Fyctia
Erwann se dévoile
Erwann fut surpris de cet accueil plutôt froid et réservé d’Hélèna. Certes, il ne l’avait vue qu’une fois et ne pouvait pas dire qu’ils avaient beaucoup échangé. Pour autant, cette rencontre intime, dans un lieu clos, si petite fût elle, lui avait donné envie d’apprendre à la connaître.
Erwann avait gardé en tête les premières images : elle était charmante, fine et menue, blonde, les yeux verts intrigants. Son regard « regardait », était scrutateur, donnait l’impression de savoir qui il était, de pénétrer son âme. Erwann sentait sa personnalité et son répondant. Il aimait les vraies femmes, affirmées, qui, à un moment ultérieur sauraient s’abandonner dans leur douceur intérieure, cachée. Intuitivement, il sentait cela. Il avait envie d’ouvrir cette « carapace de femme d’affaires accomplie », travaillomane. Il avait envie de participer à une alchimie de corps passionnés et aussi découvrir de la tendresse immergée. La conversation dans l’ascenseur, certes réduite, avait été fluide, facile.
Quand elle ouvrit la porte, il eut la sensation de déranger. Cela lui déplut intérieurement, il sentit son ventre se nouer. Ce n’était pas l’accueil qu’il attendait. Tiens, il espérait quelque chose ! Son esprit travaillait à toute allure. Oui, il aurait aimé un sourire, voire un sourire chaleureux, ou tout au moins poli. Non, en fait, il aurait voulu qu’elle l’accueille avec une sorte d’impatience sous-jacente… une de ces envies qui nous pousse l’un vers l’autre. Une sorte de désir sourd, qui vient de nos entrailles… Oui, il avait fantasmé sur elle depuis leur rencontre. Il fallait qu’il se l’avoue. Il n’était qu’un homme et elle était plutôt jolie et attirante avec son corps mince et son visage fin.
Souvent, il surprenait un regard de femme sur lui. Des yeux insistants, parfois provocateurs, avec une sorte d’appétit sexuel à peine voilé. Il était rarement attiré dans ce cas-là. Ce côté « cela arrive trop facilement » ne lui convenait pas.
Il aimait une période qu’il pouvait appeler « de quête », un moment plus ou moins long où chacun se cherchait. Des instants où le désir pouvait monter... Des espaces vides dans le temps où chacun et chacune pensait à l’autre… Le cerveau est un puissant puits à fantasmes. Il aide aussi à rendre réelle la relation. Il crée une sorte de lien très fort avec l’autre, en se nourrissant de ce qu’il invente. Il avait déjà remarqué que, ce faisant, cela renforçait l’attraction naissante, cela augmentait l’envie de l’autre… Cela pouvait même -dans une sorte de magie- amener l’autre vers soi. Le processus était plus ou moins long, mais il avait déjà testé intuitivement son effet concret.
Comme il pensait à elle depuis la panne d’ascenseur, il imaginait qu’elle était aussi dans cette énergie. Ses yeux plutôt fermés lors de l’ouverture de sa porte lui avaient fait l’impression d’une douche froide. Il ne pouvait pourtant pas s’empêcher de voir l’harmonie de ses courbes, d’avoir envie qu’elle le regarde différemment, avec désir peut-être ? Ah, son esprit divaguait… et revint à cet échange.
Un silence plutôt désagréable suivit sa proposition de repasser, sortie spontanément au vu de son accueil. Il se demanda s’il n’avait pas rêvé le début d’attraction qu’il avait ressenti la dernière fois… il faut dire qu’il avait beaucoup d’imagination. Quand elle reprit la parole, dès qu’elle eut fini ses deux phrases (« Pas du tout. Que puis-je pour vous ? »), il débita d’une traite sa proposition d’apéritif…
- « Suite à notre rencontre, si je puis dire, dans l’ascenseur, je suis resté avec une idée de soirée « non finie ». Et je me demandais si un apéritif, voire un apéro vous dirait. »
Il avait pesé chaque mot dans sa tête à plusieurs reprises, imaginant sa réaction enthousiaste. A bien y réfléchir, au vu de sa froideur, il s’était « fait un film ». Et de toutes façons, elle était loin d’être chaleureuse, quant à enthousiaste, c’était peut-être un concept intellectuel en ce qui la concernait…
Ses pensées le faisaient dériver et il entendit sa réponse positive dans le brouillard de son cerveau. Cet accord soudain le fit revenir sur terre. Il s’entendit répondre du tac au tac :
- D’accord. 19h30 chez moi ?
Le reste de cette courte conversation se fit sur pilote automatique, tout au moins en ce qui le concerne. En effet, il était remonté dans son cerveau reptilien et se projetait dans son canapé : il voyait des visages et des corps qui se rapprochaient.
Il effaça cette image de son esprit et repartit vers son appartement à pas lents, plus dans son mental que dans le temps présent.
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Blue33
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77jipk
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gege77
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Estellexi
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camrynmesserschmidt
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