Fyctia
Chemise, culotte & Léo
Et je suis censée faire quoi ?
Mon pauvre cerveau ramolli cherche une solution.
En même temps, la scène ne laisse quasiment aucun doute ! Léo au pied de mon lit, et moi seulement affublée de ma culotte de dentelle noire et d'une chemise qui sent le mâle à dix kilomètres, dans la même chambre, après un baiser des plus doux...
Mais pourquoi je ne me souviens de rien ?
Bon, je lui saute dessus en hurlant ? Je me blottie contre lui, avec en prime un regard énamouré ?
D'accord. Pas de place pour la fantaisie. On se calme Soso.
Je pose délicatement ma main sur son épaule dénudée. Il est enroulé, presque recroquevillé sous un plaid rose fuchsia.
Et même comme ça, il est beau.
Je sens mon cœur se remettre à battre normalement.
- Léo ?
Tout doucement, je chuchote son prénom.
- Léo ?
Il se retourne et ouvre péniblement les yeux.
Ah, tiens, on dirait que son cerveau aussi a été colonisé par une armée d'abeilles butineuses.
- Sofia...
Il reste allongé par terre et se frotte le visage des deux mains. Sexy et attendrissant. Je peine à me remettre de mes émotions. Moi, à côté, avec mon haleine à faire faner les pâquerettes et mon teint livide, je dois avoir l'air d'une folle furieuse tout droit sortie d'une maison de repos.
Se relevant sur un coude, il esquisse un sourire en ma direction.
- Bien dormi ?
Euh...tout de suite là, ce n'est pas forcément cette question qui me vient à l'esprit.
- Oui. Et toi ?
Ma voix ressemble à celle d'un fumeur de Gitanes.
Il acquiesce lentement et fixe son regard au mien. Mais il ne dit rien.
OK, je me lance.
- Hum...est-ce qu'on a...enfin, tu vois...est-ce que...
Pathétique !
Son sourire s'élargit et ma pudeur en prend un sacré coup.
- Non. Je ne suis pas du genre à profiter des jeunes filles alcoolisées.
Je sens tout l'air de mes poumons rejaillirent d'un coup par ma bouche. Je suis soulagée. Non pas qu'une nuit divine en sa compagnie me fasse peur, bien au contraire. C'est seulement le fait de n'avoir aucun souvenir qui me déstabilise le plus.
- Alors...?
Je le questionne. Encore et toujours. Il hausse les épaules et s'assied. Son pauvre dos doit être en compote après une nuit passée par terre. La situation est cocasse et je ne m'en réjouie pas. A l'instant même je n'ai qu'une envie : m'exiler chez les Inuits.
- Tu étais saoule et trempée. Je t'ai raccompagnée, déshabillée et mise au lit.
Ma tête entame un lent va et vient.
-Et toi ?
- N'étant pas en meilleur état, j'ai préféré ne pas regagner mon hôtel.
Ah ? C'est tout ?
C'est un peu déçue de la tournure qu'à pris notre soirée, que je me lève et arpente la chambre en quête d'une tenue plus descente.
- Tourne la tête !
J'ordonne à Léo de ne pas se rincer l’œil. La seule vue de mon derrière criblé de cellulite pourrait le faire fuir à toute volée. J'ai confiance en moi, mais mon ego à ses limites. Et là, je pense en avoir atteint pas mal.
Il rit et se détourne. J'en profite pour l'observer de loin. Il est torse nu. Sa barbe naissante et ses cheveux en pagaille le rendent plus jeune et d'autant plus séduisant.
- C'est bon ?
Je me dépêche d'enfiler un pantalon de jogging à l'effigie d'une grande enseigne de café, que je laisse chez mes parents pour les petits déjeuner dominicaux, quand il m'arrive d'y passer le week-end.
- Oui.
Il se lève à son tour et s'approche de moi à grandes enjambées. Sans ceinture, il porte encore son pantalon de costume. Celui-ci est légèrement baissé sur ses hanches et j'aperçois l'élastique blanc d'un boxer Calvin Klein.
Il veut ma mort ?
Je me retrouve face à lui, et sans un mot il entreprend de déboutonner ma chemise.
