MAISIAM SEMES VILMA Chapitre 4 La FIN & DRAMES

Chapitre 4 La FIN & DRAMES

Leur besogne achevée, les meurtriers courent à la Jeep et le Cerveau se met au volant. Ils sortent du chemin caillouteux, pour regagner la route alors déserte, et roulent jusqu’à une autre clairière durant une quinzaine de minutes. Un autre véhicule plus classique, genre berline familiale, est discrètement garé. Les complices s’arrêtent et sortent de la Jeep. Le temps presse. Ils se dévêtent à la hâte, glissant leur tenue souillée dans un sac-poubelle, et endossent les vêtements de rechange préparés la veille.

Abandonnant la Jeep volée dans un autre comté et vidée de toute preuve, les meurtriers aux allures maintenant passe-partout quittent la clairière dans la berline. La pendule indique déjà cinq heures trente-cinq. Moins d’une demi-heure avant les premières lueurs matinales... Au volant, le Bourreau accélère en direction de la déchetterie municipale. Il semble très nerveux, inspectant sans cesse les alentours pourtant déserts.

– Calme-toi, conseille le Cerveau. C’est fait, tu entends ? Et, personne ne nous a vus.

– Comment tu fais pour être aussi zen ? On vient de tuer quelqu’un !

– Mon vieux, si tu veux la paix dans la vie, il faut faire ce qu’il faut… Ressaisis-toi ! Tu n’étais pas aussi embarrassé tout à l’heure !

– Je serai plus tranquille quand on aura balancé nos fringues, c’est tout. J’ai l’impression qu’ils puent la mort !

– C’est dans ta tête ! Tu peux être soulagé, on est arrivé.

Ils se garent devant la grande déchetterie, le Bourreau sort rapidement du véhicule, après s’être emparé du sac-poubelle qu’il balance par-dessus le portail rouillé. Il l’escalade assez prestement, et une fois à l’intérieur de l’enceinte, il court près de l’incinérateur, dissimuler le sac sous plusieurs autres. Il sait que les préposés aux ordures ne sont pas regardants sur les déchets qu'ils brûlent.

Ceci fait, le Bourreau rejoint la berline, toute mine réjouie. Les deux complices s’échangent un regard de satisfaction : ils l’ont fait.

C’est un jour de fête.

AVANT

Autant, vous le dire, je ne crois pas que quelqu'un d'étranger à l'affaire puisse comprendre ce que je ressens vraiment, non, il faut être passé par là. J'en ai bavé dans ma chienne de vie, je vous assure, et bien qu'il m'est difficile de le reconnaître, ce n'était pas si dur pour moi avant. Avant quoi ? Le drame de ma vie. Enfin le premier. Alors non, je ne considère plus que celui vécu par mes parents soit le mien, même si leur incapacité à s'en remettre a beaucoup joué sur l'estime de moi-même, souffrant toujours d'un certain complexe d'infériorité. C'était LEUR drame. En tout cas, si ce n'était pas arrivé, sûrement que je ne serais pas là à vous parler de mes drames personnels. Je crois qu'on peut appeler ça l'effet papillon.

L'acceptation, c'est, selon les dires de ma psy, le premier pas vers la guérison, et oui, elle a raison (on ne la paye pas pour rien non plus). Donc, je dois aller de l'avant. C'est vrai que grâce à ma thérapie qui a quasiment duré dix ans – du moins la première – j'ai réussi à pardonner mes parents pour tout le mal imaginaire qu'ils m'avaient fait en ne parvenant pas à faire le deuil de mon frère. Moi, je n'ai pas eu à faire de deuil, j'étais bébé quand il nous a quittés. Inconsciemment, mes parents me comparaient sans cesse à lui, ce qu'il faisait versus ce que je faisais et patati et patata, bref, c'était chiant, mais, à défaut de comprendre pourquoi, j'ai fini par accepter qu'ils ne s'en remettraient jamais. Un point c'est tout. Donc à seize ans, enfin guéri, je me suis tourné vers les autres. Me recentrant sur les amis que j'avais fidélisés, j'ai réfléchi à mon avenir et mis un bon coup de collier sur mes études plus que moyennes jusque-là, et ça a marché. C'est pendant mon année de senior que ma vie a pris un nouveau tournant, j'ai réussi à séduire une fille et vécu avec elle un an de pur bonheur, mais toutes les belles choses ont une fin, allez savoir pourquoi… C’est dans ces moments que votre monde quasi onirique se brise d’un coup, que le bonheur, auquel vous n’avez pas vraiment droit, vous échappe.


Le drame de ma vie

Alors que j’arrivais enfin à donner un sens à cette vie monotone... Elle est morte. La fille, que j'aimais comme un fou, a mis fin à ses jours. Je me demande si au moment de s'entailler les veines, elle a pensé à moi. Non, sûrement pas, ou alors en me rendant coupable de tous les maux de sa vie. Shirley, mon premier amour, ma première véritable moitié. Le plus dur à admettre, c'est que j'étais fautif. Pas d'avoir commis ce dont elle m'accusait, mais plutôt d'avoir été trop gentil envers la mauvaise personne. Oui, une âme noire était le véritable coupable. J'ai pourtant essayé plusieurs fois de trouver des circonstances atténuantes à toutes ses mauvaises actions, je croyais qu'on était potes... Inexorablement, la mort de Shirley m'a de nouveau envoyé en thérapie, tout était à refaire. Cette fois, l'efficacité de ma psy a été mise à rude épreuve, sans doute que je ne rentrais pas dans les cases et j'ai vite été catalogué comme « hystérico–parano–maniaco–dépressivo ». Si vous saviez, j'ai reçu tellement de conseils imbéciles, des encouragements du style « c’est la vie » ou « qu’en tombant si bas, on ne peut que monter ». Tout le monde, y compris mes parents, était convaincu que je pouvais remonter plus haut encore, alors à ces optimistes donneurs de leçons, je voudrais dire que, bon dieu, ces marches étaient putain de hautes ! Je m'étais efforcé de suivre un précieux conseil de ma psy, à savoir me changer les idées. Et, avec quoi ? Elle en avait de bonnes. Je suis passé du plus débile au plus raisonnable. Il y a eu cette magnifique collection d'étiquettes de fromages français et hollandais. J'aime bien le fromage, c'est un problème ? Malheureusement j'ai dû arrêter (ça pue et ça coûte cher). Pour ma défense, j’étais une larve au bord de l’agonie cérébrale. Parlons des puzzles, quand j'ai mis une semaine à faire un cinq cents pièces et brûlé l’intégralité des mille pièces du suivant. Que ce soit clair, je déteste les puzzles. Ah oui, le Yoga... Bénéfice : zéro, crampes : multiples (j’ai failli garder le reste de ma vie ma jambe sur la nuque). Bel effet. En définitive, rien ne me faisait oublier, ou supporter, cette période noire. Ni la vie sociale, ni la vie d’ermite. Et, ça me bouffait le cerveau comme un chien qui ronge son os jusqu’à la moelle.


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5 commentaires

RIPOST

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Il y a un an

Un beau récit avec quelques touches c'humour. J'aime beaucoup !

MAISIAM SEMES

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Il y a un an

Content que ça te plaise !

Koryn Bay

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Il y a un an

Coup de pouce. N'hésite pas à passer voir mon histoire si tu le souhaites

MAISIAM SEMES

-

Il y a un an

Merci, je vais passer voir ton histoire, promis.
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