Fyctia
Migraines
Gérard Faventiny, le père de Daniel fouillait dans ses dossiers. Il était descendu dans sa cave. C’est là qu’il y entreposait toute sa paperasse relative à ses enquêtes. Il y retrouva ses carnets remplis de notes. Il chercha longtemps avant de trouver ce qu’il voulait.
Triomphant, il grimpa les marches quatre à quatre.
— Je souhaiterais te montrer quelque chose, Anne-Marie.
Il ouvrit son calepin.
— Te souviens-tu d’un film que nous avions aimé parce que ton acteur préféré y jouait ? Volte-Face ?
— Ah ! Nicolas Cage et John Travolta.
— Te rappelles-tu du sujet ?
Anne-Marie pâlit.
— Ne me dis pas que c’est ce qui se passe avec notre fils !
— Des tordus, il en existe partout. J’ai eu une affaire bizarre il y a quelques années avec un médecin qui agissait sur des patients avec des traitements non homologués. Personne n’a porté plainte. L’enquête n’a pas abouti.
— Quel est le rapport avec le film ?
— Je n’arrive pas à me rappeler le nom du toubib qui travaillait sur des masques moulés sur des visages de personnes qui n’aimaient plus le leur et souhaitaient en changer. Il y avait eu une demande de volontaires. C’était passé dans le journal. Le Conseil National de l’Ordre des médecins avait rapidement mis fin à ces expériences. Mais peut-être que certains ont gardé ce visage.
— Tu penses que notre fils aurait participé ?
— Tu as raison c’est idiot. Je ne vois pas Daniel se lancer dans ce genre d’opération. Mais peut-être que quelqu’un aurait eu le sien moulé et qu’il s’en servirait aujourd’hui ?
— Oui, mais pour cela, il aurait fallu qu’il se fasse hospitaliser.
— Je suis agacé de ne pas retrouver ce chirurgien. J’aimerais tant pouvoir aider Daniel.
****
Le Commandant Faventiny avait ordonné à ses coéquipiers de faire une recherche approfondie sur Frédéric Marteau. D’autre part, il avait convoqué Hugo Cortilla avec qui il travaillait depuis qu’il avait été nommé.
— Tu te souviens quand j’ai été hospitalisé ?
— Il me semble que c’est au moment de l’attentat… Attends, ce n’est pas là que tu as rencontré pour la première fois ta femme ? Dix quinze ans peut-être.
— J’ai été absent longtemps ?
— Une semaine je crois, peut-être plus. Mais tu n’as pas repris tout de suite, tu avais des pertes de mémoire et souvent des migraines. Je me rappelle que tu ne voulais en parler à personne. Tu n’étais pas commandant et en pleine période de concours.
Faventiny se massa les tempes.
— Encore cette migraine, chef ?
Esteban venait d’entrer, accompagné d’Hubert qui aussitôt se pressa contre les jambes de son maître.
— Vous devriez le garder chez vous. Il est trop malheureux quand il ne vous voit pas.
Hugo contempla son supérieur.
— Tu devrais consulter. Ces maux de tête qui te reprennent sont anormaux. D’ailleurs, tu ne devais pas te faire suivre par ton neurologue ?
— Je n’ai pas le temps et ne je voulais pas en parler à Coralie.
— Elle est médecin, elle pourrait t’aider.
Esteban apportait aussi une enveloppe qu’il jeta sur le bureau de Daniel.
— Voilà les résultats de l’analyse de votre alliance. Je n’ai pas lu. Je vous en laisse la primeur.
Faventiny la décacheta.
— Le salaud !
Il montra le courrier aux deux hommes.
— Si je comprends bien, avec cet appareil microscopique, il pouvait tout entendre et tout voir. Pire que James Bond le bonhomme ! siffla Esteban admiratif.
— Du coup, il n’est plus au courant de rien maintenant ? demanda Hugo.
— C’est bien ça qui m’inquiète, répondit Daniel. Il doit être furieux et je crains les représailles.
Il fut saisi d’un vertige et dut s’asseoir.
— Daniel, va consulter. Coralie pourrait te faire une prise de sang et tu serais rassuré. Imagine que ce tordu te drogue chez toi ! Après tout, dans ton café du matin, il peut tout faire.
