Fyctia

L’air extérieur me brûle la peau. Je camoufle mes mains et rejoins la station de métro la plus proche. J’ai hâte de rentrer chez moi et de me mettre au chaud. Les couloirs souterrains m’apportent déjà un peu de chaleur. Il y a moins de monde que tout à l’heure, mais le quai est loin d’être désert. Mon portable dans ma poche ne cesse de vibrer. C’est ma sœur qui veut savoir comment se passe mon rencard :

— Une cata, pianoté-je, rapidement.

— Il était cheum ?

— Non, imbu de sa personne.

Un smiley triste me répond suivi de :

— Au moins, tu pourras cocher un nouvel élément de ta bukest list.

Avoir un rencard grâce à une appli ne fait pas partie de ma liste de souhaits, mais de la sienne qui est longue comme le bras. Nous les avons créées, pendant le 1er confinement, en 2020. Notre but était de lister ce que nous aimerions faire quand tout serait revenu à la normale. Tania m’a, de plus, mise au défi de réaliser 30 éléments de cette liste avant mes 30 ans. J’en suis encore loin.

Alors que je m’apprête à protester, le métro A arrive. Je m’engouffre dedans rapidement à la recherche d’une place assise. J’ai eu la fausse bonne idée de mettre des bottes à talons pour avoir une silhouette élancée, car je me suis toujours trouvée trop petite, mais ces chaussures me font un mal de chien. Un siège entre une vieille dame et un adolescent me tend les bras. Je m’installe.

Mes orteils me remercient immédiatement, mais mes doigts me démangent, je ressors mon téléphone. Je n’ai pas oublié l’homme que j’ai croisé à l’aller ni le tatouage en forme d’épée sur son cou. Il faut que j’en ai le cœur net ! J’ouvre le moteur de recherche et saisis le nom de Leo Per. Une multitude de résultats s’affiche. Je contemple l’image de l’acteur qui me fait toujours autant fantasmer. Il a la peau hâlée, les yeux verts et des cheveux bruns qui, j’en suis sûre, sentent la noisette. Je contemple les traits de son visage, c’est autre chose que Jules. Il est tellement beau que je me perds un instant dans ma contemplation avant d’observer de près son tatouage. D’un geste du pouce et de l’index, je zoome sur son cou et regarde avec attention le symbole encré dans sa peau. Je connais cette image par cœur, mais je me devais de vérifier. Ça ressemble beaucoup à ce que j’ai vu ou plutôt cru voir. C’est allé tellement vite ! La raison l’emporte rapidement sur mon sens de la vue : qu’est-ce que Leo Per ferait ici ? L’arrêt « Hôtel de ville » est annoncé. J’ajoute un nouveau mot clef à ma requête : « Lyon » puis descends pour prendre ma correspondance. Je me déplace machinalement, tant je connais le chemin par cœur. J’ai d’ailleurs le palpitant qui s’affole alors que les premiers résultats apparaissent. Leo Per serait bel et bien dans ma ville ?