Fyctia
Dallas à Ajaccio
Je roule sur la nationale D81 en direction d’Ajaccio, les virages me mènent au golfe de Sagone. Le paysage est à couper le souffle. Je suis éblouie par la mer et son eau transparente aux reflets saphir ainsi que par ses plages dessinées comme des rubans blancs de sables étincelants.
J’ai un petit pincement au cœur d’avoir laissé mon ange déchu sur le bord du chemin. Il était vraiment soucieux, j’ai essayé de le rassurer au mieux en déconnant avec lui, mais rien n’y a fait, il est resté toujours aussi inquiet et morose. J’ai bien peur que sa crainte ne soit réelle, le fameux Orsu Adreani est un personnage emblématique du milieu et sa réputation n’est pas des plus meilleure.
« Petit poney, petit poney, tu es tout gris et tout petit, petit poney »
Hugo Kolvasky… ça m’aurait étonné !
- Allo ? Lui dis-je en me garant sur le bas coté de la route.
- ALLO ! Tu ne devais pas me rappeler ? Me demande le branleur.
- Si, mais tu m’as devancé…
- Alors, tu l’as foutu à la rue "ce crevard" ? Me dit-il aussi abjecte qu’à son habitude.
- J’y travaille...
- Tu fais quoi là ? j’entends les vagues ! Tu te fous de moi ?
- NON ! Je suis dans ma voiture garée prés de la plage de Liscia. J’étais en route pour Ajaccio, figure toi !
- OK, OK ! Tu vas faire quoi à Ajaccio ?
- Je vais rencontrer Mr Orsu Andreani. C’est bien toi qui m’a dit que ce cher monsieur s’inquiétait pour son dossier d’expulsion ? Non ? Et bien je suis partie pour le tranquilliser, ça te va ?
- OK . Me dit-il promptement.
- Bon je peux reprendre la route ? Tu as fini? lui demande-je agacée.
Personne de ma vie ne m’a tant énervé qu’Hugo Kolvasky, rien que le son de sa voix me met hors de moi. C’est comme l’eau avec le feu, un chien avec un chat ou le jour avec la nuit ! Nous sommes incompatibles !
- Oui, je te laisse mon oiseau des îles. Ah ! j’ai oublié de te dire, ma marraine Florette, nous attend début juillet pour sa traditionnelle réunion de famille. Cette année elle nous invite dans son chalet à Gap.
- Super… Puff.
- Tu as soufflé ? Me répond-t-il suspicieux.
- Non, je fume. Lui dis-je décontractée.
- Depuis quand tu fumes ? c’est nouveau ça ??? tu sais bien que j’ai horreur de ça ! Tu vas avoir une haleine répugnante et les dents jaunes !!! Me dit-il en jappant.
- Et bien au moins tu arrêteras de foutre ta langue baveuse dans ma bouche.
- Ah très drôle !! Me dit-il vexé.
- Bon je peux reprendre la route ?
- Tiens moi au courant. Me répond-t-il en raccrochant.
En fait je ne fume pas, je déteste ça, la seule fois que j’ai essayé c’était à l’âge de 14 ans avec une bouffée de gitane brune de mon Cousin David. Une très mauvaise expérience puisque j’ai craché mes poumons pendant deux jours. En ce qui concerne la marraine d’Hugo,« Florette » , je l'aime bien mais par contre le concept « retrouvaille familiale » me dérange. Me retrouver en porte-à-faux avec le clan de bourgeois coincés du culs, m’hérisse le cuir chevelu (tiens ça rime ^^).
Florette, elle est trop choupinette. C’est bien la seule de la tribu qui soit restée humble et rigolote. Une femme joyeuse, à l’aise dans son temps avec toujours une petite anecdote à portée de main pour détendre l’atmosphère. Un petit bout de femme d’une cinquantaine d’années bien tassées qui a su garder son intégralité dans cette famille d’arriérés irrécupérables. De toute façon, dans trois mois j’aurais dit adieu à ma vie d’avant, bye bye le cabinet d’huissier de justice et fini les boutades merdiques d’Hugo Kolvasky…
Me voilà à l’entrée d’Ajaccio. Je me sers de mon GPS pour me rendre à l’adresse des bureaux d’Adreani, mais il est presque midi. C’est fichu pour moi, il va certainement aller déjeuner. Mais je pourrais peut-être faire le forcing et avec un peu de chance il m’invitera au resto! Oui, c’est une bonne idée ! Avec quelques gorgées de vin, je pourrais peut-être obtenir plus facilement des informations ! Allez, j’y go avant qu’il ne soit trop tard.
11h49, je suis obligée de laisser ma voiture sur un parking payant car l’entrepreneur a ses locaux sur la place du Maréchal Foch. En parcourant à pied rapidement le centre ville d’Ajaccio, je découvre avec plaisir la cité natale de Napoléon. Le lacis de vieilles ruelles bordées de maisons à perron et de petites échoppes me ravie. Marquée à chaque coin de rue par l’empreinte de l’enfant terrible, la petite ville à l’esprit provincial, s’anime par le va et vient des touristes mais aussi par le cri enthousiaste des vendeurs de poissons.
La place rectangulaire du Maréchal Foch, ouverte face à la mer, nous offre par ses vénérables palmiers une ombre ravivante. Quelques retraités du pays discutent sur les bancs alors que d’autres photographient la statut en marbre blanc de Bonaparte.
Ça y est, je suis plantée devant la devanture ou est indiqué le nom de mon client. Une grande baie vitrée fumée avec en grosses lettres le nom de Andreani Orsu. Je sonne à l’interphone tout en envoyant un sms à Doumé. J’avais rentré son numéro dans mon portable avant de quitter les Calanche.
- Bonjour, que puis-je pour vous ? Me questionne une voix très féminine à travers l'appareil.
- Bonjour madame, je suis Chloé Belamie, huissier de justice au cabinet Hugo Kolvasky, je souhaiterai m’entretenir avec mr Andreani s’il vous plaît.
- Vous avez rendez-vous ?
- Non, mais c’est important.
- Vous patientez un instant, je lui transmets le message.
- Oui, j’attends.
Je suis partie tellement dans la précipitation que j’ai oublié de me maquiller, je sors activement mon rouge à lèvres carmin et ma poudre libre. Coincée dans le recoin, je me bichonne un peu la façade.
Dring……. Clac. La porte s’ouvre à moi.
Je range tout mon attirail dans mon sac à main et je n’ai pas le temps de regarder le SMS "en retour" de mon ange.
Une jeune femme blonde d’une trentaine d’années, aux yeux clairs et coupe au carré me reçoit avec un large sourire.
- Bonjour, je suis Claire la secrétaire de Mr Andreani, si vous voulez bien me suivre s’il vous plaît. Me demande-t-elle gracieusement.
Elle m’accompagne jusqu’au bout du couloir ou se trouve le bureau de son mafieux de boss.
Celle-ci, toute fragile frappe légèrement contre la porte en bois.
- ENTREZ ! Répond une voix rauque et antipathique.
En ouvrant la porte, Claire me désigne un homme barbu, le cigare au bec portant un chapeau de cow-boy. Mon esprit a divagué un instant, Orsu est la réincarnation de JR Ewing…Merde ! (Dallas, ton univers impitoyable!)
22 commentaires
Sylvie De Laforêt
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Il y a 7 ans
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Il y a 7 ans
DylanRance
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Sylvie De Laforêt
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paul geister
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Sylvie De Laforêt
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Eldariel
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Sylvie De Laforêt
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Sylvie De Laforêt
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