Sandra MALMERA Une couronne en héritage 7. Discussion

7. Discussion

— Arrête-toi, là, me dit Lucia avant même que je n’ai le temps de lui poser une seule question.


Je m’exécute, actionne mon clignotant, et me gare sur un petit terrain de terre. Je coupe le moteur et au premier geste que Lucia tente de faire, je la retiens. Hors de question qu’elle se défile. Elle fronce les sourcils, m’explique qu’on va s’asseoir à l’extérieur de la voiture pour discuter, alors je la lâche et fait le tour du véhicule pour la rejoindre au moment où elle en descend.


Je ne nous laisse pas le temps de nous éloigner de cette poubelle sur roues, que je l’assomme de questions. La première étant bien entendu en lien avec Louis. « Pourquoi est-il toujours là quand je me mets en danger ? Pourquoi a-t-il dit qu’il avait été missionné pour me protéger ? » Et bien sûr, la question qui clignote en gros dans ma tête…


— Qui je suis ? interrogé-je la jeune fille qui s’installe sur le capot encore chaud de notre automobile. Et ne fais pas semblant de ne pas comprendre ! dis-je en la voyant déjà hocher la tête comme pour me dire qu’elle ne sait rien.


Elle croise les jambes, les remet droites, et finit par poser ses mains sur ses genoux, en plongeant ses pupilles dans les miennes. Elle cherche une étincelle, comme une lumière de lucidité en moi, que je n’ai pas. Et je vois bien que ça la contrarie. Sauf que je ne peux rien y faire, à moins qu’elle ne me parle.


— Louis va être en colère, si je te parle sans son accord, annonce-t-elle de but en blanc.

— Pourtant, c’est toi qui m’as demandé de m’arrêter. C’est bien que tu souhaites discuter, dis-je comme une évidence.


Elle hausse les épaules ce qui a le don de me frustrer. Décidément, ces trois-là ont une sacrée volonté de garder le secret ! Mais j’ai besoin de savoir pour avancer plus loin avec eux. Pour continuer cette aventure dans laquelle je me suis lancée les yeux fermés et la tête la première. Ils le savent autant que moi, en revanche, je vois bien dans le regard de Lucia qu’une décision difficile doit être prise.


— Louis, il… C’est ton protecteur, souffle la jeune satyre en attendant ma réaction.

— Je ne comprends pas, je n’ai rien de spécial. Pourquoi on m’aurait assigné un protecteur du monde des monstres ? lui demandé-je en venant m’installer près d’elle.

— C’est son devoir de te protéger au péril de sa vie, c’est même un privilège pour lui, m’avoue-t-elle, m’intriguant de plus belle. Et alors que je m’apprête à lui poser une nouvelle question, nous sommes interrompus par un grognement.

— Stop ! Ne dis plus rien ! hurle Louis, qui sort en trombe du véhicule pour se poster devant sa sœur.


Louis s’immobilise, tel le grand méchant loup qu’il n’est pas, bombant le torse et croisant les bras sur ses pectoraux bien formés. Il fronce les sourcils furieux que sa sœur ait ouvert la bouche, et m’observe du coin de l’œil, cherchant à déceler si je vais partir ou rester. Mais il se plante et se met les doigts dans le nez, s’il pense que je vais les lâcher sur cette place.


En plus, je serais seule, sans moyen de contact avec les chasseurs, et perdue, je ne sais où, sur une route qui mène au fin fond du territoire. Louis se rapproche de sa sœur, l’air de plus en plus menaçant, et commençant à se racler la gorge. De quoi, en faire fuir plus d’une. Cependant, en bonne chasseuse suicidaire que je suis, je me lève et m’interpose entre eux, croisant les bras pour imiter le loup.


— Calme-toi tout de suite ! dis-je d’une autorité que je ne me connais pas.

Le frère et la sœur semblent étonnés de mon intervention. Ils me fixent tous les deux attendant la suite qui ne vient pas. Je les regarde tour à tour, cherchant quoi dire d’autre. Mais, je reste silencieuse. Enfin… C’est de courte durée, parce qu’on est vite rejoint par Hugo, réveillé par nos cris. Ils s’installent de suite aux côtés de sa sœur, et ils murmurent, sûrement dans l’intention de se mettre au courant des derniers événements.


— Parle maintenant ! ordonné-je à Louis en me fixant face à lui. Qui je suis ? lui demandé-je en serrant les dents.

— J’ai l’impression que tu n’as pas besoin de moi pour savoir quel est ton rang, princesse, souffle-t-il entre ses lèvres serrées. Tu connais le fonctionnement de notre société, n’est-ce pas ? me questionne-t-il ensuite comme un défi.

— Qu’est-ce que… Oui mais, balbutié-je alors qu’un sourire doux se dessine sur le visage du loup.


La société des monstres… Oui, parce qu’eux aussi, ils ont un gouvernement et une organisation bien particulière. Enfin par gouvernement s’entend monarchie. Un royaume dirigé par un roi et une reine dont l’enfant a disparu, il y a de ça quelques années. Ce sont des monstres de premières catégories, ceux qui sont impossibles à camoufler à l'aide des charmes, et pourtant ce sont aussi ceux qui ressemblent le plus aux humains.


