Fyctia
31/tous azimuts
- Oui, oui, tu as bien compris!
Je rigole à moitié au téléphone.
- Et attends, ce n'est pas fini : j'ai eu Valériane quant à ma démission et quand elle a essayé de se la jouer autoritaire, je lui ai dis ma façon de penser. En conséquence, elle me dispense du délai de préavis, elle a dit qu'on allait pouvoir s'arranger!
Je sens presque le sourire d'Emy à l'autre bout du fil...
- Eh bien! Que de changements! Je suis très fière de toi ma chérie, très contente que tu te réveilles.
- Merci! J'ai l'impression que tout me sourit en ce moment! Enfin, pas tout, mais je préfère voir le positif.
- Et alors? Tu me racontes ce qu'il s'est passé avec Marius?
Nous discutons encore plusieurs longues minutes du comportement odieux de mon premier amour et de mes réactions. Surtout du repas avec Sébastien. Comme avec lui, je ne souhaite pas revenir sur les moindres détails de ma jeunesse ; il s'agit de mon passé et j'entends bien le laisser derrière moi. Je dois avancer.
Je marche longtemps ensuite, tout en l'écoutant m'énumérer ses premières décisions pour le mariage, la liste grandissante des invités, les différents lieux et prestataires qui s'offrent à eux.
Alors qu'elle s'arrête car elle doit "vraiment" reprendre le travail, après plus d'une heure et demie de discussion, je lève les yeux et observe le bâtiment qui me fait face. J'ignore les raisons qui me poussent à m'inquiéter pour lui, Sébastien n'a pas entièrement tort... Malgré tout, je décide d'entrer et arpente les couloirs devenus presque familiers jusqu'à sa chambre.
Mon regard passe rapidement du lit vide à la fenêtre puis à la porte de la salle de bains qui s'ouvre inopinément. Ouf! Il est là. Habillé, coiffé, un sourire candide aux lèvres, quelque peu gâché par un air légèrement soucieux.
Son visage semble laisser de côté cette contrariété et s'illuminer quand il me voit.
- Louisa. Tu es revenue! Comme tu es jolie aujourd'hui.
Je ne prends même pas la peine de le remercier pour son compliment et enchaine.
- Je te l'avais promis. Tout va bien? Tu as l'air préoccupé...
Ses yeux me sondent, hésitants. La main de mon inconnu passe derrière sa tête, il rougit et semble gêné.
- Eh bien... En fait l'hôpital ne peut pas me garder davantage puisque je vais mieux et que je suis réveillé.
- Quoi?? Mais... c'est très récent ! Je balbutie.
- Ils me laissent jusqu'à demain pour trouver un endroit où dormir.
- Et où vas-tu aller ?
D'un tendre sourire, il me répond sans nervosité.
- Je ne sais pas. Je vais bien trouver, j'imagine.
Une idée traverse mon esprit et mes mots vont bien plus vite que ma réflexion. Trop sans doute.
- Viens chez moi!
Aucune réaction de sa part. C'est comme s'il s'était figé. Je me reprends et tente de le mettre à l'aise.
- Si tu ne veux pas je compendrais. C'est juste que je n'y suis pas en ce moment.
Il me coupe.
- Je... je suis d'accord Louisa. Tu es vraiment une fille formidable! Tu me sauves encore une fois !
- Absolument pas! C'est plutôt moi qui t'es mis dans cette situation!
- Pas que toi... Je trouverai vite une autre solution.
- Ne t'inquiète pas pour ça, comme je te l'ai dis, je n'y suis pas actuellement.
Je regarde la pièce et m'aperçois qu'un sac en plastique semble contenir ses effets personnels. Mes yeux se portent de nouveau sur lui, plutôt sur ses vêtements. Je prends conscience que c'est sûrement l'hôpital qui lui a prêtés ceux qu'il porte et qui sont dépareillés et trop grands pour lui.
- Toutes tes affaires sont là ?
