Vilma ? Même si elle n’a pas compris le choix de son frère d’épouser une femme plus vieille, elle ne le lui a jamais ouvertement reproché, et maintenant, il est en prison… Et, dans un autre comté qui plus est, rendant tout espoir de visite impossible à concrétiser… Elle se demande inlassablement depuis ces événements : Pourquoi avoir choisi Renatee, pourquoi avoir cédé aux avances de Vilma, pourquoi ? En aucun cas, il ne peut s’agir d’un viol, non ! Cette salope était consentante, c’est indéniable… Cette salope s’était vengée du fait qu’il l’avait fini par la rejeter, cette salope… Oui, mais Vilma est morte maintenant, et le pire, le plus affreux, c’est qu’elle s’en veut plus de ne pas l’avoir tuée elle-même.

Montclart et SC entrent dans la pièce, d'épais dossiers et une boite métallique dans les mains. Elle s'aperçoit du regard de Marlon posée sur elle, il est bizarre, indéfinissable, inquiétant, si elle n’était pas sûre de son alibi, elle aurait pu croire que Marlon est le meurtrier, elle sait que s’il l’avait pu, il l’aurait fait, mais personne ne lui en a laissé l’opportunité, elle est contente que ce ne soit pas lui… Pense–t–il, à cet instant, au meurtre proprement dit ? Ou s’est-–il réfugié dans un de ses mondes imaginaires qu’il affectionne particulièrement. Marlon est perturbé depuis l’enfance, mais ce n’est pas un méchant gars, il se protège différemment du reste du monde, c’est tout !

Avant même que l'agent Montclart se soit assis, Marlon lui demande, si quelqu'un les observe derrière le miroir sans tain ? Montclart, la joue franc-jeu, oui, le Shérif Thomas et une psychologue sont là. Marlon a un petit rictus et il hausse les épaules.

La journaliste rouquine au corps affriolant s'adresse à eux avec un   “Bonjour les enfants !” N'importe quoi, elle nous prend pour des prépubères là ? Montclart retrace les derniers événements du jour de la disparition du Vilma, jusqu'à la découverte de son corps et redemande leur alibi, il est clair qu'il est incontestable, aucun trafic quelconque n'a été constaté sur la vidéo. Ils acquiescent. SC, bien qu'elle le sache déjà, leur redemande ce qu'ils avaient contre la victime.

  – Cette question ! C’est pourtant évident ! Cette pute a fait mettre Oliver en taule, vous le savez bien ! C’est le Shérif planqué derrière son miroir qui l'y a collé !

Nous devons parler d’autre chose ! On est d’accord Vilma et vous avez eu d'autres différents ?

– C’était une pute, elle a bousillé ma famille ! Je me fous qu’elle soit morte, non, je mens ! Ça me ferait presque plaisir ! Mais, j’ai un alibi lieutenant et Max aussi, donc qu'est-ce qu'on fout encore là ?

Il y a certains éléments que nous avons découverts durant la perquisition chez la victime, entre autre un journal intime...

– Max jette un regard livide à son frère, elle semble être sur le point de cracher un gros morceau. Celui-ci s’aperçoit du trouble de sa sœur, et lui lance d’un ton assez sec :

– OK ! Ça va Max ! Écoutez, il y a autre chose de sérieux, je n’aime pas en parler et à part Max personne d’autre n’est au courant, mais puisque tôt ou tard ça risque de réapparaître, autant que ce soit par moi. Ça s’est passé il y a un peu plus d’un an ! Après l’histoire avec Oliver, j’ai voulu me venger de cette garce ! C’est compréhensible, je voulais franchement lui faire du mal ! Je ne sais pas comment, mais j’ai réussi à lui faire croire que j’étais de son côté, que je croyais à sa putain histoire, ça ne suffisait pas, alors je suis monté d’un cran, je lui ai joué le jeu de l’amour, et là ça a payé, et nous avons eu une relation. Pour faire simple, je me la suis faite par tous les trous ….

- Bronco !

- Oh ça va Max…

- Bronco ?

- Ouais, on a tous des surnoms, un bronco c'est un jeune cheval avec un comportement imprévisible !

- D'accord et donc vous et Vilma ?

- Ouais ! Mon vieux ! Ça vous en bouche un coin, hein ! Eh bien oui, le paria de Mecclesfield que je suis, s’est fait une belle plante, épatant ! Enfin presque ! Car je dois dire que j’aurais vraiment préféré me faire quelqu’un d’autre, parce que cette plante-là, je la détestais tellement, même une chèvre aurait mieux fait l’affaire ! Elle a complétement gobé que j'étais fou d'elle, cette conne ! Elle s’est vachement amourachée de moi, elle m’a même affirmé que j’étais parvenu à lui faire oublier celui qu’elle aimait depuis des années. Quand je l’ai réellement sentie accro, je l’ai largué, je l’ai humiliée et j’y ai pris un pied monstre. 

SC et Montclart ne montrent pas autant de surprise que ça.