Vinnie Catz Tu voyais juste la vie en bleu le rêve était optimiste

le rêve était optimiste

Je t’ai tant attendu, tant rêvé.

On s’en imagine des choses quand on attend, tu sais.

J’avais mis sur tes frêles épaules de nourrisson un espoir fou, ma reconstruction toute entière.


A la maternité nous avons formé un duo presque parfait.

Bien qu’affublés d’un personnel soignant peu scrupuleux, dénigrant mon refus d’allaiter et « oubliant » tes biberons, je dois dire que notre court séjour s’est globalement bien passé.

A croire que tu prenais des forces avant de me montrer ton vrai visage.


Dès notre retour à la maison tu nous as fait entendre la puissance de tes poumons.


Nuit et jour


Durant ta première année tu ne faisais que hurler, refusant le sommeil, ne supportant que les bras, les miens exclusivement.


Tu détestais le siège auto, m’empêchant presque de prendre la voiture, tant ton cri perçant me faisait craindre l’accident.

Tu ne supportais ni le transat, ni le tapis, ni la chaise haute.

Seuls mes bras avaient grâce à tes yeux.


Toujours pourvu d’un humour douteux tu nous faisais des « simulations de mort subite ».

Tu semblais t’arrêter de vivre, ta bouche se pâmait de bleu.

Aujourd’hui j’en sourirai presque tant la vie peut parfois se montrer ironique.


TU ne dormais jamais plus de trente minutes d’affilée et durant ce court laps de temps je m’effondrais tétanisée à l’idée que tu en profites pour couper ta respiration , définitivement , cette fois.

Quand je repense à cette époque, j’ai de la tendresse pour la maman désespérée et incomprise que j’étais.

Nous avons vu tant de médecins toi et moi.

Tous, unanimement pensaient que des deux, c’était moi qui débloquais.


Et franchement, de toi à moi, on perdrait la raison pour moins que cela , tu ne crois pas ?


Un médecin prenant pitié de ma mine exténuée a cherché à te comprendre.

Il a établi un premier diagnostic, le premier d’une longue liste .

Votre enfant est un BABI, entendez, bébé aux besoins intenses, madame.

"Ce sont des bébés fatigants, mais rassurez vous, chez la plupart, ça passe."

Chez la plupart ça passe?


Ce soir là j’ai cherché sur internet, des témoignages de mamans de « BABI » comme toi.

On le sait qu’il ne faut pas regarder sur internet, que c’est idiot, mais on le fait quand même.

On le fait TOUTES, je te le promets.

Je suis tombée sur des témoignages hallucinants d’enfants adolescents faisant toujours des crises, sur des enfants qui privaient leurs parents de sommeil depuis des années, et évidemment sur toutes sortes de pathologies associées, toutes plus angoissantes les unes que les autres.

Je me souviens avoir pleuré toute la nuit suppliant le ciel de me sortir de ce cauchemar.



Tu avais onze mois pour ton premier réveillon deNoel.


Si tu n’avais pas eu de grande sœur je crois que nous ne l’aurions jamais fêté.

Je me souviens avoir dit à ta grand-mère que de toutes façons, tu allais gâcher la soirée comme toujours et que j’étais trop fatiguée pour faire quoi que ce soit.


J’ai lu dans ses yeux la peur que je lui ai inspiré en ce moment.


Elle a eu peur pour toi, pour moi, pour nous mais ne s’est pas senti la force de nous séparer.


Parce que c’est vrai, je te dépeins un tableau un peu sombre mais malgré les cris, malgré la fatigue, malgré la peur au-delà de tout nous nous aimions.

Ce lien fort que j’avais fantasmé, nous l’avions décuplé au centuple, tu ne pouvais pas respirer sans moi et vice versa.


Pour ton premier Noel c’est à moi que tu as fait un cadeau, le plus beau de ma vie je crois bien.

Tu as souri.

Toute la soirée tu n’as fait que sourire, passant d’un carton de jouet à l’autre, babillant et acceptant même les câlins de ta mamie que jusque là tu t’obstinais à refuser.

Jusqu’à trois heures du matin tu t’es amusé.


D’aucun parent diront que c’était de l’inconscience de te laisser éveillé si tard, mais ces parents ne connaissent pas la saveur d’une journée sans larme. Comme il est précieux d’en profiter tant qu’il est temps.


Cette nuit là tu as dormi, jusqu’à dix heures.

C’est moi, dans ma panique, qui t’ai réveillé ne sentant pas distinctement ta respiration.

Parce que , comme tu le sais, jusqu’à tes quatre ans tu as dormi avec nous toutes les nuits, à raison d’une dizaine de réveils chaque nuit juste pour t’assurer que j’étais toujours là, mais ça nous y reviendrons.


Le 25 décembre, nous l’avons passé dans le canapé à profiter de ta sœur , de ton papa, toi de mes bras encore et encore lovés tous les deux sous un plaid.

Tu n’as pas pleuré ce jour-là.


J’ai naïvement cru que le plus dur était derrière nous.



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10 commentaires

Marie No

-

Il y a 8 mois

Je ne connaissais pas du tout les enfants BABI, c'est intéressant d'en parler. J'aime beaucoup cette fête de Noël, ces beaux moments font chaud au coeur.

Naelly2023

-

Il y a 9 mois

J'adore tellement
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