Ces souverains sont nommés, fées de l’obéissance. Et lorsqu’une loi est dictée, que les monstres sont d’accord ou contre celle-ci, ils n’ont pas d’autre choix qu’obéir. Dit comme ça, on pourrait penser à une dictature, et je dirais qu’ils n’en sont pas loin… Mais pourquoi me parler de leur société ? Oh ! S’ils sont écoutés de tous, ils ont tout de même des gardes et des protecteurs.


Je vois un peu où Louis veut en venir… Enfin, non pas vraiment ! Je suis une chasseuse, tout le contraire d’une fée de l’obéissance et en plus je ne vois pas du tout quel rapport il y a entre moi, et leur monde. Et puis, quel pourrait être mon rang ? Je crois que je suis encore plus perdue que s’il m’avait dit clairement les choses. Quand, je relève le regard vers le loup, il me fixe.


Et en me retournant, je remarque que son frère et sa sœur font de même. Sauf que je n’ai rien à dire, et l’effet est immédiat chez eux, ils froncent tous les trois les sourcils. Les satyres murmurants ne sachant pas quoi faire avec moi. J’entends un léger, « n’a-t-elle pas compris qui elle est ? » glisser de la bouche d’Hugo vers l’oreille tendue de Lucia.


— Non ! Je ne comprends pas ! crié-je énervée par leur comportement.

— C’est pourtant si simple, soupire Lucia en me souriant. Tu fais partie de notre monde. D’après toi, pourquoi tu as Louis comme protecteur ? Et pour quelle autre raison deux satyres de notre taille, sommes là aussi ? m’interroge-t-elle comme si j’étais une enfant.

— Je n’en sais rien ! hurlé-je en panique.

— Pourquoi aucun monstre n’arrive à lire en toi ? me demande Hugo en soutenant mon regard.

— Je suis juste spéciale, une humaine avec une barrière psychique, énoncé-je sans conviction.

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16 commentaires

Sandra MALMERA

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Il y a 6 ans

Oui c'est vrai, qu'on le comprend vite. Et pour le coup, je ne sais pas trop quoi faire pour ce point-la, sachant que certain trouve que ça arrive trop vite alors que pour d'autre c'est le contraire. Faut que j'y réfléchisse.

maioral

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Il y a 6 ans

Pour moi, j'avais déjà compris depuis au moins 4-5 chapitres à la limite mdr Depuis qu'il a utilisé le mot "princesse", c'est bon, j'ai compris x) Du coup, oui. Plutôt dire qu'elle n'y croit pas ? Que ce qu'ils veulent insinuer est impossible ? Si c'était le cas, pourquoi la société des monstres n'a rien fait ? :) Enfin, j'imagine que ces questionnements vont arriver aussi ^^

Sandra MALMERA

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Il y a 6 ans

Ah pour Kiera, on m'a fait la même réflexion juste en dessous. Et je pense, revoir un peu ses réaction pour ces chapitres, pour qu'on comprenne qu'elle est plus intelligente que ça mais dans le déni total de la situation. Oui, pour les charmes peut être en parler plutôt. Mais pour la société des monstres, les détails arrivent au fur et à mesure. :) je sais que c'est un peu flou mais c'est encore normal.

Anne-Estelle

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Il y a 6 ans

Elle passe un peu pour une cruche la Kiera. Ah, et ta description de leur société est un peu trop rapide aussi. On comprend que le roi et la reine ne peuvent pas se camoufler aux humains alors qu'ils leur ressemblent beaucoup. Donc on en déduit que le loup et les satyres utilisent des charmes pour apparaître comme des humains ? Tu te souviens dans le premier chapitre j'ai laissé un commentaire au sujet des cornes. Peut-être approfondir un peu plus ce monde des monstres.

Sandra MALMERA

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Il y a 6 ans

Oui j'y ai pensé ! Ah Ah merci :)

Faye-lana.m

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Il y a 6 ans

Alors la soit elle est complètement idiote soit complètement sourde. Lol tu devrais quand même ajouter dans ses pensées lhypithese qu'elle puisse être l'enfant qui a disparu même si elle n'y crois pas. Car ca paraît gros tout de meme ce déni lol

Sandra MALMERA

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Il y a 6 ans

Ah oui, bonne idée. Merci du conseil ! :)

Lydia4818

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Il y a 6 ans

Je trouvais les indices trop évidents... on comprends bien vite qui elle est, c'est pas subtil... mais en fait, ça colle parfaitement avec la couche de déni dont Kiera est enduite !! Elle est tellement butée qu'elle ne veut pas entendre l'évidence. D'ailleurs, tu pourrais même l'accentuer, via des regards hébétés entre les satyres, ou des yeux grands ouverts, montrer que les "monstres" la trouvent vraiment pas futée :)

Sandra MALMERA

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Il y a 6 ans

Un peu. XD

Mymy M. *Sakuramymy*

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Il y a 6 ans

Mdr elle est têtue quand même xD tu es la princesse xD
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