LilouJune Un peu, beaucoup... AVEUGLEMENT Le cœur a ses raisons

Le cœur a ses raisons

- Hein ?!


Je ne sais pas quoi lui répondre. Je ne sais même pas ce qu’il se passe au fond de moi, il n’y a pas de mots pour décrire ce que je ressens. C’est puissant, c’est inné et inespéré, mais surtout c’est un vrai bonheur. Serait-ce ça le coup de foudre ?


- O.K… alors je ne comprends pas tout, mais ce n’est pas grave. J’arrive, donne-moi le numéro de ta chambre !


- Je ne suis pas sûre que tu puisses venir me rendre visite, Audrey.


- J’ai dit donne-moi le numéro de ta chambre !!


Je soupire exagérément face à cette tête de mule. Mais je ne peux pas cacher que je suis heureuse d’avoir une alliée qui vienne me soutenir dans ce tourbillon d’émotions qui m’animent.


Alors sans me faire prier, je lui donne toutes les informations pour qu’elle puisse me rejoindre. Elle raccroche avant même que je ne la salue et je souris en rangeant mon portable.


Je regarde le plafond et imagine déjà ma prochaine rencontre avec Morgane. J’espère en apprendre plus sur elle et même entendre le son de sa voix. Je suis persuadée que je serais un peu plus sous le charme si c’est possible.


Une larme roule sur ma joue lorsque je me projette dans une vie totalement ordinaire, en dehors de ces murs. Je nous vois à la terrasse d’un café pour apprendre à faire connaissance, rire de nos frasques respectives qui arriveront sans conteste. Je nous devine assises sur un banc en admirant un paysage idyllique, des étoiles plein les yeux…


Je rêve éveillée d’une vie que je n’ai encore jamais vécue ni même envisagée. Je peux d’ailleurs affirmer que depuis que je l’ai rencontrée, tout ce qui faisait mon malheur a été relégué au second plan… Rien d’autre n’a d’importance. A tel point que je m’assoupie le sourire aux lèvres et l’esprit serein.


*******


Des bruits dans le couloir me sortent des bras de Morphée et j’émerge en me frottant le visage comme j’ai l’habitude de le faire. Ma porte de chambre est ouverte, mais personne ne se trouve dans la pièce à part moi. J’en conclus qu’on est venu me rendre visite pendant mon sommeil.


Mon cœur s’emballe à l’idée d’une entrevue loupée avec mes deux infirmières préférées. Je relativise quelque peu en me disant que, s’il le faut, j’utiliserais la télécommande du lit prévu à cet effet et prétexterais une douleur atroce. Tout ce qui sera nécessaire pour la revoir.


Je regarde mon téléphone rapidement et je comprends que l’heure du dîner approche. Ce n’est pas mon heure habituelle, mais à l’hôpital le planning se cale plutôt bien sur celui des poules !


Alors j’attends patiemment qu’on m’apporte mon plateau en tentant de me redresser comme je le peux. Une douleur me cisaille le ventre et je lâche un gémissement avant de me laisser choir sur le lit. Décidément, tout ne peut pas aller bien sur la durée !


Un aide-soignant entre dans la chambre, sûrement alerté par mon cri soudain, un plateau à la main.


- Attendez, je vais vous aider.


- Merci, c’est gentil.


Il dépose le plateau sur la console et ajuste le haut du lit pour que je sois un peu plus droite. Il me soulève comme un poids plume et me remonte afin que je sois à mon aise. Je dois avouer que ce geste me fait vraiment plaisir et rougir. Il y a bien longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi légère.


Je lui lance un sourire gêné et regarde le plateau qui ne m’attrait pas du tout.


- Ça ne paraît pas comme ça, mais c’est mangeable, m’informe-t-il en suivant mon regard.


- D’accord, je saurais vers qui me retourner si je suis empoisonnée, ris-je doucement.


Il se dirige vers la sortie, mais mon esprit trop vif l’empêche d’aller plus loin.