Enfin, la sienne.
- Qu'est ce que tu ...
Avec un large sourire, il me répond :
- Je me rhabille.
Ni une ni deux, je me retrouve en soutien gorge tandis qu'il enfile sa chemise d'un geste assuré.
Salaud !
Je sens le rouge me monter aux joues.
- Sofia, chérie, tu es...
Ne manquait plus que ça. Ma mère qui débarque comme une fleur dans ma chambre. J'ai l'impression d'avoir quinze ans.
- Oh...pardon.
Mais au lieu de ressortir aussi vite qu'elle est entrée, elle me fait les gros yeux et un sourire salace encadre son visage.
Maman !
Elle se dirige vers Léo et lui tend la main. Mais je rêve !
- Bonjour Léonard.
Léo, surpris, lui serre la main et répond :
- Bonjour Mme Segianelli. C'est à moi de m'excuser. La situation est gênante. J'ai raccompagné Sofia hier soir et je me suis endormi.
Pour être honnête, il l'ai. Et moi, coincée entre mon lit et mon armoire en bois, je me décompose.
- Je vous attends en bas. J'ai préparé des pancakes.
J'attends qu'elle tourne les talons et qu'elle referme la porte pour enfiler un tee-shirt. Pourquoi ça n'arrive qu'à moi ces trucs là ?
Je suis persuadée qu'après ça, Léo va prendre ses jambes à son coup en criant au monde entier que la fameuse Sofia Segianelli est en réalité qu'une pauvre vieille fille chouchoutée par Maman.
Mais au lieu de ça, il s’approche de moi. Par pudeur, et par méfiance (on ne sait jamais) je recule d'un pas.
Quand son pouce caresse délicatement ma lèvre inférieure et que ses mains prennent mon visage en coupe, je cesse de respirer et sursaute. Il pose sur moi un regard attendrit et j'ai l'impression de lire en lui. Pour la première fois. Ce que j'y voit me fait frissonner.
Ce moment, si furtif est interrompu par la pression de sa bouche sur la mienne. Mon corps entier tremble de plaisir.
Lentement il se détache de moi et pose son front brûlant contre le mien.
- On y va ?
C'est avec un sourire franc qu'il me prend par la main et que nous descendons l'escalier pour rejoindre la cuisine familiale.
Je ne dis rien. Et profite de ce petit moment de bonheur.
12h00
Attablés dans la cuisine, Léo joue le collègue et l'ami fidèle. Il n'en fait pas trop et je lui en suis reconnaissante. Mes parents n'ont pas besoin de connaître mes folles péripéties de la veille. Ils semblent croire que Léo m'a raccompagnée après un coup de fatigue, et je préfère qu'ils en restent là. Même s'ils connaissent ma vie mouvementée et mon caractère déjanté, j'ai eu ma dose d'émotions pour le week-end. Les commentaires de ma chère mère peuvent attendre.
Léo se lève et entreprend de déposer sa tasse dans l'évier. Son attitude détachée me laisse entrevoir un homme attachant et intéressant, loin de cette carapace de glace qu'il s'évertue d'entretenir dans le milieu professionnel.
Et j'avoue être complètement sous le charme.
- Vous lisez du Vietra Taylor ?
Sa voix grave me sort de mes pensées. Son regard se pose sur le dernier best-seller de l'auteur. Le mien aussi.
- Oh...dans l'attente du roman de ma fille. C'est bien elle la meilleure.
J'esquisse une moue gênée.
Mais mon estomac fait des galipettes et une drôle de sensation m'envahit.
Ce n'est pas la réflexion de ma mère qui semble ôter l'air de mes poumons.
Mais le regard étrange de Léo qui caresse de son index la couverture de papier glacée.
15 commentaires
aurelie25320
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Il y a 8 ans
Soleil Cricri Wttpd
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Il y a 8 ans
SFANS
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Il y a 8 ans
liaflandes
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Audrey Woodhill
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marianne07
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Lili CL MARGUERITE
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Maloria
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LAETITIA SHAYDEN
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Il y a 8 ans
chacha2780
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Il y a 8 ans