Fyctia

Alyssa

Encore une nuit très courte. J'ai passé plus de trois heures pour refaire une planche avec tout les critères qu'il me demandait. Si ça ne lui plaît pas, je ne sais pas comment je pourrais faire autrement. Il n'aura qu'à trouver une autre entreprise que la mienne, je ne vais pas sacrifier toutes mes nuits pour des clients. Il y a des limites.

Je suis de nouveau réveillé par le coq. Il est encore beaucoup trop tôt. J'ai besoin de rattraper mes deux nuits de sommeil.

On toque à ma porte et je soupire. Putain, qu'ont me foute la paix deux minutes. Je me lève dans un soupir, enroulé dans mon plaid rose. J'ouvre la porte et découvre Hélios face à moi. Qu'est-ce qu'il veut lui ? Il est à peine 7h30.

-Nous vous attendons en bas depuis bien dix minutes pour commencer. Bougez-vous non ?

Il se prend pour qui lui ? Mais qu'il aille se faire foutre, non mais ho.

-Vous voulez que je vous dise quelque chose ? Je m'en branle, voyez-vous j'ai le droit de dormir parce que contrairement à vous je bosse encore très tard. Alors ne venait pas me prendre la tête.

-Moi aussi je travaille et plus sûrement que vous. Ça ne sert à rien de comparer nos métiers et de descendre. Vous pourrez dormir quand vous serez morte.

Wouah, c'est cash. S'il pense pouvoir me donner des ordres, il se fourre les doigts dans l'œil.

-Allez vous faire voir.

Je claque ma porte incapable de rester cinq secondes plus face à lui. Maintenant que je suis pleinement réveillé je n'arrive pas à me rendormir. À cause de lui.

Je soupire et m'habille d'un jean abîmé et un vieux pull. Je sors de ma chambre et descends grignoter un bout. Je n'ai pas pu prendre mon petit déjeuner hier matin et je ne compte pas le rater aujourd'hui. J'ai une faim de loup.

Je croise ma mère dans la cuisine comme d'habitude avec quelques cernes sous ses yeux. Elle n'a pas l'air d'avoir bien dormi.

-Ça va maman ? Dis-je en lui posant un bisou sur la joue.

Elle me sourit et embrasse la joue que je lui tends.

-Un peu fatigué, je n'ai pas très bien dormi. Je n'ai pas arrêté de penser à toi chérie.

Je m'arrête interdite. Quoi ? Mais pourquoi ?

-Pourquoi maman ?

Elle sourit indulgente et me frotte le bras.

-J'ai l'impression que ton travail te prend beaucoup de temps et tu as l'air épuisé chérie. Je ne veux pas que tu ruines ta santé pour un travail même si tu l'adore. D'ailleurs te faire travailler ici me fait culpabiliser.

J'attrape une assiette et lui lance un sourire qui se veut rassurant. C'est vrai je suis épuisée mais ce n'est que temporaire. C'est juste à cause d'un client ronchonneux.

-Je t'assure que ça va maman. Si j'ai accepté de venir ici c'est pour vous aider. Ça ne me dérange pas. J'ai juste un peu plus de travail que d'ordinaire mais ça va se calmer, le temps que Laurel trouve ses repaires sans moi.

Elle hoche la tête mais n'a pas l'air convaincue. Elle va réussir à me faire douter de moi-même, merde.

-Je t'es préparer des chocolatines faites maison comme tu les aimes.

Je souris et m'installe à la table.

-Merci maman. T'es la meilleure !

Elle retourne au repas de midi. Je finis de déjeuner rapidement pour aller aider dans la grange. Quand on finira la peinture et mettre le parquet dans le salon, on devra choisir les meubles qui nous manquent ainsi que la décoration éventuelle à mettre pour le salon commun.

J'ai déjà quelques idées pour que ça soit chic et moderne. J'ai hâte de m'y mettre. Je n'ai toujours pas eu de retour de Monsieur Smith. Je suis sûr et certain qu'il va m'appeler ce soir pendant le repas, le seul moment de la journée ou je suis enfin posé.

J'entre dans la grange et je vois Ange en premier et m'approche de lui. Il a commencé la deuxième couche de peinture d'une couleur bleu vert.

-Hey ma belle comment ça va ? Bien dormi ?

Il est habillé d'une salopette remplie de peinture et usé mais ça n'a pas l'air de le déranger et puis pour travailler ça suffit.

-Très courte cet nuit surtout quand l'autre gigolo toque à ma porte pour me donner des ordres. Je te jure je vais lui refaire son portrait. Il me sort par les yeux.

Il rit et se tient le ventre. Il ne serait pas dans l'excès un peu ? Bon au moins je ne risque pas de m'ennuyer avec lui.

-Tant mieux parce que c'est réciproque, déclare une voix masculine derrière nous.

Elle m'en ferait presque frissonner. Mais non je ne vais pas tomber dans ses filets. Ça ne risque pas. Je me retourne et Hélios est face à nous. Il affiche un sourire mesquin et ça me donne encore plus de lui mettre une baffe. Il me mériterait que ça.

-Tu as enfin daigné à faire acte de présence ?

Toujours aussi agréable à ce que je vois.

-Oui comme tu peux le constater.

Je me retourne sans rien rajouter. J'attarpe un pinceau et peint avec Ange. Le gigolo râle et je le vois disparaître à l'étage où sont les futures chambres. Tant mieux, je n'aurais pas à supporter son comportement excessif envers moi. Je le déteste, il me déteste, comme ça c'est clair entre nous.

-Ta copine ne te dit rien car tu parles avec moi ? Je sais que certaines filles peuvent être jalouses en voyant leur copain parler à d'autres filles.

Il secoue la tête négativement dans un sourire.

-Malgré qu'elle puisse être autoritaire et très intransigeante, je lui est expliqué que tu étais la fille de Monsieur et Madame Anderson, et puis même si tes canon, tu n'es pas mon genre de meuf, mais vraiment pas. Toi tu es plus le style de ton gigolo par exemple.

Il me fait un sourire complice. Je savais qu'il allait remettre le sujet d'Hélios sur la table.

-Tu sais que peut importe ce que tu diras, je ne serais pas intéressé par Hélios. Il ne fait que m'agacer et ce n'est pas mon gigolo. Ça en est un, nuance.

-De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas, Alyssa. Qu'un pas, je t'assure.

Entre nous il y a beaucoup plus qu'un pas. Et puis je ne serai pas prête à me remettre en couple après ce qui s'est passé, il y a des années.