Fyctia
La sœur à la rescousse (2)
Lilah a une idée, bizarre... Et intéressant !
Que peut-elle bien avoir dépêché ? Venant de Lilah, ça ne peut être qu'un plan réfléchi, raisonnable, sans réel danger. C'est connu, Lilah est la tête pensante de notre duo de sœur. Je suis la folie, elle est la modératrice. Je suis l'impulsivité, elle est la voix de la raison. Ainsi, c'est plus sereine que je range mon téléphone dans la poche du manteau. En l'attendant, mon cerveau essaie d'entrevoir le type de plan qu'elle aurait pû élaborer aussi vite. Il ne faut tout de même pas oublier que cette idée a germé dans son esprit les quelques secondes qu'ont duré notre conversation.
Plus les minutes s'égrènent, plus ma position devient inconfortable. En effet, ni mon pantalon ni le manteau que je revêts ne sont imperméables à l'eau. Bien vite, mes fesses se retrouvent inondées, l'humidité y ayant élu domicile. Exaspérée, je me relève du banc pour admirer les dégâts. Et en effet, ils sont bien visibles. Une large tâche de forme à peu près circulaire trône de ma chute de reins au dessus de mes genoux. La honte ! Si une personne me voyait, elle s'imaginerait certainement que je n'ai pas su contenir ma vessie. Je décide donc de rester debout en espérant qu'avant l'arrivée de Lilah, mon vêtement ne soit plus humide. Hélas, cet espoir est vain car les minutes défilent et la tâche demeure prédominante. Au bout d'un quart d'heure, des pas résonnant derrière moi m'indiquent que l'arrivée de ma sœur est imminente. Je me retourne pour scruter la petite allée où elle apparaîtra, mais aussi pour cacher « mon petit problème ».
— Kaaris ? hurle une voix en se rapprochant.
— Lilah, je suis là !
Ma voix bien que hésitante, réussit à la guider. Celle-ci apparaît quelques secondes plus tard. Avec des longues enjambées cette fois, elle entreprend de me prendre dans ses bras. Subitement, elle me repousse, fait un petit tour de ma pitoyable personne, avant de finir par exploser de rire. Pourquoi diable j'ai mis un manteau beige ?
— Ne... ne me dis… dis pas que t'as pas pu te retenir, bredouille-t-elle en se tordant de rire.
Je me serais attendue à un minimum de soutien de ma sœur, au alors de la compréhension. Au lieu de quoi, elle se moque ouvertement.
— Oh Lilah, Tu vas arrêter de rigoler ! Je me suis assise sur ce banc, me justifié-je en pointant du doigt le fautif de tout ce malentendu. Mais, nous ne nous sommes pas ici pour débattre sur ce sujet. Explique-moi moi plutôt ta fameuse idée !
— On ne peut même plus rigoler avec toi, boude-t-elle. Tu es devenue tellement sérieuse. Sérieuse dans tes folies, je veux dire. Parce que sérieuse tout court, tu ne l'es jamais !
Je devrais me sentir offensée par la fin de sa phrase. Malheureusement, c'est un rire incontrôlé qui m'échappe. Il dure une poignée de secondes mais bien vite, je me reprends pour la fustiger du regard.
— Bon d'accord, j'arrête ! Avant de te parler de mon idée, relate-moi tout d'abord cette histoire de clown. Je t'avoue que je n'ai rien compris au téléphone !
En des phrases simples, je lui expose la situation. De la malencontreuse rencontre à la gare, à celle dans la neige, en passant par les jumelles adorables qui ont insisté afin que je les suive pour prendre un café. Bien entendu, je manque pas de mettre en évidence la mauvaise foi d'Elijah et le caractère adorable de sa mère, Béatrice.
