Fyctia
CHAPITRE 9
Sara-Lou
Le moment de la journée que je préfère est le trajet du retour. Je prends tous les jours le train pour rentrer chez moi parce que mon lycée est dans le village d’à côté. Personne ne me dérange, j’écoute tranquillement ma musique et les paysages landais défilent par la fenêtre. C’est là que je rembobine à chaque fois ma journée, que je pense, que je me repose après la tempête et avant une autre catastrophe qui se nomme “mes parents”. Malheureusement, le jeudi, j’ai le plaisir de croiser Eliot dans mon vagon et ça a le don de me plomber le moral. Tous les jeudi je me cache du mieux que je peux en attendant le train pour ne pas qu’il me voit entrer, je m’enfonce ensuite dans mon siège et je marche à toute vitesse jusque chez moi sans jamais me retourner. Je déteste juste cette situation bizarre entre nous, je ne veux pas le voir, je ne veux pas sentir son regard rempli de pitié sur moi.
Mais aujourd’hui, il n’est pas dans le wagon. Je suis soulagé d’un immense poids mais à la place, c’est le garçon du cours de musique que je vois s'asseoir non loin de moi. Il me regarde brièvement, puis reporte son regard sur le paysage qui défile à sa gauche. Je continue de manger distraitement mes mandarines, me faisant violence pour ne pas hurler les paroles qui résonnent dans mes écouteurs. Une fois le train arrêté, je sors calmement, le premier jeudi de l’année où je peux être tranquille sur le trajet. Je marche jusque chez moi en prenant mon temps, lorsque j’entends derrière moi des bruits de pas. Je ne me retourne pas et continue simplement mon trajet mais les bruits de pas continuent et j’ai l’impression qu’ils me suivent. Alors, arrivé à un virage, je me dis que si les bruits de pas continuent, je me retourne, sinon c’est que je ne suis pas suivie. Alors je fais ce que je me dis, je marche en attendant le croisement mais une fois que j’ai prit ce virage, les bruits de pas ont continué derrière moi et je me retourne sans prévenir, tombant né à né avec le garçon du cours de musique.
Je ne sais plus comment il s’appelle.
- Pourquoi tu me suis ? je demande vivement en tirant la lanière de mon sac.
- Je ne te suis pas, rit-il.
- Alors pourquoi tu me suis depuis tout à l’heure ?
- Je vais le répéter une deuxième fois. Qui sait peut-être qu’elle m’entendra ? dit-il en parlant au ciel. Je ne te suis pas.
- Alors arrête de marcher derrière moi, je réponds avant de tourner les talons.
Mais il me suit toujours, et je refuse de me retourner une deuxième fois, alors j'accélère le pas mais il est toujours derrière moi, et à un passage piéton je change de trottoir pour m’éloigner. Je le regarde marcher sûrement depuis son côté de la route et je lui lance un sourire hypocrite avant de le voir hausser un sourcil.
- Je ne suis pas un psychopathe qui aime suivre les gens dans la rue, lance-t-il.
- C’est ce qu’ils disent tous, je réponds.
- C’est toi qui me suis, répond-il.
- Mais bien sûr ! Je ne sais pas ce qu’est ta définition du mot “suivre” mais je crois que tu as encore beaucoup à apprendre. Normalement quand quelqu’un veut suivre une autre personne il est généralement derrière lui, sinon il risque de perdre sa trace tu comprends ? je demande comme si c’était un enfant de six ans.
- Tu es bizarre, remarque-t-il.
- Ouais, je réponds. Vraiment trop bizarre, tu devrais arrêter de me suivre ducoup.
Je finis par entendre un petit rire de son côté et nous continuons de marcher, chacun sur son trottoir. Finalement je m'arrête pour traverser mais le voit avancer dangereusement vers ma maison.
Mon père est de la police, je mens du tac au tac. J’ai plein d’armes chez moi et mon chien s’appelle Rex. Il fait peur.
Il fronce les sourcils et me détaille un instant avant de m’adresser un sourire en coin.
- A demain voisine.
Voisine ? C’est à moi qu’il vient de dire ça ?
32 commentaires
Maria Ophelie
-
Il y a 2 ans
Maria Ophelie
-
Il y a 2 ans
Coeur fondant
-
Il y a 2 ans
Aurélie Benattar
-
Il y a 2 ans
Jessie Moon auteure
-
Il y a 2 ans
Morgane Rigan
-
Il y a 2 ans
Matt S.Y.
-
Il y a 2 ans
Elisha Lowann / Myrtille Lalau
-
Il y a 2 ans
Jo Mack
-
Il y a 2 ans