Fyctia
Chapitre n°13
05 avril 2017 : Au loft
J'ai d'abord cru à une mauvaise blague, puis j'ai levé le regard vers mon père se retournant pour me faire signe de le rejoindre. J'étais un peu bouche bée mais j'ai fait signe de la main pour lui répondre que j'arrivais remettant sans un mot ce bout de papier dans ma poche.
Je m'assis en face de lui, les mains liées, le regard pensif, l'esprit vagabondant à me poser mille questions.
— Alors cette soirée, elle t'a plu ?
— Oui papa, c'était génial ! J'ai appris plein de choses, merci de m'y avoir emmené ! J'espère avoir fait bonne impression.
— Tu es toute pâle, tu es sûre que ça va ?
— Oui, oui, ça doit simplement être le manque de lumière, souriais-je soudain pour me forcer.
Nous avons traversé la ville jusqu'au loft. Il était minuit passé. Dans la voiture, tout était calme, silencieux, aucun de nous ne semblait vouloir commenter la soirée, ou pire. Quand on est arrivé, je suis aussitôt montée dans ma chambre, mais mon père m'a suivi quelques secondes plus tard.
— Écoute Heyline, je suis vraiment désolé pour tout ça. Je sais que ça a dû être un peu perturbant pour toi, mais cette soirée, c'est peut-être l'opportunité pour toi de t'ouvrir de nouvelle porte, tu comprends.
Je le regardais sans conviction.
— Tu sais, un grand couturier, une modéliste ou même une styliste de renommer, il lui faut un répertoire, un grand, et précieux. Tout commence avec un répertoire. Si ces gens peuvent bien faire quelque chose pour toi, c'est bien cela. Tu n'auras qu'à te dire que c'est un héritage de ta mère.
Mes yeux se fronçèrent aussitôt qu'il la cita.
— Alors voilà qu'on parle de maman maintenant ?
Mon père prit du recule.
— Heyline je ...
— Je sais, c'est douloureux, dis-je sur un ton agacé. Ou pas le moment, ou peut-être seulement que tu me caches des choses ?
— De quoi tu parles ? Je ne cache absolument rien au sujet de ta mère, c'est seulement... compliqué pour moi de parler d'elle, et tu le sais Heyline.
— Tout est compliqué avec toi papa, tout. Pourquoi tu ne m'as jamais parler d'elle ?
Je me levai de mon lit hors de moi.
— J'ai appris plus de chose en une soirée sur elle que je n'en ai appris en quinze ans, papa. Comprend que je sois énervée, comprend que je ne comprenne absolument pas ta réticence à me parler d'elle !
Il prit une grande inspiration.
— Tu devrais te rassoir et dormir un peu. Je ne pensais pas que cette soirée te rendrait aussi aigri.
— Aigri ? Aigri ? Papa ! C'est tout sauf cette soirée qui me rend autant en colère !
— Ta mère était une femme mystérieuse, leva-t-il soudainement le ton. Elle avait beaucoup de secret. Elle est peut-être morte dans un incendie absolument tragique mais ta mère n'a jamais été une femme irréprochable. Elle l'était d'ailleurs de très loin.
— Tu mens. Tu mens ! Maman était attentionnée et pleine de vie, tout le monde l'adorait.
— C'est ce qu'elle voulait montrer d'elle tout ça. Elle n'a jamais été la femme, la mère ou l'amante parfaite. Elle n'a été qu'un tourment de mensonge !
On s'arrêta tous les deux en se regardant dans le blanc des yeux. Jamais. Jamais, je ne l'avais entendu parler ou seulement évoqué ma mère ainsi.
— Ne redit plus jamais ça. Ma mère était une femme aimée et appréciée en tout point. Tu ne me feras pas croire le contraire.
Il se dirigea vers la porte.
— Crois ce que tu veux Heyline, reprit-il d’un ton plus solennel. Moi je n'ai fait que te protéger, depuis toujours.
— Papa ! m'écriais-je alors pour le retenir.
Mais son regard triste et déçu ferma la porte comme une claque dans ma figure. Je ne comprenais plus rien. Mon père. Ses mots. C’était comme un coup de poignard à l’intérieur de mes entrailles.
Toutes les personnes que j'avais rencontré et qui m'avait parlé d'elle présentaient ma mère comme la femme parfaite, celle que tous adorait. Pourquoi mon père pensait-il soudain le contraire ? Ma mère avait-elle vraiment été ce que mon père décrivait d'elle ? Je ne savais plus quoi penser. Mon cerveau ne cessait de tout mélanger.
Je me suis jetée dans mon armoire sortant cette photo d'elle et moi. À son visage souriant et angélique, je ne pouvais que sourire avec elle. J'étais persuadé qu'elle n'était rien de ce que me disait mon père. Je me suis couchée sur mon lit fixant cette photo à bout de bras. Cette femme-là, comment pouvait-elle être autre chose que ce qu'on disait déjà d'elle. Je ne voulais pas prendre parti, mais je ne pouvais laisser mon père parler d'elle ainsi.
2 commentaires
Larila
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Il y a 2 ans
Charline Steiner
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Il y a 2 ans