- Excusez-moi, mais vous savez si Coralie va venir me voir ?


- Oui, elle va venir vous apporter vos médicaments pour la nuit.


- Elle sera accompagnée ?


Il fronce les sourcils, ne comprenant pas tout de suite, puis un éclair de lucidité vient le frapper.


- Oui, elle le sera. Et d’après la voix que j’entends, elle ne va pas tarder !


Ma joie explose et mon visage s’illumine. En effet, au loin, je perçois la voix de Coralie et son enthousiasme débordant. Je trépigne déjà d’impatience. Je lisse mes cheveux ainsi que les draps autour de moi et pose mes mains de dix manières différentes. Rien ne me convient. Je sais que j’ai l’air pathétique, mais c’est plus fort que moi, il faut que cette nouvelle rencontre soit parfaite.


- Toc, toc, toc ! C’est nous. On vous apporte vos médicaments pour ce soir.


Mes yeux ne regardent déjà plus Coralie et se posent directement sur Morgane. Elle est toujours aussi timide et toujours aussi belle.


- J’ai pris beaucoup de retard aujourd’hui. Je vous laisse avec Morgane et je reviens après, d’accord ? Ça te convient, Morgane ?


Un clignement d’œil en guise de oui suffit à Coralie pour la faire partir. Je me retrouve donc seule avec celle qui fait battre mon cœur comme personne. Un léger stress commence à me tordre les boyaux. Je n’ai qu’une envie, la connaître déjà par cœur, échanger avec elle comme si cela faisait une éternité que l’on se connaissait, mais je ne sais pas du tout comment m’y prendre.


Je souffle un bon coup, et je me lance.


- Alors comme ça, tu veux devenir infirmière ?


Une risette, une langue qui s’humidifie les lèvres et il n’en faut pas plus pour que mon cœur rate un battement. Je me liquéfie instantanément. Malgré l’absence de réponse claire et précise, je ne baisse pas les bras et me jette à l’eau.


- Je suis désolée, je ne sais pas trop comment faire, je n’ai pas l’habitude de ce genre de situation… Habituellement, je ne suis pas celle qui fait le premier pas… Mais, pour être honnête, j’ai très envie d’apprendre à te connaître.


Ses yeux font des va-et-vient entre ses mains et moi. Je ne sais pas si elle ressent la même chose ou bien si je la mets mal à l’aise. Mais qu’importe, je tente le tout pour le tout.


- Je crois bien savoir ce que veut dire le coup de foudre… C’est ce que j’ai ressenti en te voyant pour la première fois tout à l’heure. Et je t’avoue que je ne souhaite pas repartir d’ici sans savoir que je te verrais quotidiennement…


Les larmes montent à mesure que je parle. J’ai beau faire un monologue, son langage non verbal parle pour elle et la beauté de l’instant s’imprime en moi. Je décide de ne pas insister et de continuer à admirer cet être devant mes yeux qui a emprisonné mon cœur, et même mon âme.


Une ombre dans ma vision périphérique me sort de ma contemplation et je tourne la tête promptement.


A l’entrée de la pièce, Audrey, la bouche entrouverte et les sourcils levés, semble troublée par le spectacle que je viens de lui offrir. Elle reste béate, enracinée dans le sol, et met plusieurs secondes avant de délier sa langue.


- Je pensais que tu plaisantais quand tu disais que c’était une fille…, chuchote-t-elle à mon attention.


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2 commentaires

Sand Canavaggia

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Il y a 5 ans

Oh là là, tes mots glissent tout seuls et là j'es viens à oublier sur la fin qu'elle a mal, elle se lance, je suis sous le coup...Mais après tout pourquoi attendre, le temps ne doit pas être étalé quand le destin est là dans nos pensées...

LilouJune

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Il y a 5 ans

Un peu comme Cendrine dans ses prises de décisions, il faut savoir foncer ;)
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