À la fin de ma narration, je suis essoufflée d'avoir autant parlé. La réaction de Lilah ne se fait pas attendre, elle se met à rire. Rien de bien étonnant, car il faut avouer que cette histoire est remplie d'humour. Elle se reprend tout de même avant de lancer :
— Si ça ce n'est pas le destin, je me coupe un doigt ! On dirait presque un scénario de film romantique à la noix. Et en plus, ce Elijah et toi, vous vous détestez, c'est tellement cliché ! Les deux héros qui se détestent et puis, finissent par tomber follement amoureux ! termine celle-ci d'un air rêveur.
— Ou veux-tu en venir ? lui demandé-je, agacée par sa tirade.
— C'est vraiment bizarre que tu n'y aies pas pensé. Toi qui es toujours si perspicace. Toi qui a un esprit si vif pour mettre en place des plans saugrenus et pour la plupart foireux. C'est fou que tu n'y aies pas pensé !
— Penser à quoi ? Je comprends rien, Lilah ! Si tu as un plan, expose le maintenant, pas besoin de passer par des devinettes !
— Laisse-moi faire ma star quelques minutes !
Faire la star juste parce qu'elle a trouvé une idée apparamement évidente ? Il paraîtrait que oui ! Lilah délaisse son immobilité pour se mettre à exécuter ce qui me semble être une danse de la joie. Elle ressemble plus à un verre se tortillant qu'une danseuse étoile, mais ça, je me garde bien de le lui faire remarquer. Au bout d'une éternité, elle finit par se repositionner devant moi.
— Voilà mon plan, se met-elle soudain à chuchoter. Maman et papa pensent que tu es en couple avec ce Elijah, et l'attendent ce soir pour le dîner. Tu connais où il réside, alors, rien de plus simple, tu dois aller le proposer de jouer ton amoureux, même si c'est juste pour la soirée. Et dans le meilleur des cas, il acceptera de jouer ton compagnon jusqu'au mariage des deux hypocrites !
C'est ça son idée ? Il semblerait que je me sois trompée durant toutes ces années, la plus déjantée de nous deux est Lilah. Elle me conseille d'aller proposer à un inconnu, qui en plus me détester de jouer mon compagnon. C'est complètement fou ! Je ne suis pas si désespérée tout de même, bon peut-être un peu désespérée... En réalité, je suis plus que complètement désespérée, je suis dans la mouise jusqu'au cou, et toute aide sera la bienvenue. En l'occurrence celle de Lilah, malgré son côté se jeter dans la gueule du loup, pourrait être pas mal. Son idée tient la route, pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ?
— Le monde n'est pas si rose, objecté-je tout de même. Je ne vais pas aller le voir et lui dire, Elijah, j'ai besoin de toi pour jouer mon amoureux devant mes parents et tout le village. Et lui ne va pas me répondre, oh d'accord Kaaris, je te déteste mais j'accepte !
— Pourquoi pas ? Et tu m'as parlé de jumelles qui t'adorent déjà, tu pourrais essayer de les mettre de ton côté. Et en plus, tu n'as plus d'autres alternatives. Autrement, tu n'as plus qu'à dire la vérité au parent et te ridiculiser devant tout le monde !
Le choix est cornélien. Des deux solutions, je finirai ridiculisée. Mais au moins pour la première, j'aurais le mérite d'avoir essayé.
— Qu'en dis-tu ?
— Je dis qu'on peut toujours tenter ! Mais, je ne peux pas y aller avec des habits trempés.
— C'est vrai, mais, je n'ai pas la clé de la maison pour que tu puisses changer de vêtements. De plus, ça ne se voit presque plus !
— T'en es certaine ?
— Bien sûr ! Viens, on y va, décrète-t-elle en s'emparant de mon bras.
Elijah, j'arrive ! Plutôt, on arrive, Lilah sera avec moi !
17 commentaires
Valentina H
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Il y a 4 ans
Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
Fanfan Dekdes
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Il y a 4 ans
Princilia Daci
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Sand Canavaggia
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Il y a 4 ans
Cendre Elven / Mary Ann P. Mikael
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Lyaminh
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Princilia Daci
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Jo Mack
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Princilia Daci
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Il y a 4 ans