Alconstance Un Noël (beaucoup trop) proche de toi ! 7 - Victoria

7 - Victoria

Le froid matinal me mord la peau dès que je sors de ma chambre. Charmant réveil. Je resserre ma robe de chambre en soie autour de la taille, frissonnant malgré moi.


J’ai plutôt bien dormi. Ma main, elle, un peu moins. Mais c’est de ma faute, je le sais. Je n’ai qu’à m’en prendre à moi-même.


Il y a un calme ici qui m’a tirée du sommeil. Ce genre de silence qu’on ne trouve pas à Paris, où même la nuit a besoin de faire du bruit. Ici, j’ai l’impression qu’on pourrait entendre une mouche marcher sur la neige. Les chouettes m’ont tenue compagnie, et pour la première fois depuis longtemps, je me suis sentie en sécurité.


Mais ce n’est pas le moment de penser à ça.


Le chalet est encore plongé dans une semi-obscurité. Seul le feu crépitant dans la cheminée rompt le silence. Je m’arrête quelques secondes pour observer ce moment suspendu. L’odeur du café flotte déjà dans l’air, et mon estomac grogne à l’idée d’un petit-déjeuner chaud.


Je passe une main dans mes cheveux en désordre et me dirige vers la cuisine, espérant profiter de quelques minutes de calme avant que le cirque ne commence.


Mais évidemment… il est déjà là.


Nicolas est assis sur un tabouret, bol de café fumant entre les mains, vêtu d’un jogging qui pend dangereusement bas sur ses hanches et d’un t-shirt qui épouse un peu trop bien son torse. Il relève les yeux… et se fige. Un sourire en coin se dessine aussitôt sur son visage.


— Eh bien, bonjour à toi aussi, Vic.


Je plisse les yeux. Sérieusement ? Dès le matin ? Il est né pour me faire sortir de mes gonds. Et il excelle à ce jeu.


— Ne m’appelle pas Vic.


Son sourire devient presque tendre. J’ai envie de lui balancer la cafetière à la figure. Pourquoi ne prend-il jamais rien au sérieux ? C’est juste un surnom, mais venant de lui, ça me donne envie de hurler.


Je passe devant lui, son parfum boisé se mêlant à l’odeur du feu. Une combinaison aussi envoûtante qu’agaçante. Je prends une tasse derrière l’îlot et me sers du café, sentant son regard peser sur moi. Très bien. Qu’il mate s’il veut. Ce n’est pas moi qui vais rougir.


Enfin… jusqu’à ce que je réalise pourquoi il me fixe avec cet air mi-amusé, mi-surpris.


Je baisse les yeux.


Et me fige.


Je ne porte qu’une robe de chambre légère, entrouverte sur une nuisette assortie. Mes jambes nues. Mes épaules à peine couvertes. Génial. Je suis à moitié à poil devant lui.


Merde.


Je me redresse d’un coup et resserre la ceinture de ma robe, espérant que la chaleur ambiante justifie la rougeur soudaine de mes joues.


— Un problème ? je crache, acide.


Il prend une gorgée de café, l’air parfaitement détendu. Ses yeux, eux, ne me quittent pas une seule seconde.


Je me hais. Je n’ai jamais eu honte de mon corps — je m’entretiens, je fais ce qu’il faut. Mais sous son regard, là, maintenant, j’ai envie de disparaître dans la cheminée. C’est parce que c’est un collègue. Oui. Voilà. Un collègue que je ne supporte pas.


— Aucun problème. C’est juste… un peu tôt pour un défilé de lingerie, non ?


Je lève les yeux au ciel, bras croisés sur ma poitrine.


— C’est une nuisette, Nicolas. Pas de la lingerie.


Il arque un sourcil, de plus en plus amusé. Génial. On va repartir dans une joute verbale dès le petit matin.


— Ah oui ? Y’a une différence ?


— Une énorme différence.


