Fyctia
Les émotions dans le sang
Tu as pleuré jusqu’à Pâques.
Tous les matins.
Tous.
Sans exception.
Il ne s’agissait plus de hurlements.
Mais chaque matin , je laissais mon petit garçon en larmes aux mains d’une maitresse de moins en moins empathique.
Chaque matin ton cœur se brisait.
Chaque matin, mon cœur se brisait.
Un midi, une mamie de l'école est venue me voir.
Elle faisait la lecture bénévolement à ta classe.
-Votre petit garçon vous réclame beaucoup, ce doit être dur.
-en effet, répondis je , les yeux mouillés.
-Il ne pleure pas quand je viens.
-Pardon ?
-Je viens deux fois par semaine après la récré de dix heures. Il écoute attentivement les histoires il adore ça.
-Oui c’est vrai, il adore les livres.
-Je voulais que vous le sachiez. Ils commencent à neuf heures, j’arrive à dix et votre petit garçon ne pleure pas.
-C’est vrai ?
-Il parle de vous, beaucoup. Il passe ses récrés avec sa sœur mais il n’a pas l’air triste.
-Merci
Cette mamie ne saura jamais combien ses mots m’ont touchée, combien ils m’ont aidés à tenir les jours gris.
Encore aujourd’hui , je ne m’explique pas le silence de l’équipe éducative, la colère que je semblais inspirer à ton institutrice dont, par ailleurs, tout le monde me vantait les qualités.
Non mon fils !
Tu ne pleurais pas à longueur de matinée. Tu avais juste beaucoup de mal avec le moment de la séparation.
Pourquoi ne me l’a-t-on pas expliqué ?
Pourquoi ne m’a-t-on pas donné la clé qui auraient pu t’apaiser.
De ce jour j’ai compris que me voir partir t’était trop douloureux.
Avec la complicité de ta grande sœur de sept ans je restais donc au portail et c’est elle qui était missionner de te déposer dans ta classe.
La maitresse a dû me prendre pour une mère indigne ou incapable, au choix, mais apparemment les larmes ont cessé.
En parallèle de l’école , que tu détestais viscéralement, mais qui avait au moins le mérite de te fatiguer, tu m’as déclenché cette année là , toutes sortes de bizarreries dont nous nous serions bien passées.
Ça a commencé fin septembre par l’apparition de deux verrues.
Une t’a poussé sur le poignet, un autre , sur le nez.
Tu m’en faisais une maladie alors il a fallut traiter.
La dermatologue m’a informée qu’il était fréquent de rencontrer ce genre de problématique chez les enfants éprouvant des difficultés à la séparation.
"C’est symptomatique de ses émotions."
Nous avons traité celle du poignet mais ne pouvions rien pour ton petit nez.
Ca allait partir seul.
Elle avait raison.
La verrue est tombée au premier jour de l’été.
Depuis la rentrée tu dormais d’une traite, changeant significativement ma vie et mon humeur.
Mais au creux de l’hiver , un soir tu nous as fait vivre un moment terrifiant.
Tu avais pris l’habitude de dormir dans notre lit mais de t'endormir sans nous. Ce qui était un énorme pas pour toi.
Nous t’y rejoignions après notre soirée, nous permettant ainsi de retrouver une vie de couple et des soirées de grands.
A peine une heure après ton coucher, ce soir là, nous t’avons entendu hurler à la mort.
Nous avons grimpé les escaliers quatre à quatre pour te découvrir debout, les yeux exorbités, fixant un point vide .
J’ai essayé de te calmer. Rien à faire.
Tu ne me voyais pas.
Tu ne m’entendais pas.
Ton papa, d’ordinaire peu impressionnable s’est jeté sur le téléphone.
SOS médecin nous a un peu rassurés.
Il fallait te donner un bain bien chaud pour que tu reprennes conscience.
Tu devais être bloqué dans une phase de sommeil.
Nous nous sommes bêtement exécutés.
Tu te débattais. Te déshabiller a été extrêmement difficile.
Mais c’étaient des conseils de médecin, nous n’y connaissions rien après tout.
Alors nous t’avons plongé dans un bain.
Tu as brutalement repris conscience et je t’ai senti perdu, presque autant déstabilisé que nous.
"Tu as fait un vilain cauchemar mon cœur, tout va bien. Allons nous recoucher."
Une demie heure après, la crise recommençait de plus belle, et ainsi de suite, jusqu’au petit matin.
Le lendemain nous avons obtenu un rendez vous en urgence avec notre médecin.
Consterné du conseil de ses confrères il nous a expliqué de quel mal tu souffrais.
-Décidément après les simulations de mort subite, les spasmes du sanglot, les verrues, il vous aura tout fait. Votre fils fait des terreurs nocturnes. Ce n’est pas grave mais il ne faut pas le réveiller ni lui en reparler le lendemain. C’est trop perturbant. Prenez votre voix la plus calme, caressez le si vous pouvez le touchez, sinon contentez vous de le sécuriser pour qu’il ne se blesse pas. Parlez lui doucement pour calmer son subconscient.
-Mais à quoi est ce dû ?
-Ou bien à des émotions trop difficiles à gérer ou bien à une surcharge de fatigue. Couchez le plus tôt, si ça recommence, il faudra travailler le psychique.
Fabuleux !
6 commentaires
MONTENOT Florence
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Il y a 8 mois
Vinnie Catz
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Il y a 8 mois
Naelly2023
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Il y a 9 mois
Vinnie Catz
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Il y a 9 mois
Rod Altmann
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Il y a 9 mois
Oswine
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Il y a 9 mois