Beryl L Un noël surprise au pays des crocodiles Chapitre 13

Chapitre 13

Garland reste le nez fourré dans sa paperasse tandis que je me rends en cuisine pour aider Judy à ranger les courses alimentaires qu’elle a effectuées en plus du ravitaillement de la boutique. Je sors une sorte d’énorme radis noir d’un cabas, me demandant bien ce que cela peut-être.


— Tu connais ? C’est du yuka, on l’utilise beaucoup dans la cuisine cubaine d’où je suis originaire.


— Non, pas du tout, je croyais que c’était un radis.

Elle rit.


— C’est délicieux avec beaucoup d’ail. Ethan adore ça.


Je saute sur l’occasion. J’ai tellement de questions à poser le concernant, mais je ne veux pas être indiscrète.


— Tu as l’air pensive, me dit-elle. Ça va ?


— Non, c’est que je me sens bête, je croyais qu’Ethan était votre fils à Garland et toi.

Elle éclate de rire. Mais sa voix est douce et bienveillante quand elle s’adresse à moi.


— Ne te sens pas bête bella. C’est vrai que Garland l’appelle fiston et que physiquement il pourrait être notre fils. Non, nous n’avons que Carla, notre fille unique. Elle va d’ailleurs venir passer Noël avec nous. Tu vas l’adorer.


J’aimerais lui demander pourquoi Ethan vit chez eux plutôt que dans un appartement. C’est certes pratique, mais le jeune homme a l’âge où on a envie d’avoir son indépendance. D’ailleurs avec son côté solitaire il est très mal adapté à la vie en famille avec petits repas pépères le soir et jeux de société le dimanche après-midi. Je vais lui poser la question quand elle me demande :


— Ça te dit de m’aider à cuisiner ce soir ? Tu pourras découvrir comment on cuisine à la cubaine. Bon, assez bavardé, il faut aller s’occuper de réorganiser la boutique.


— Allez vous reposer Judy, j’aiderai Maggie à la boutique, ça me fait plaisir.


— Mais, et tes crocos ?


— Ils ont Ethan, ils vont se débrouiller sans moi.


Elle acquiesce et me laisse partir. Au moment où je sors du bâtiment, mon portable vibre dans la poche de mon short. Les filles se seraient-elles enfin souvenues de mon existence ? Je décroche sans regarder l’écran, dans ma précipitation habituelle.

— Tu décroches enfin ! C’est pas possible ça Paige !



Oh non ! Mon père ! En plus s’il m’appelle Paige, c’est vraiment très mauvais signe. Qu’est-ce que j’ai encore fait ? Disons plutôt que je n’ai rien fait du tout. Je ne l’ai pas dit, mais il me paie un petit bonus pour être ici, sinon j’aurais sacrifié une de mes jambes pour renoncer à cette mission. Il attend donc des résultats à son petit investissement.


Je respire un grand coup. J’essaie de repousser l’ennemi sans aucun argument nouveau :


— Papa, je ne peux pas te parler maintenant.


Sa voix se fait glaciale, m’intimant l’ordre de m’isoler dans un coin tranquille. Je le mets en attente et me dirige vers le parking, là où aucune oreille compromise pourrait m’entendre et où l’ombre fait cruellement défaut.


— Mon petit doigt me dit qu’il y a enfin du nouveau. Alors ? dit-il, de l’impatience dans la voix.


Son petit doigt ? Il est devin maintenant ? La bonne blague. Je penche plutôt pour la caméra de surveillance dans la maison ou un micro placé par sonde dans mon corps pendant mon sommeil. Peu réaliste ? J’opte pour le drone, scrutant désormais le ciel immaculé à la recherche de l’intrus, me brûlant la rétine sous le soleil de Floride.


Je n’ai pas le choix que de lui raconter ce que je sais.


— Parfait ma chérie, parfait. Continue à creuser. Gagne leur confiance, ils se confieront peut-être à toi. Ils vont finir par craquer.


— Mais papa, qu’est-ce que tu caches ? Tout ça ne me plait pas trop. Et puis j’ai des idées, ...


Mais il m’interrompt.


— Désolée ma puce je dois te laisser. Merci pour ton travail et bonne chance avec les crocos.


Il me cache des choses et en plus il se moque clairement de ma poire !


J’ai envie d’un coup de s’aborder ma mission. Qu’il se débrouille et vienne à la pêche aux infos lui-même, non mais ! Et si je n’attendais pas douze jours pour partir ? Après tout, je suis une adulte, je fais ce que je veux. Je peux me passer de deux mille dollars de bonus, d’un père et d’un travail inintéressant. Je vais peser le pour et le contre.


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5 commentaires

Emilie Hamler

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Il y a un jour

2000 dollars de bonus ça se réfléchit quand même ahah J'ai vraiment trop de peine pour Judy et Garland. J'ai l'impression que le Père de paige cherche le moindre argument pour vendre le refuge...

Beryl L

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Il y a un jour

C est comme le salaud des téléfilms de Noël qui veut racheter le petit Bed and Breakfast et construire un complexe hôtelier en béton 😂

Emilie Hamler

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Il y a un jour

C'est exactement ça on sent les heures devant les Téléfilms de Noël 😂

Laetitia B

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Il y a 16 jours

Et te voilà débloquée 😛

Beryl L

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Il y a 16 jours

Merciiiiiiii!
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