Fyctia
Chapitre 13 : POV Adam
— Bon, qu’avons-nous de prévu aujourd’hui ? demandé-je en buvant mon café.
— Un marché, me répond Isabelle, l’air enchanté.
— Un marché ? dis-je en m’étouffant.
— Oui, continue Michaela. Le ranch a un stand chaque année pour vendre ses productions.
— Et qu’est-ce que le ranch peut vendre ? des tomates ? me moqué-je.
Je sens le regard pénétrant d’Isabelle sonder mon âme pour y chercher une faille et appuyer dessus. Son regard noir charbon me donne l’impression de me noyer dans un océan de ténèbres. Et j’aime ça. Mais qu’est-ce que je raconte ? Je secoue la tête et tente de reprendre mes esprits.
— On vend de la laine et du fromage au lait de rennes, m’informe Isabelle en soufflant, l’air exaspéré.
— Vous faites vraiment du fromage au lait de rennes ? je fais, surpris.
— Yep. Il est rare d’en trouver sur le marché car le lait de rennes est compliqué à trouver. Les rennes ne fonctionnent pas comme les vaches laitières donc c’est très dur d’en obtenir. Mais si on sait comment s’y prendre, c’est délicieux.
— Vous devez le vendre très cher alors ? demandé-je, soudainement intéressé.
Elles me jettent un regard interloqué, ne comprenant pas ce que je viens de dire.
— On serait déjà millionnaire si on le vendait très cher, comme tu dis, crache Isabelle, féroce.
— Ce qu’elle veut dire, intervient Michaela, c’est qu’on ne peut pas se permettre de le vendre à un prix exorbitant sinon, personne ne l’achèterait.
— C’est pas faux, dis-je en reposant ma tasse. Mais vous avez pensé à…Je ne sais pas…L’exporter ?
— Oui, répond Isabelle. Mais les projets qu’on nous proposait ne collaient pas à l’image du ranch. Nous ne sommes pas une entreprise qui fait des profits. Nous sommes une grande famille.
Je ris dans ma barbe, comprenant où elle veut en venir.
— Les entreprises ne sont pas toutes mauvaises vous savez.
— Si. Elles le sont toutes, souffle mon hôte, exaspérée. Ce qu’elles veulent, c’est se faire de l’argent sur le dos de pauvres gens, comme nous.
— Vous n’avez jamais travaillé en entreprise n’est-ce pas ?
— Je n’ai connu que ce ranch. Mais j’ai vu les dégâts que font les banques dans votre genre.
— Et quels genres de dégâts ? dis-je en haussant le ton. Vous ne savez même pas de quoi vous parlez.
— Bien sûr que si ! s’insurge Isabelle en se levant de sa chaise.
— Doucement ! essaie de temporiser Michaela. Taisez-vous tous les deux !
La tension monte brutalement, l’air chargé d’une électricité palpable. Michaela nous fixe tour à tour, les yeux écarquillés, comme si elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Je ressens encore la chaleur de la confrontation, mon cœur battant un peu plus vite, mais je me force à respirer profondément pour retrouver mon calme.
Isabelle croise les bras, les mâchoires serrées, ses yeux noirs brûlants de colère. Elle ne lâche pas prise, son regard ancré dans le mien, défiant. C’est comme une tempête qui menace de tout emporter sur son passage, et étrangement, je me surprends à admirer sa passion. Chaque mot qu’elle a prononcé était empli d’une conviction qui force le respect. Mais je refuse de me laisser impressionner.
— Tu n’as aucune idée de ce que c’est de gérer une entreprise, Isabelle. Ce n’est pas aussi simple que tu le penses, dis-je, ma voix plus basse, mais toujours ferme.
— Et toi, tu n’as aucune idée de ce que c’est de se battre chaque jour pour préserver ce que l’on a construit de ses propres mains, réplique-t-elle, ses yeux brillant d'une intensité qui me trouble.
Michaela soupire et lève les yeux au ciel, exaspérée.
— Sérieusement, vous allez continuer longtemps comme ça ? Vous êtes aussi têtus l’un que l’autre, et ça ne nous mènera nulle part. On a un marché à préparer, et il va falloir qu’on soit tous sur la même longueur d’onde.
Le silence s’installe, lourd et pesant. Je détourne les yeux, sentant l’adrénaline retomber peu à peu. Isabelle, elle, reste figée un instant, puis finit par soupirer à son tour, visiblement frustrée. Elle attrape sa tasse de café et la vide d’un trait avant de la reposer violemment sur la table.
— Très bien, grogne-t-elle. Mais on n’a pas fini cette conversation.
Je hoche la tête, un sourire en coin.
— Avec plaisir.
Michaela roule des yeux, mais un sourire amusé se dessine sur ses lèvres.
— Vous êtes incorrigibles, tous les deux. Allez, on a du travail.
En sortant de la pièce, je sens encore le regard d’Isabelle sur moi, brûlant, insistant. Et malgré moi, je sens une étrange excitation monter en moi. Cette femme… Elle me déstabilise, me provoque, mais il y a quelque chose chez elle qui me fascine. Je secoue la tête, essayant de chasser ces pensées.
— Bon, on y va ? lancé-je, tentant de reprendre contenance.
Mais alors qu’on se dirige vers le marché, je ne peux m’empêcher de me demander si cette confrontation n’était que le début d’un jeu bien plus dangereux… et captivant.
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