Fyctia

Marylou tapote le siège à côté d'elle et fait signe à Joan de faire le tour pour s'asseoir dans l'habitacle. Il fait une moue surprise, mais s'exécute.

Elle profite qu'il ne la voit pas un court instant pour sécher ses larmes, puis attend qu'il se soit installé. Elle prend une grande inspiration et se tourne vers lui, cherchant son regard dans la pénombre.

- Joan, je te présente mes excuses pour l'attitude de Mandy, et mon manque de réaction. Elle ne m'avait jamais parlé comme ça. Je me suis trouvée tellement surprise que je n'ai pas su quoi dire. J'avais tellement honte ! On m'a raconté qu'elle a aussi été insolente avec toi quand je suis partie. Je suis vraiment désolée.

Joan se racle la gorge, visiblement gêné, et regarde ses mains.

- J'avoue que je n'ai vraiment pas apprécié ce moment, mais ce n'est pas ta faute.

Il soupire et poursuit, regardant Lou en face.

- J'ai passé un peu de temps avec mes fleurs, et la colère m'a quitté à présent. Je n'ai pas d'enfants. Je ne suis pas habitué à ce qu'une ado m'envoie chier devant tout le monde. C'est très vexant.

Marylou presse sa main sur son front et grimace.

- Je suis vraiment navrée Joan. Je comprendrais que tu ne veuilles plus nous voir.

- Laisse moi terminer s'il te plaît.

Lou soupire et acquiesce en silence.

- Je comprends ta réaction. Quand on subit un stress intense et qu'on ne sait pas quoi faire, notre instinct nous pousse à fuir. Ce n'est pas de la lâcheté, c'est de la survie.

- Je me trouve quand même nulle comme mère.

- Ne soit pas trop dure avec toi même.

Joan s'adosse au siège et regarde dans la noirceur de la nuit face à lui, avant de continuer.

- Je n'étais pas un ado facile. J'en ai fait voir des vertes et des pas mûres à mes pauvres parents. Je pense que j'ai déjà parlé plus mal que ta fille aux adultes qui s'opposaient à moi.

Il esquisse un sourire à l'évocation de ses souvenirs.

Je sais que je leur ai fait honte plusieurs fois, surtout quand ils étaient convoqués par le proviseur. Ils m'ont toujours pardonné et assuré de leur amour indéfectible, quelles que soient mes erreurs. J'ai eu beaucoup de chance.

Joan laisse un court silence s'installer, puis il reprend.

- Pour être heureux, il ne faut pas garder de rancunes. Il faut pardonner et bénir les personnes qui nous font du mal, volontairement ou pas. Cela nous fait grandir et fait de nous de meilleures personnes. Rien n'arrive par hasard. Il se tourne vers elle pour capturer son regard.

- Lou, j'ai déjà pardonné à Mandy. Quand à toi, je n'ai rien à te pardonner, tu n'as rien fait de mal.

Marylou est époustouflée par ce qu'elle vient d'entendre. -C'est un jeune homme ou un moine Tibétain ? Les paroles qu'il vient de prononcer sont tellement sages !-.

- Joan. Je te remercie d'avoir déjà pardonné à Mandy, mais je lui demanderai quand même de venir te présenter ses excuses.

- Si tu veux. Mais grâce à elle j'ai réalisé quelque chose d'important aujourd'hui. Quelles que soient les difficultés ou les épreuves, je veux faire un bout de chemin avec toi.

Marylou déglutit. Elle s'attendait à tout sauf à ça.

-Il ne m'en veut vraiment pas ? Il a déjà pardonné à Mandy ? Il est vraiment incroyable !-.

- Je suis très touchée Joan.

- C'est la vérité ma petite louve. Tu es sauvage, et ta progéniture a un sale caractère, mais c'est toi que je veux.

Un grand sourire naît sur les lèvres de Lou et elle s'approche de Joan.

- Tu ne veux pas t'enfuir tant qu'il en est encore temps ?

- Sûrement pas. Je suis sûr que c'est le destin qui nous a permis de nous rencontrer. Il y aura sûrement des obstacles qui se dresseront sur notre route, mais on essaiera de les franchir ensemble, d'accord ?

Lou se mord la lèvre inférieure et accroche ses bras à son cou, plaçant ses lèvres à quelques centimètres des siennes.

- Heureuse d'avoir trouvé un homme assez courageux pour tenter une aventure avec moi.

Joan s'approche légèrement jusqu'à effleurer ses lèvres.

- Courageux, ou bien c'est ton envoûtement qui est sacrément puissant.

Ils s'embrassent lentement et tendrement, le temps s'étant enfin suspendu pour eux, tandis que le moteur de Titine ronronne de satisfaction.