Fyctia

Elle abdique et se laisse aller contre son torse chaud et rassurant, fermant les yeux.

- Je t'aime Joan.

Elle entend Joan faire un effort pour maîtriser sa respiration et lève un regard interrogateur vers lui. Sa bouche s'étire, révélant la petite fossette sexy qu'elle avait déjà remarqué. Il pose son majeur sur son nez droit et fin.

- Tu tentes tout pour me faire craquer, mais je résisterai à ton envoûtement petite ensorceleuse.

Lou rit à sa remarque tendre qui permet de rendre cet instant plus léger.

- C'est pour ça que je t'aime, mon adonis.

Lou se redresse et quitte avec regret ses genoux, cherchant ses affaires tombées au sol. -C'est la fin de cette belle journée. J'aurais aimé qu'elle dure toute la vie !.-

Ils se rhabillent tous les deux en silence, conscients qu'il ne faut pas continuer à jouer avec le feu.

Lou avale son chocolat devenu tiède en restant debout, puis elle adresse un sourire aimant à son futur amant.

- Je vais rentrer chez Lili. On se voit bientôt ?

- Le plus vite possible ! Seuls, toi et moi, tu te souviens ?

- Je verrai ce qui est possible. Si ils ont réparé la route, je vais devoir rentrer rapidement à Genève. Je risque de perdre mon travail, et je ne peux pas me le permettre.

- Tes patrons seront compréhensifs. Ce n'est pas toi qui a fait péter le pont.

- Je l'espère. Ils sont sympas, mais je les ai plantés en plein rush de noël.

Joan lui frotte gentiment le dos.

- Ne t'inquiète pas. Les catastrophes naturelles sont inévitables et tu n'as rien à te reprocher.

- Merci, c'est gentil de me rassurer. Le destin nous a rapprochés toi et moi. j'espère qu'il pourra nous permettre de continuer un peu à nous connaître.

Lou prend le bouquet dans une main, et s'avance dans le couloir pour récupérer son sac à dos. Elle fixe le bouquet à l'avant du sac et se retourne une dernière fois pour lui dire au revoir.

Elle ne peut s'empêcher de ressentir un peu de tristesse et d'appréhension. -Si je dois partir demain matin et qu'on ne peut pas se revoir avant des mois ? Que deviendra notre idylle ?-

Elle se mord la lèvre inférieure et lui adresse un sourire un peu forcé.

- Bonne soirée Joan.

Le sourire franc qu'il lui rend en retour paraît dépourvu de toute inquiétude. - C'est un optimiste de nature-. Constate Lou.

Il s'approche et l'embrasse tendrement.

- A très vite ma petite louve.

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Marylou marche rapidement dans la ruelle en pente envahie par la brume. Le jour décline vite, et il fait froid. Elle est pressée de retrouver Mandy et Lily, et de savoir quelles sont les nouvelles apportées par l'hélico.

Elle croise Mandy qui sort de la maison de ses amis. -Le destin se manifeste souvent ces derniers temps-.

Mandy sourit de toutes ses belles dents blanches recouvertes de rails métalliques.

- Maman !

Marylou ouvre ses bras et se précipite vers sa grande fille. Elle la dépasse déjà de quelques centimètres.

- Ma biquette chérie ! Joyeux Noël !

- Joyeux noël maman !

Elles se serrent fort, puis Mandy relâche son étreinte la première.

- Tu m'étouffes maman !

- Tu as passé une bonne journée ?

- Oui, c'était bien. On a bien mangé et bien rigolé avec les copines. On a joué à plein de jeux trop biens. Leurs parents sont super sympas. Ils aimeraient bien faire ta connaissance. Et toi ? Tu étais où ?

- J'étais partie en rando pour essayer de rejoindre la vallée de Sallanches, mais nous avons dû faire demi-tour à cause du temps.

- Tant mieux ! Lily m'avait expliqué le but de votre rando. Cela ne sert plus à rien car un hélico a atterri ici ce matin et nous avons appris plein de choses. On ne va pas pouvoir rentrer demain, maman.

Marylou fait comme si elle n'était pas au courant.

- Un hélico ! C'est super ! Rentrons chez Lily et raconte moi tout ça.

Tandis qu'elles marchent l'une près de l'autre et que Mandy lui raconte tout ce qu'elle sait, Lou constate que sa fille est métamorphosée. Elle parle fort, rit, son regard est plus vif. Elle paraît heureuse comme elle ne l'avait plus été depuis longtemps. Elle semble avoir retrouvé de l'énergie, comme une plante qui manquait d'eau et qui se redresse quand elle reprend vie. - Ce foutu téléphone est vraiment mauvais pour elle, je vais devoir agir pour qu'elle reste heureuse et épanouie, comme elle l'est maintenant-

- Tu te rends compte ! Toutes les routes sont détruites sur plusieurs tronçons ! Ils ont dit que l'armée allait essayer de déblayer pour faire des passages, et créer des passerelles provisoires pour traverser la rivière, mais si on veut redescendre en voiture il faudra attendre des semaines !

- Nous redescendrons à pied si il le faut.

- Moi ça ne me dérange pas de rester ici maman. Je suis trop bien ! Ajoute Mandy en riant.

La joie de sa fille est communicative et Marylou réalise qu'il lui reste encore un peu de temps pour profiter de Joan. Elle rit elle aussi et embrasse sa fille sur la joue. -La vie est belle !-.

- Nous ferons au mieux. Papi et Mamicha doivent se languir de nous.

- Nous aurons toute notre vie pour aller voir Mamicha, elle comprendra.

Mandy remarque tout à coup le bouquet qui se balance à l'avant du sac à dos de sa mère.

- Tu as ramassé des fleurs pendant ta rando ?

- Non ma chérie, tu vois bien que ce sont des fleurs séchées. Des roses et des lys, en montagne, à cette saison, c'est impossible.

- Mais tu étais avec qui en rando ? Qui t'a offert ce bouquet ?

Le cerveau de Marylou fait des calculs à toute vitesse.

-Aie, les problèmes commencent ! Surtout essayer de la jouer fine.-

- J'étais avec un guide de haute montagne. A cette saison, je ne partirais pas avec n'importe qui.

- C'est qui ce guide ? Vous étiez seuls tous les deux ?

- Oui nous n'étions que deux. C'est Joan, le gars qui fait des bouquets de fleurs séchées. Je lui en ai acheté un pour le montrer à mes patrons. Il fait du super boulot, ça les intéressera peut-être.

Mandy fronce les sourcils, mais l'explication de sa mère est logique, donc elle ne cherche pas à creuser davantage.

- Ah, ok. Lily est rentrée tu crois ?

Marylou se congratule intérieurement.

- Ouf ! Ca a marché ! C'est super dur de berner une ado ! Bravo Marylou ! -

- Nous allons voir ça, regarde, on arrive chez elle !