Un soupir s'échappe de ses lèvres.
- Il semblerait. Elles sont bonnes à jeter...
Son visage s'obscurcit un instant et un air mystérieux s'empare de celui-ci.
- Un problème ?
- Je trouve bizarre de n'avoir eu aucun papier sur moi... Je me demande bien ce que je faisais...
- Et moi dont !
Ses yeux se tournent vers moi et je ressens soudainement une chaleur honteuse m'envahir entièrement.
- Excuse-moi, je ne voulais pas en rajouter.
- Aucun souci, tu te poses autant de questions que moi, je crois.
J'acquiesce de la tête.
- Bon alors voilà comment je vois les choses pour demain. Je viens te chercher le matin, disons vers 10 heures. On ira faire les boutiques pour te racheter quelques vêtements, ensuite on pourra manger un bout et je t'installerai chez moi. Ça te convient ?
- Ce serait parfait, mais je ne peux pas accepter, Louisa.
Son air triste et coupable me fend le cœur.
- Pourquoi?
- Je ne peux pas te laisser dépenser de l'argent pour moi de cette façon.
Je m'avance vers lui et prends sa main dans la mienne, pensant justement à la manière dont Sébastien m'a accueillie après l'accident et à toute la générosité dont il a fait preuve envers moi pour que je me sente mieux.
- Disons que ce n'est qu'une avance. Tu me rembourseras quand tu pourras.
Une étincelle s'allume dans ses yeux et son sourire lui revient.
- Quelle merveilleuse idée ! Encore un immense merci Louisa!
- Bon eh bien c'est impeccable ! Par contre, il va falloir que j'y aille.
Je ne pense pas me tromper en lisant la déception sur son visage, alors je tente de rattraper mes mots du mieux possible.
- Il faut que je me prépare à te recevoir! Que je range un peu, que je remplisse les placards... Et puis, je reviens demain!
- D'accord Louisa. Et je te rembourserais dès que je pourrais, c'est promis...
Je l'embrasse rapidement sur la joue et m'apprête à faire fais demi-tour, quand sa voix ajoute timidement:
- Mais Louisa... c'est quoi rembourser?
Je me retourne furtivement et éclate de rire. Quelques minutes après lui avoir expliqué le concept, je tourne les talons et repars comme j'étais venue.
Il est vraiment drôle malgré lui parfois. Je ne sais pas d'où il vient et j'espère sincèrement que ses souvenirs lui reviendront bientôt, parce que ne pas connaître le remboursement ou d'autres concepts de ce style pourrait lui attirer bien des ennuis...
Je repousse cette image de mes pensées et songe de nouveau au petit mot de Sébastien trouvé ce matin.
Une chaleur s'immisce au creux de mon ventre. La possession dont il a fait preuve à mon égard en m'écrivant que je serais à lui ce soir me laisse pantelante. J'espère vraiment qu'il ne sera pas rentré. Il va voir ce qu'il provoque en laissant de tels écrits...
Je ne lui ai pas encore sorti tout ce que nous avions acheté avec Emy, mais je suis à peu près certaine que tout lui plaira. Un feu intense semble se réveiller en moi à cette idée et j'ai la sensation d'enfin comprendre le sens de l'expression femme fatale. Je commence à savoir ce que je veux. Et pour ce soir, je le veux lui.
Arrivée devant la façade de l'immeuble, je ne distingue pas de lumière aux fenêtres. C'est plutôt bon signe, je vais pouvoir me préparer. Ni une ni deux, je prends l'ascenseur et parviens à son étage. J'ouvre délicatement la porte d'entrée et m'insinue dans la pénombre.
Ma main tâte le mur à la recherche de l'interrupteur. J'ai à peine le temps de le sentir que des cris me font sursauter.
SURPRIIIIIIISSSSEEEEE!
2 commentaires
Jess Swann
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Il y a 2 ans
Ellover
-
Il y a 2 ans