Fyctia
Lorenzo-Noël quelle barbe ! 1
Je déteste les festivités de Noël, cette satanée période où tout le monde s’enflamme à la lueur des guirlandes clignotantes et des chansons dégoulinantes de bons sentiments. Et cette année, c’est encore pire ! Pourquoi a-t-il fallu que Marie ait eu la brillante idée d’inviter cette fille citadine jusqu’au bout des ongles ? La pauvre, c’est clair qu’elle fait tache, en plus, elle n’a pas l’air du tout dans son élément ! J’ai pu m’en apercevoir lors de notre pathétique cours de ski. Elle a été pi-toy-able et je pèse mes mots. Je n’ai pas voulu lui mettre la honte devant tout le monde, mais il ne faudra pas compter sur moi pour renouveler l’expérience ! Si jamais elle a l’envie de reprendre un cours de ski, ça sera sans moi !
Je regarde par la fenêtre du chalet : la neige tombe à gros flocons. La montagne est magnifique en cette saison, c’est très apaisant. Enfin, ça pourrait l’être…Malheureusement, ma tranquillité est gâchée par la présence envahissante de Clara, alias Miss catastrophe ambulante.
Pour être honnête, je n’étais déjà pas ravi que Marie ait invité quelqu’un, mais, quand j’ai passé la porte et que j’ai réalisé que c’était elle, j’étais au bout de ma vie ! Elle représente tout ce que je déteste : la citadine trop sophistiquée, trop maniérée, trop fashion… Trop pas mon genre quoi ! Moi j’aime les personnes simples, authentiques, qui ne passent pas des heures à s’apprêter… Mais, et c’est bien là le problème, il y a quelque chose chez elle qui m’agace encore plus, c’est son attitude, sa façon de minauder en permanence, c’est insupportable. D’accord, je dois bien admettre que, physiquement, elle est jolie. Je veux dire, objectivement, je la trouve même touchante quand elle arbore son petit sourire un peu timide. Mais c’est le genre de fille qui me met mal à l’aise, parce que je sais que, tous les deux, on n’évolue pas dans le même monde. Je ne comprends même pas pourquoi elle est amie avec ma sœur, elles n’ont pas grand-chose en commun à première vue. Il n’y a rien de très naturel chez elle, à commencer par ses cheveux. J’imagine qu’elle doit dépenser une fortune chez le coiffeur. Je ne parle même pas de sa manucure ! La pauvre, elle n’était même pas capable de fermer une paire de godasses toute seule ! Elle doit passer des heures à se préparer dans la salle de bain. À quoi ressemble-t-elle vraiment sous le maquillage et sans ses vêtements parfaitement choisis pour l’occasion ? En arrivant ici, elle a certainement dû croire que le dress code c’était : chic aux sports d’hiver, mais visiblement, le côté « pratique » lui est totalement passé au-dessus de la tête.
Je suis perdu dans mes pensées quand Marie débarque en sautillant dans la cuisine, le sourire aux lèvres. Je ne sais pas où elle trouve toute cette énergie. Franchement elle m’épuise !
— Et si on préparait du vin chaud ce soir, pour réchauffer un peu l’ambiance ? s’exclame-t-elle joyeusement.
Super. Encore une de ces idées farfelues dont je me serais bien passé. Et pourquoi pas du lait de poule tant qu’on y est ? Comme si avoir fait des biscuits cet après-midi n’était pas déjà suffisant ? Je soupire, mais évidemment, Marie ne remarque rien, elle est bien trop à fond dans son délire. Clara débarque peu après, avec cet air un peu perdu qui me laisse perplexe. Elle a laissé de côté son look « influenceuse à la neige », mais même avec une tenue plus simple, elle reste trop apprêtée pour une soirée tranquille au coin du feu. Tout chez elle me crie qu’elle n’est pas vraiment à sa place ici, pourtant, je vois bien qu’elle fait des efforts pour essayer de s’intégrer. Je dois reconnaître que ça lui va bien, ce petit air timide, mais ce n’est pas une raison pour que je me laisse attendrir.
— Est-ce que je peux vous aider ? demande-t-elle, d’une voix douce.
Marie, toujours dans son rôle de cheffe des festivités, l’accueille avec un grand sourire.
— Si tu veux ! Lolo va te montrer comment préparer le vin chaud, c’est lui le pro ici.
Je lève les yeux au ciel. Le pro du vin chaud ? Mais bien sûr !
— Vraiment, je t’assure que ça n’a rien d’exceptionnel. C’est juste du vin et des épices ! J’attrape une casserole et je me mets au travail.
Clara se rapproche. Un peu trop à mon goût. Je fais mine d’être concentré sur ce que je suis en train de faire pour éviter qu’elle ne me pose trop de questions. Mais, bien sûr, elle essaye de faire la conversation.
— C’est sympa, toutes ces traditions : la décoration du sapin en famille, les biscuits de Noël et maintenant le vin chaud…
Je hausse les épaules.
— Ouais. Rien d’extraordinaire, ça fait partie du folklore classique de Noël.
Elle essaye de sourire, mais je vois bien qu’elle est mal à l’aise. J’avoue que mon attitude n’est pas très engageante, mais je n’ai pas envie de faire des efforts. Pourtant, elle ne lâche pas l’affaire pour autant.
— Vous avez l’air tous tellement impliqués dans la famille, on se sent vraiment dans l’ambiance de Noël, ça fait chaud au cœur ! continue-t-elle.
— Oui, c’est vrai. Mes parents et Marie adorent ces traditions, ma sœur ne vit que pour Noël, alors que moi, c’est juste… disons que je joue le jeu pour leur faire plaisir.
Elle s’approche encore un peu plus de moi, je sens qu’elle m’observe, et ça en devient presque gênant. Parce qu’elle est belle, qu’elle est gentille, et que, même si elle est absolument nulle en ski, ce n’est peut-être pas une mauvaise personne pour autant. Peut-être que je l’ai jugée un peu vite sans la connaître après tout ? Et là, il a fallu qu’elle sorte sa petite phrase qui allait finir d’enfoncer le clou et commencer à me faire culpabiliser d’être aussi froid et distant avec elle.
— Noël dans ma famille c’est bien différent, m’avoue-t-elle. Disons que l’on se supporte plus que l’on s’apprécie, mais on essaye de faire semblant, parce que c’est la famille, qu’on ne les voie pas tous les jours et que ça reste une fête familiale malgré tout. Le cœur n’y est pas, alors que vous… Vous avez l’air tellement soudés.
Ce qu’elle dit est triste, et ça me surprend qu’elle se laisse aller à ce genre de confidence alors que, finalement, on se connaît à peine. Je ne sais pas vraiment quoi répondre, alors je me concentre sur les épices que je jette dans la casserole, histoire d’éviter une conversation qui pourrait devenir trop personnelle et malaisante.
Elle reste silencieuse un moment, visiblement un peu désarçonnée, mais elle continue de sourire, poliment. Je n’ai jamais été trop doué pour les longs discours et encore moins pour les conversations larmoyantes. Pour qui elle m’a pris ? Pour son psy ?
3 commentaires
Akiria.s
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Il y a 21 jours
Emma Hermosa
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Il y a 15 jours
Stella King
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Il y a 24 jours