Fyctia

Elle était déterminée à rester célibataire jusqu’à la fin de ses jours, leur avait-elle dit. Tetsuya se sentait un peu triste pour elle et il espérait qu’elle rencontrerait quelqu’un, mais il ne pensait pas que cela arriverait de sitôt. Jonas se rappelait encore comme si c’était hier quand Tetsuya l’avait emmené à un rendez-vous à l’aveugle. Jonas avait tenté avec le reste de ses amis de l’empêcher, mais rien à faire. Et disons juste que la soirée s'était mal finie.

— Ta mère est un peu trop dramatique. Et puis, de toute façon, on est tous célibataires, tu te souviens, donc ça ne peut pas être un problème d’amour, dit Nathan.

— Ah ouais, c'est vrai. Il faut que j’arrête d’écouter ma mère. Je pense que le divorce l’a rendue un peu trop aigrie.

— On est maintenant le club des enfants de parents célibataires désormais ! Cria Tetsuya un peu trop joyeux.

— Mes parents et ceux de Nathan et Jonas ne sont pas divorcés donc techniquement, on ne peut pas faire partie du club, répliqua Nolan.

— Merde ! Bande de traitres ! Comment on fait maintenant pour le club ? Demanda Tetsuya en faisant mine de réfléchir.

Techniquement, Jonas faisait partie du groupe puisque son père était remarié, mais au lieu de le souligner, il se tut, s’il le disait, Tetsuya serait un peu trop heureux et la dernière chose qu’il veut gérer maintenant était un Tetsuya heureux ou pire encore un Tetsuya surexcité. Il a toujours soupçonné Tetsuya d’être hyperactif, il était tout le temps excité, il parlait sans jamais s’arrêter, et n’arrivait jamais à tenir en place.

Après avoir fini de manger, ses amis rentrèrent chez eux. Il les raccompagna à l’entrée et les câlina chacun à leur tour. Il était accro aux câlins et au contact physique.

Enfin seul, Jonas rangea et nettoya les assiettes. Il se précipita pour prendre ses clés et son téléphone et démarra la voiture de son père.

Il détestait conduire, mais aujourd'hui, il était soulagé de prendre la voiture. Il s’inquiétait beaucoup trop.

Enfin arrivé chez Tyler, il se gara dans leur parking. Il sortit de la voiture et prit une profonde inspiration comme pour se donner du courage. Ses mains commençaient à devenir moites, alors il les essuya sur son pantalon avant de se diriger devant la grande maison de Tyler. Leur maison était un peu plus grande que la sienne, ce qui pouvait se comprendre, car la famille Tyler était une famille assez nombreuse avec quatre garçons. Et contrairement à Tyler, il était enfant unique, donc ce n’était pas comme si ses parents devaient acheter une maison plus grande.

Il songea à toquer puis se ravisa pour sonner, la famille de Tyler était une famille très bruyante, il doutait qu’on puisse l’entendre s’il toquait juste à la porte. En attendant qu’on vienne lui ouvrir, il remarqua qu’il avait commencé à se balancer. Alors, il s’efforça de rester droit. Et il se ressuya les mains. Ugh, il détestait avoir les mains moites. Mais son inquiétude pour Tyler était telle qu’il commençait à sérieusement paniquer, et ça se voyait par ses gestes.

Il attendit de longues secondes avant qu’on vienne lui ouvrir la porte. Il savait qu’il était ridicule de trop s’inquiéter comme ça. Mais il ne pouvait s’en empêcher. Tyler était son meilleur-ami, il avait passé une si bonne soirée, en enlevant l’incident d’hier soir.

C’était parfait, il avait eu l’impression de retrouver son meilleur ami qu’il n'avait pas vu depuis si longtemps à cause des grandes vacances et des cours. Et même s’ils étaient restés en contact par téléphone, messages et par Face Time, ce n’était pas la même chose que de le revoir en vrai. Son meilleur ami lui avait manqué, et maintenant qu’il pouvait le voir, il fallait qu’il parte si soudainement. Jonas aurait voulu qu’il reste pour déjeuner avec le reste de ses amis et pour le reste de la soirée pour rattraper tout le temps qu’ils avaient perdu à ne pas se voir. Mais maintenant, son plan était tombé à l’eau.

Brandon, un des grands frères de Tyler, ouvrit la porte, vêtu juste d’un caleçon et d’un casque. Jonas pouvait facilement supposer qu’il jouait à la console avec ses amis.

Brandon ressemblait énormément à Tyler, avec le même physique musclé, mais Brandon était un peu plus grand que Tyler. Ils avaient les mêmes yeux marron foncé, presque noirs, et le même nez aplati et large. Ils possédaient les mêmes traits de visage. Enfaite, ils se ressemblaient tous beaucoup physiquement. Mais pas que, ils étaient tous un peu moqueurs et n’hésitaient pas à embarrasser et à taquiner sans vergogne.

Il réalisa soudainement qu’il s’était espacé dans ses pensées et n’avait pas entendu ce que lui avait dit Brandon, qui commençait visiblement à s’impatienter.

— Euh, désolé Brandon, je viens voir Tyler, dit Jonas.

Jonas voulait l’assaillir de questions, lui demander si Tyler allait bien et le supplier de le laisser le voir, mais il s’efforça de rester calme.

— Ouais, ouais, rentre vite à l’intérieur. Mec, je t’ai dit d’attendre, ces connards m’obligent à ouvrir la porte alors qu’ils savent bien qu’il ne faut pas me déranger. Vous avez intérêt à rester en vie, les mecs.

Jonas s’empressa de rentrer dans la maison. Elle était très grande, mais elle était surtout accueillante. C’était le genre de maison que vous ne vouliez en aucun cas quitter. Même l’odeur de maison était divine. Elle sentait toujours la bonne nourriture faite maison. Et aujourd’hui, ça sentait les macaronis au fromage et les gaufres. L’odeur était exquise et Jonas pouvait la reconnaitre n’importe où, après avoir passé tant de temps à cuisiner, il pouvait désormais grâce à son odorat savoir de quel plat il s’agissait.

Le père de Tyler était un excellent cuisinier, il le savait après déjà avoir mangé chez eux d’innombrable fois. Il lui a donné plusieurs conseils qui s’avéraient toujours très utiles et qui l’aidaient.

— Tu peux attendre dans le salon et si tu as besoin de manger ou de boire, va te servir. Papa a préparé des macaronis. Non, je ne parle pas à toi, mec, comment je pourrais t’inviter à déjeuner alors que tu n’es pas là. T’es toujours si con Georges…

La conversation de Brandon s’estompa alors qu’il s’éloignait en se grattant pas si subtilement l’entrejambe. Jonas s’installa tranquillement sur le canapé du grand salon où reposaient des photos de familles et des photos des garçons bébés. Il semblait que personne n’était dans le salon, ils étaient tous à l’étage supérieur. Il partit dans la cuisine prendre une assiette de macaronis aux fromages et un verre d’eau avant de s’installer sur le canapé devant la télé pour manger.