LéaJess Un dangereux mariage I. Chapitre 7 : Alexis

I. Chapitre 7 : Alexis

Aucun son. Aucun mouvement. Et pourtant, je sais où je suis. Enfin, je crois. J’ouvre péniblement les yeux et regarde par la fenêtre. OK, il fait gris, c’est donc un matin semblable à ceux dont nous avons été témoins depuis quelques semaines.


Je sors du lit et me traîne jusqu’à la fenêtre. Et merde, il va encore pleuvoir aujourd’hui…, ce qui veut dire que Roxane ne nous laissera jamais sortir d’ici. Pourtant, ce serait une bonne solution pour fuir sans laisser de traces ; à croire qu’elle aime rester ici. Je pris une profonde inspiration. Ça fait presque un mois que nous sommes ici, je n’en peux plus, il faut que je bouge. Il faut qu’on bouge.


J’enfilai un tee-shirt, recouvrant ainsi l’énorme pansement collé sur mon ventre depuis que l’une des blessures de l’accident avait décidé de s’ouvrir à nouveau il y a quelques semaines, et descendis les escaliers. Rapidement, j’arrivai en bas, poussai une porte en bois massif, et me retrouvai face à la nef. Une église. Il avait fallu que nous atterrissions dans une église. Quand j’avais découvert ça suite aux premiers soins de Roxane, elle avait souligné à quel point la situation était ironique et déplaisante d’un point de vue personnel, et je ne pouvais pas la contredire. Enfin, à une exception près. En effet, s’il y avait bien un lieu où nous pouvions être en sécurité, c’est bien dans une église. Cependant, on ne faisait que gagner, ou perdre, du temps en agissant ainsi. Des semaines. Presque un mois et toujours aucune porte de sortie dans cet endroit sécurisé. Et je commence à en avoir marre de me cacher en plus.


Je me mis alors à marcher à travers le bâtiment religieux, en espérant calmer mes pensées, et en pensant étrangement à la femme qui m’accompagnait encore. Elle n’avait pas lâché. Elle ne m’avait pas lâcher. Et plus les semaines passaient, plus je commençais à m’interroger sur mes sentiments à son égard. Je me rendais compte de plus en plus que j’avais possiblement reporté l’image de Camille sur elle, mais que je ne ressentais pas du tout les mêmes choses avec Roxane. C’était étrange de faire confiance à quelqu’un à ce point, presque aveuglément, alors que cette personne n’était dans ma vie que depuis quelques semaines. Et elle m’avait suivi au bout de deux jours. Alors que je m’assois sur l’un des bancs de l’église, je repense à ce moment, et me sens enfin un peu plus en paix. Son regard était sincère, pur, et elle m’avait fait confiance pour me suivre sans rien savoir de moi, tout comme l’aurait fait Camille. La seule différence, c’est que Camille me connaît depuis toujours, que nous avons grandit ensemble, et que je sais désormais que je n’ai pas le même attachement pour Roxane. J’ai l’impression que c’est plus fort encore, et je ne sais pas quoi faire.


En regardant autour de moi, je me rends compte que ma nouvelle amie n’avait pas tord. Ce lieu est vraiment ironique par rapport à notre situation ; ce qui m’arrachai un petit sourire. Et soudain, tout reprit vie. L’orage dehors, la lourde porte d’entrée qui s’ouvre, et la voix qui se rapproche de moi.


– Tu es descendu ?


Je me retourne vers la blonde qui s’arrête à quelques centimètres de moi et ne put m’empêcher de constater à quel point elle faisait corps avec le décor. D’un autre côté, ce n’était pas sa première fois.


– Oui. J’avais besoin de prendre l’air, dis-je, un sourire en coin.


Roxane sourit, comprenant mon allusion, et surtout mon léger agacement que j’essayai de cacher tant bien que mal.


– Prendre l’air dans un endroit clos ?, sourit-elle, en s’asseyant à mes côtés.


Cette fois-ci, je lui rendis son sourire de manière plus franche, et me surpris à vouloir poser ma main sur la sienne.


– Tu sais, si ça peut te rassurer, je pense que c’est pour bientôt.


– Bah oui, bien sûr, riais-je, il est évident qu’avec la pluie qu’il y a dehors tu vas nous donner un « OK » clair et franc !


– J’ai dit « bientôt », je n’ai jamais parler d’aujourd’hui.


Je soupirais à nouveau, et me rendis alors compte que j’agissais presque comme un enfant capricieux. Je devais être plus conciliant avec elle après tout, c’était elle qui m’avait emmené hors de la ruelle et qui avait trouvé un moyen de nous garder en sécurité tout en me soignant.


– Je suis désolé…


– Pourquoi ?, fit-elle, interloquée.


– Pour tout ça, répondis-je en désignant l’église, je suppose bien que tu avais d’autres projets suite à ton mariage…


Bordel, même le lieu me rappelle cette situation. Si seulement elle …


– Tu n’as pas à t’en faire pour ça, j’ai fait mon choix. Et j’ai mes raisons donc rien n’est de ta faute. Je ne vais quand même pas te reprocher ma fuite, l’accident, et le reste.


– Tu n’as pas tort, concédais-je, mais j’aurais tellement aimé que les choses soient, je ne sais pas différentes…


– Comment ça ?


Je savais qu’elle ne comprenait pas mon étrange discours, et je ne pouvais pas lui en vouloir sachant que moi-même, je ne savais pas vraiment ce que je ressentais. Beaucoup de choses avaient changé depuis notre rencontre, c’était sûr, mais à quel point ? Et à quel prix surtout ? J’avais parfaitement conscience que cette pseudo fugue n’allait pas s’éterniser, et que nous allions devoir, à un moment donné, choisir notre nouvelle route si nous voulions nous en sortir. Le problème, c’est que je commençais à réaliser que mon plan initial avait volé en éclat depuis cette nuit-là. Je savais que la prendre avec moi était un risque, et que ça allait me mettre dans une situation délicate, mais je ne m’attendais pas à m’attacher à elle. Et je ne sais vraiment pas comment gérer le fait qu’elle va, un jour ou l’autre, vouloir partir. Comme je lui avais dit, aucune femme ne fuit son mari le jour du mariage, en particulier avant la nuit de noce mais après tout, qu’est-ce que je connais à l’amour ? Le seul véritable amour duquel j’ai été témoin, c’est celui de mon frère et de sa femme.


– Tout ça ne te rappelle pas des souvenirs ?


– De quoi tu parles ?, fit-elle, intriguée.


Je me retourne vers elle.


– Bah l’église, l’allée, l’autel… tout ça reste tout de même récent pour toi.


– Pourquoi tu dis ça ? En quoi ça t’intéresse de parler de ça ?


Ses yeux verts étaient en train de virer au noir et sa mâchoire s’était crispée à chaque mots prononcés. Et merde, sujet tabou. Mais pourquoi, bon sang, je peux pas rester comme ça il faut que je sache !


– Roxane, je …


– Tu ne sais rien de ce qu’il s’est passé, tu ne sais rien de la relation que j’ai avec mon mari, et crois moi, tu ne préfères pas savoir…


Et alors que je cherchais une réponse dans son regard, je n’y trouvai qu’une larme commencer à perler à son œil droit.


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2 commentaires

Emmy Jolly

-

Il y a 2 ans

Soutien:-)

LéaJess

-

Il y a 2 ans

Merci ! :-)
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