Fyctia

Lily et Marylou avalent un sandwich vite fait derrière le comptoir, avec Mimi. Mandy a disparu après avoir demandé à sa mère l'autorisation d'aller manger chez ses nouveaux amis. Marylou a accepté immédiatement. Elle ne saurait expliquer pourquoi elle accorde d'emblée une grande confiance à tous les habitants de ce village, sauf à la blonde nymphomane, bien sûr.

Marylou a confié à son amie la signification du bouquet qu'elle a offert à Joan. Lily, qui avait la bouche pleine, a éclaté de rire en recrachant des morceaux partout. Mimi est partie dans un grand rire en répétant plusieurs fois : "le gratte-cul, ça c'est bien trouvé !".

Marylou se sent heureuse comme elle ne l'a pas été depuis longtemps. Si c'était ça le bonheur ? Etre coupé de la civilisation avec des personnes que l'on aime.

Elles s'occupent ensuite de trier et accueillir les dernières personnes qui viennent apporter leur contribution à l'effort collectif. Le rythme est beaucoup moins intense que lors de la matinée. Joan n'est pas reparu. -Il a peut-être mal digéré le gratte-cul !- pense Marylou.

Lorsque la nuit tombe, les deux amies sont exténuées. Elles vont aux nouvelles auprès de Sylvie qui est en train de débriefer avec un groupe d'une dizaine de personnes. Celle ci fait un compte-rendu de la situation à toutes les personnes présentes. Il faudra ensuite propager le message en faisant du porte-à-porte.

- Les ouvriers de l'ONF sont revenus bredouilles. Impossible de progresser sur le versant ubac de la vallée. Il y a trop d'éboulis et de pans de montagne effondrés et instables.

Pas de nouvelles pour l'instant de l'expédition partie dans l'autre sens.

La bonne nouvelle c'est que nous avons assez de nourriture pour tenir une dizaine de jours. Il y a fort à parier que les secours parviendront à nous d'ici là, même si notre expédition ne parvient pas à les rejoindre.

L'autre nouvelle, c'est qu'il faut se préparer à passer noël ici. En effet nous sommes le 23 décembre. Même si un hélicoptère ou l'armée parviennent à rétablir une communication avec nous, demain, veille de noël, nous serons toujours bloqués ici. Je dis ça pour les touristes de passage bien sur. Il faut donc prendre conscience que tout le monde passera noël ici, sauf si quelqu'un est blessé ou malade et qu'un hélicoptère arrive demain.

C'est un coup dur pour Marylou. Ses parents devaient la rejoindre à Genève pour la veillée de noël, car elle devait travailler le vingt-quatre jusqu'à vingt heure. Faire la fermeture du magasin la veille de noël, c'est un privilège réservé aux employés.

Elle réalise tout à coup qu'ils doivent être très inquiets de ne pas avoir de leurs nouvelles. Comment a-t-elle pu occulter cela jusqu'à maintenant ?