Fyctia
Chapitre 6
Après manger je me pose dans mon lit avec mes écouteurs et réfléchis. Je n’ai plus aucune chance de retrouver Nylon, à part peut-être par un pur hasard. Je me suis posé la question plus d’une fois, comment réagirai-je si je le croisais dans la rue ? Il a 11 à ce jour, arriverais-je à seulement le reconnaître même ? Je croiserai peut-être un jour ses petits yeux marrons verdâtres parmi la foule. Je n’accepterais pas la mort de Nylon tant que rien ne me le prouve.
Pour ce qui est de notre invité à l’air d’avoir une sacrée histoire aussi finalement. Quelqu’un toque à ma porte, je retire mes écouteurs en fermant mon bouquin du moment, et mon père fait irruption. Il s’assoit sur mon lit.
- Demain matin ça te dit un tennis ?
- Oui, avec plaisir papa.
Il me sourit content de ce petit moment que nous allons partager ensemble. Il pose une main sur mon genoux d’un air triste. Je comprends alors qu’il souhaite que nous discutions :
- Je vois bien que ça ne va pas fort en ce moment ma chérie.
Cela me fait de la peine de voir mon père ainsi. Il sait que ce que j’ai vécu est une étape difficile que je n’arrive pas à surmonter, même après toutes ces années. Je pose ma main sur la sienne et le rassure :
- Tout va bien papa, je suis juste fatiguée.
Mensonge. L’excuse de la fatigue évite bien des discussions, parfois douloureuses. Et puis, qu’est ce qu’il y comprendrait au final ? Il n’a ni perdu sa mère, ni vu un frère disparaître.
Il me tapote la cuisse avant de se lever :
- Okay championne, à demain matin alors.
Alors que je suis dans mon sommeil le plus réparateur depuis un bon bout de temps, j'entends du brouhaha dans la chambre d'à côté. Il est sérieux lui ou quoi ! Je me lève paresseusement de mon lit, j’enfile un short en dessous de mon long tee-shirt et me dirige vers SA chambre ! A quoi il joue pour sa première nuit ici ?
Je traverse la salle de bain et ouvre sans délicatesse la porte de sa chambre. Il fait pourtant sombre et il est seul. Je m’approche de son lit mais il n’y a personne. Je passe de l’autre côté et le découvre roulé en boule par terre, dos nus contre le mur, comme un enfant qui semble fuir une ombre. Je suis presque étonnée, voir presque apeuré de le voir ainsi :
- Elio ? Dis-je doucement.
Il ne répond pas et garde sa tête contre ses bras pliés. Et je comprends que trop peu ce qui se passe. Je m’assois alors à sa portée et lui pose une main sur le genoux :
- Un cauchemar ?
Il semble enfin revenir à lui car son regard se rétracte quand il croise le mien. Ses traits se tirent d’un seul coup et il commence à articuler :
- Héna ? Dit-il l’air troublé. Qu’est ce que tu fous là putain ?!
Je m’écarte de lui en sentant le reproche dans sa voix grave.
- Je… Ton cauchemar m’a réveillé… Je ne veux pas que…
- Mais à quoi tu joues ? Retournes dans ta chambre !
Alors là, je n’accepte pas du tout le ton qu’il emploie pour en plus me donner des ordres. Il se croit où ?
- Eh oh ! Je voulais juste t’aider car tu m’as réveillé en plein milieu de la nuit. Mais reste avec tes cauchemars ! Abruti…
Et je me lève sans chercher à comprendre. Ce mec est trop bizarre. Je prends soin de ne pas claquer la porte car mes parents dorment, même si j’en meurs d’envie. Alors que je m’apprête à tourner le dos à la porte, je le vois qui se relève. J'aperçois alors au travers de la mince ouverture de la porte, une cicatrice couvrant son omoplate jusqu'au bas de son dos.
Elio
Je n’arrive plus à fermer l'œil de la nuit, non seulement à cause des cauchemars qui reviennent mais aussi à cause de l'intrusion d'Héna. Dans quel état m'a-t-elle vu ? Je passe mes mains dans mes cheveux, étalé sur le dos dans mon lit. Toujours ces foutus cauchemars quand je veux juste oublier que cet homme existe et a détruit ma mère. Je ne suis plus un petit garçon, j’ai dix-neuf ans, et j’ai toujours l’impression d’être cet enfant terrifié. A chaque cauchemar j’ai l'impression de le revoir, alors je me cache pour éviter de paniquer en croisant une silhouette imaginaire. Mais quand j’ai vu ses prunelles posés sur moi, mon cœur a ralenti, comme revenu à la réalité, cette ombre a disparu. Et puis elle m’a montré une facette douce d’elle. Ce qui jusque-là n'existait pas. Elle avait l’air de comprendre justement…Puis je me suis emporté.
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Gwenaële Le Moignic
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Il y a un an
Mary Cerize
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Il y a un an
leane.marchand
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chiara.frmt
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Il y a un an