Faventiny hocha la tête et appela sa femme.
Esteban apportait aussi le compte-rendu de ses recherches sur Marteau.
— C’est un toubib avant-gardiste ce type. Il a été sanctionné plusieurs fois, mais jamais radié. Il doit avoir le bras long pour passer à travers. Regarde Hugo cet article :
« Frédéric Marteau, serait-il le chirurgien qui pourrait changer les visages de ses patients ? »
Je n’ai pas réussi à trouver la suite comme si tout avait été effacé.
Hugo consultait aussi les notes et soudain il écarquilla les yeux.
— Alors ça ! C’est écrit en tout petit, attends je zoome.
Esteban s’approcha.
« Le célèbre chirurgien Frédéric Marteau soupçonné de meurtres… »
— La suite ?
— Disparue.
— Je vais trouver. Ne dis rien au Commandant pour l’instant, on en parle quand on a toutes les informations.
— Fais vite !
Faventiny était à l’institut médico-légal. Sa femme remontait sa manche.
— Ne regarde pas ! Voilà, ça y est, c’est fait. J’aurais les résultats dans la journée. Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Je te prends rendez-vous avec ton neurologue aussi. Ce n’est pas normal ces vertiges qui te reprennent.
— C’est surement le stress. Cette histoire de double m’angoisse. Je ne la comprends pas. Je viens d’apprendre que mon alliance était une mine de renseignement. Comment a-t-il fait pour se la procurer ?
— Ce n’est pas difficile, tu l’enlèves pour dormir.
— Tu te rends compte de ce que ça veut dire ?
— Oui Daniel !
Il hésita puis se lança.
— Tu connais vraiment bien Marteau ?
— Quand nous étions en fac, il était gentil. C’était un mec sympa. Aujourd’hui, je ne sais pas, ça fait quand même un bail que nous ne nous étions pas vus.
— Vous suiviez les mêmes études ?
— Oui médecine. Mais il avait des idées qui me faisaient peur. Par exemple, il se passionnait pour le clonage. D’ailleurs quand je l’ai rencontré la dernière fois au café, c’est de ça que nous avons parlé. Il m’a certifié que ça ne pouvait pas être le cas dans l’histoire qui nous concerne.
— Comment peut-il en être aussi certain ? Tu penses qu’il pourrait être l’auteur de ce double qui nous harcèle ?
— Mais pourquoi ? Dans quel but ?
— Pour coucher avec toi. Il est amoureux de toi. Il est jaloux. Tu n’as pas été sans remarquer sa figure ? Greffé de partout, il n’est pas beau à voir.
— Tous les amochés ne vont pas se refaire faire le portrait.
Faventiny se tapa le front du poing.
— Mais voilà ! Il a dû greffer quelqu’un avec mon visage. Regarde-moi bien sous toutes les coutures Coralie, comme un médecin sait le faire. Vérifie que je n’ai pas une minuscule cicatrice.
— Tu m’inquiètes là Daniel ! Allonge-toi sur la table.
Sophia et Vincenzo qui entraient à ce moment-là éclatèrent de rire.
— C’est bien la première fois que nous allons étudier un cas vivant ! déclara Vincenzo.
— Promis, nous ne vous ferons pas mal, plaisanta Sophia. Attention, je prends le scalpel.
Elle le brandit et s’approcha du commandant et mima le geste de lui ouvrir le ventre.
— Que cherches-tu Coralie ?
Elle ne répondit pas, concentrée sur sa tâche, loupe à la main, elle inspectait son mari.
— Daniel, il y a une petite incision presque invisible… qui fait le tour de ton visage comme si… quelqu’un avait voulu te le découper pour te l’enlever.
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La Plume d'Ellen
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Il y a 4 ans
Isabelle-Marie d'Angèle
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Il y a 4 ans
Fred Leiwa
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Il y a 4 ans
Isabelle-Marie d'Angèle
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massmano
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Isabelle-Marie d'Angèle
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Mymy M. *Sakuramymy*
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Isabelle-Marie d'Angèle
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Christopher Llord
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Isabelle-Marie d'Angèle
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Il y a 4 ans