Fyctia

Dans l'auberge de Mimi, il règne une agitation digne d'une ruche d'abeilles au printemps. Tout le monde s'active, parle en même temps, tandis que certains haussent la voix pour se faire entendre du plus grand nombre. Ce qui est très curieux, c'est que cela se fait dans une luminosité si faible qu'on se croirait dans une cave. Le faible éclairage dispensé par quelques bougies chauffe plat suffit à peine pour distinguer les expressions des visages. Quelques halos de lumière plus forts sont dispensés brièvement par des téléphones, quand il est absolument nécessaire d'y voir mieux.

La petite Lily a un peu de mal a trouver sa place et son utilité, mais elle fait de son mieux en suivant Sylvie, la maire du village, et en se donnant au maximum pour l'aider.

La mairesse est d'une efficacité redoutable. Elle a déjà mis en place un groupe de secours d'urgence constitué d'une pompier volontaire et d'un aide soignant qui étaient montés pour le week-end, et sont restés coincés ici, comme Marylou et Mandy. Elle aurait préféré des médecins, mais n'en ayant pas sous la main, c'est déjà mieux que rien.

La mairie n'étant constituée que d'un bureau et d'une salle de petite taille, mais équipée d'un DAE (défibrillateur automatisé externe), elle a décidé que celle-ci serait transformée en cabinet médical d'urgence. Deux agriculteurs du village qui ont des groupes électrogènes sont chargés d'en installer un à la mairie et l'autre au bar, pour maintenir un éclairage et la chambre froide en route.

Elle a demandé à une de ses amies, Patricia et à Lily de s'occuper de récolter des vivres et de les entreposer chez Mimi, pour que les gens qui n'ont pas de provisions d'avance puissent se nourrir. Elles devront tenir un petit carnet dans lequel tous les dons devront être soigneusement répertoriés pour un remboursement ultérieur.

Mimi a déclaré d'emblée qu'elle avait de quoi tenir un siège, ce qui a rassuré tout le monde.

Les ouvriers de l'ONF, qui étaient présents au village au moment de la chute du pont, sont déjà partis par le flan nord de la vallée pour dégager et sécuriser le chemin de randonnée, et voir si il est toujours praticable. Certains passages étant à flan de falaise, et l'eau ayant entrainé beaucoup de glissements de terrain, ils ont déjà averti que la probabilité de pouvoir passer par là était faible.

Un autre groupe a donc été désigné pour essayer de rétablir une communication avec un village ou une ville proche. Plusieurs hommes dont Joan, et une femme, tous grimpeurs de sommets avertis, ont été rassemblés autour d'une table pour décider de l'itinéraire le plus court et le plus sûr afin de rejoindre la civilisation.

Ils sont penchés sur une carte et discutent vivement, ayant du mal à s'accorder. Joan n'étant arrivé que récemment au village, les plus anciens ne lui laissent pas le leadership, même si il a des compétences supérieures aux leurs, et cela crée des tensions.

Joan finit par hausser la voix et quitter la salle de l'auberge en claquant la porte.

Toutes les personnes présentes sont surprises et regardent dans sa direction. Patricia, une grande brune aux cheveux frisés, ne peut cacher sa surprise.

- C'est bien le gentil jeune homme qui fait la déco avec des fleurs séchées ? Je ne le reconnais pas !