Il se redresse, faussement curieux. Je décide de jouer le jeu. Mes mains trouvent le plan de travail derrière moi, je me tiens droite, je ne cache plus rien. Une nuisette, ce n’est pas indécent. Il aurait préféré quoi ? Un pyjama en pilou avec des chats dessus ? Très peu pour moi.


— J’imagine que ça dépend du point de vue.


Et je sais très bien quel point de vue il adopte. Celui de l’abruti qui reluque tranquillement sa collègue, persuadé que ça passe crème. Sauf que... je ne suis pas insensible. Et je déteste ça.


— J’imagine que le tien ne m’intéresse pas, je rétorque en m’installant à table.


Il rit doucement, me suivant du regard, savourant chaque pas.


Mais la porte de la chambre d’Henry s’ouvre avec fracas, et notre patron débarque comme un enfant le matin de Noël. Fatiguée déjà.


— Mes chers candidats ! Il est temps d’annoncer notre premier défi !


Rémi et Ninon débarquent, à moitié endormis. Nicolas serre rapidement la main de sa sœur puis se tourne vers Henry, tout sourire.


— J’espère que vous êtes prêts, car ce premier défi va tester votre créativité… et votre esprit de Noël !


Je lève une main, blasée.


— Henry… on peut peut-être manger avant de sombrer dans la folie ?


Rémi hoche vigoureusement la tête. Pas un mot de plus sans café. Je me lève, attrape la cafetière, et sers une tasse à Rémi, puis à Henry.


En arrivant devant Nicolas, il me tend sa tasse avec un regard de chiot amoureux. Je pourrais être gentille. Lui verser du café. Sourire. Faire un effort. Mais ce n’est pas moi. Je suis un glaçon. On me l’a dit cent fois. Et je préfère qu’on garde ses distances. Peu de gens ont le droit de franchir cette barrière.


Je le zappe royalement et retourne à ma place. Il sourit, bien sûr. Je commence à tartiner une tranche de pain, déjà en train d’anticiper la galère à venir.


Nicolas se lève, me frôle ostensiblement pour attraper la cafetière, et repasse derrière moi. Cette fois, il se penche à mon oreille.


— Pas très gentil, Vic.


Son souffle chaud me chatouille la peau. Je reste droite, stoïque. On ne joue pas ce jeu-là.


Henry inspire théâtralement.


— Votre mission, si vous l’acceptez, est de créer… le plus beau sapin de Noël du village !


Silence.


— Donc… on va juste décorer un sapin ? marmonne Rémi, encore à moitié endormi.


Nicolas retourne à sa place. Même lui a l’air vaguement surpris.


— Pas juste un sapin ! Le plus beau, le plus féerique, le plus mémorable ! Celui qui incarnera l’esprit de Noël !


Je souffle. Ça aurait pu être pire.


— Et donc, on a un budget ? Un temps ? je demande, toast en main.


— Jusqu’à ce soir. Un emplacement chacun, un budget identique, accès aux mêmes décorations. Mais carte blanche pour personnaliser à votre image !


— Facile, lance Nicolas avec ce sourire insupportable.


Je serre les dents. Monsieur travaille dans le créatif, bien sûr que c’est facile.


— Tu penses pouvoir battre mon sapin ?


Ses yeux vert émeraude brillent de défi.


— J’en suis certain.


Et voilà. La compétition est lancée. Je sens déjà les souvenirs remonter. Ce ne sera pas une partie de plaisir… mais je refuse de perdre face à lui.


— J’adore cet esprit de challenge ! s’exclame Henry.


Ninon est surexcitée. Son pyjama licorne, ses yeux brillants… Elle est adorable. Elle me rappelle une époque lointaine.


— Trop bien ! Je peux aider ?


Henry lui sourit comme un grand-père attendri.


— Tu seras notre juge ! Mais à une condition : être impartiale. Tu ne votes pour ton frère que s’il le mérite.


Ninon hoche la tête, le bonheur collé au visage. Je croise les bras, analysant déjà mes options. Un sapin de Noël ? Ça devrait être simple. Ou pas.


Mais dans tous les cas… ce sapin-là, ce sera une déclaration de guerre.

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