Angèle G. Melko (ColibriJaune) Un mal pour un mieux Chapitre 12 - 2/2

Chapitre 12 - 2/2

Le lendemain, la maison est vide et terriblement silencieuse quand je me lève. Sylvain doit déjà être parti rejoindre sa moitié et leur petite merveille. Voici un petit avant goût de ce qui m'attend à mon retour en France. Il va falloir que je m'habitue à vivre esseulée, seule et solitaire, comme dirait Sid dans l'âge de glace 3. Je tourne en rond un moment ne sachant si je dois compter sur le retour de mon cousin pour le repas du midi ou non. Je me prépare à deux à l'heure puis me traîne entre la cuisine et le salon dans l'attente d'avoir de leurs nouvelles. Il va certainement me tenir au courant voire même rentrer pour manger avec moi. Et dans l'intervalle, un peu de repos assorti d'un peu de lecture, voilà qui me paraît parfait ! Ce n'est pas parce que je suis à l'autre bout du monde que je dois occuper chaque seconde de mon temps à faire des visites. Il est presque midi quand j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Je bondis du fauteuil pour accueillir Sylvain et me retrouve nez-à-nez avec Marie-Eve tenant le petit prince lové dans un cosy.


- Déjà de retour ? C'est pas un peu court comme séjour post accouchement, je n'ai même pas eu le temps de venir te voir à l'hôpital ?

- Ben tsé, si tout va bien, y te gardent pas pour le plaisir !

- Et ça ne te fait pas flipper ?

- J'ai posé toutes les questions importantes et obtenu toutes les réponses, pis une infirmière va venir contrôler que tout va bien. C'est correc' ! De toute façon, j'ai pas tellement le choix, là !


J'en reste pantoise ! Quelle sérénité, quelle flegme, quelle... résignation ! A moins qu'elle soit trop à l'ouest pour réaliser... Après tout, elle a l'air pas mal fatiguée. Je l'aide en prenant sa veste et son sac. J'évite soigneusement de toucher le cosy. J'ai soudain de véritables sueurs froides face au poussin, si fragile, qui dort... Ben, comme un bébé, en fait ! Sylvain entre enfin avec un énorme paquet de couches et tout un tas de produits et matériels de soin pour nourrissons. Il se dirige vers la pièce que j'occupe depuis mon arrivée. Je prends alors conscience qu'il s'agit de la chambre de Raphaël. Mon cousin m'adresse d'ailleurs un regard assorti d'un sourire un peu gêné en me demandant si ça m'embêterait de dormir au salon désormais. Même si lui et Marie-Eve souhaitent garder le nouveau-né dans leur chambre les premières semaines, ils ont malgré tout besoin d'avoir accès librement à cette pièce pour le change et l'allaitement à toute heure du jour et de la nuit. Bien entendu, j’acquiesce et me dépêche de déménager mes affaires.


Je passe le reste de la journée à m'excuser d'être dans leurs pattes, toujours au mauvais endroit au mauvais moment. Je n'ai pas osé partir en balade pensant me rendre utile. J'aurais pourtant dû, j'ai vraiment les deux pieds dans le même sabot. Je me sens gauche et mal à l'aise dès que j'approche le nourrisson. Je me statufie dès que je le porte, pétrifiée à l'idée de le laisser tomber ou de le... tordre ? Il doit le sentir, il se met à pleurer en ma présence. Je réalise avec effroi et lucidité que mes envies de maternité étaient quelque peu précoces. Celles-ci s'inscrivaient dans une suite d’événements que je m'étais mis en tête d'accomplir vite et dans l'ordre pour réussir ma vie. Je me rends compte aujourd'hui que j'étais dans l'erreur.


La nuit suivante est absolument atroce et ne fait que confirmer que je ne suis pas prête à être maman. J'aime beaucoup trop dormir. J'en ai besoin. Elle confirme également que ma place est ailleurs. Non mais mince de zut ! la cavalcade de mon quotidien venait de se calmer et voilà qu'un nouvel imprévu me fait changer mes plans. En même temps, j'imagine qu'à huit mois et demi de grossesse, ça lui pendait au nez, à Marie-Eve ! Je dois m'éclipser autant parce que je me sens de trop que pour fuir cette vision de l'existence à laquelle j'ai fort heureusement échappé.


- Tu veux t'en aller ? On ne te vire pas, tsé !

- Non, je sais bien ! Mais je me sens de trop. Vous avez besoin d'être entre vous, et...

- Et ça te fait flipper tout ça, pas vrai ?

- Ben, un peu. J'avoue.

- Et tu comptes aller où ?

- J'ai fait quelques recherches cette nuit. J'ai quelques idées. Je pensais louer une voiture et me lancer dans une sorte de road trip.

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29 commentaires

Aziliz Bargedenn (Melocoton)

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Il y a 4 ans

Waouh ! Un road trip ! Elle prend de l'assurance… Ne va-t-elle pas croiser de nouveau un certain Viking ?

Mauve Lace

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Il y a 4 ans

Yes! Bonne idée le road trip

Cendre Elven / Mary Ann P. Mikael

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Il y a 4 ans

Elle doit en effet se sentir tellement de trop dans ce foyer qui trouve ses marques avec ce petit bébé

FleurDelatour

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Il y a 4 ans

Très beau revirement. Finalement on croit vouloir qqch jusqu'a ce qu'on se retrouve en face et qu'on se demande pourquoi on le voulait aussi fort!

Angèle G. Melko (ColibriJaune)

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Il y a 4 ans

C'est exactement ça ;)

Justine HSR

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Il y a 4 ans

Un heureux événement qui la pousse à envisager un road trip, joli coup d'ailes ! J'adore que tu utilises le français québécois, mais attention à son emploi dans la narration de ton héroïne. Celle-ci est Française, me semble-t-il. Il faudrait qu'elle soit là-bas depuis un certain temps pour l'acquérir et l'utiliser pleinement. Dans les dialogues avec les locaux, le contraste peut être établi par contre afin de montrer incompréhension et varier la langue : c'est même très bien et vivement conseillé. Hâte de lire ses aventures, ce revirement de situation est bénéfique à ton histoire ;)

Angèle G. Melko (ColibriJaune)

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Il y a 4 ans

A quels passages de la narration fais-tu référence ? Il ne me semblait pas avoir mis de québécois ailleurs que dans les dialogues... Mais parfois, je ne sais plus ce qui est québécois ou non, j'ai gardé quelques tics de langage même si cette période de ma vie est bien loin déjà...

Justine HSR

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Il y a 4 ans

Je relis vite pour te les surligner ;)

Mylee R.

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Il y a 4 ans

Hahaha! Ah oui vous aussi vous mélangez les langues! 😆 Et tant mieux si vous n’avez pas cette opinion de nous du fait qu’on parle mal ! 😅 Et je te rassure, tu traduis très bien notre jargon, ça ne doit pas être évident! D’ailleurs en parlant avec Véronique, je me suis rendue compte qu’ici on dit « j’écoute » la télévision, alors qu’il faudrait dire « je regarde » la télévision! 🤷🏻‍♀️ Mais bon, on arrive à ce comprendre malgré tout et ce qui fait la beauté des différences ! ☺️

Jessica Lament

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Il y a 4 ans

J'aurais eu la même réaction qu'elle en me sentant de trop !
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