Fyctia
Chapitre 2
Magali entrelaça ses bras avec fureur contre sa poitrine, après qu'il lui ait expliqué en deux mots qu'il prévoyait d'intégrer la société de Nicolas, dès la semaine suivante. Ce qui occasionnait qu'il se trouvait là, et serait un témoin de ce jour.
Elle détestait l'idée que Jean soit de retour pour son mari. Elle détestait que ces deux-là pussent travailler ensemble. Elle détestait constater qu'elle ne pouvait rien y faire.
En résumé, elle détestait l'idée de le revoir, tout autant que celle de ne pas être sa priorité.
- Tu vas m'expliquer ce que tu cherches à prouver ? Parce qu'on est d'accord, qu'aider Nicolas à reprendre le contrôle de la société de son père, reste le cadet de tes soucis ! Trépigna l'italienne, révulsée par le manque d'honnêteté affiché par son ancien compagnon.
- Je n'ai aucun compte à te rendre, concernant mes choix professionnels ! Trancha-t-il, agacé de la voir prendre le parti de son prétendant fort indigne d'elle.
- Il me semble invraisemblable, que cela soit un hasard !
Jean étouffa un rire, dérouté par sa naïveté. De son seul point de vue, il n'y aurait pas mis les pieds, et ne serait certainement pas entré au service de Thomassen de son plein gré.
- Il n'y a rien à expliquer ! Il y avait un poste à pourvoir. J'ai saisi l'opportunité !
Le colombien regarda autour de lui, cela convenait peu à Magali, ce décor de palace mal imité. Un simulacre. L'événement en entier, n'était qu'un simulacre.
Qu'est-ce qu'ils faisaient là, tous les deux ?
À présent qu'ils n'étaient plus maintenus par la différence d'âge, ou le secret envers Mélanie, la femme de Jean, elle leur avait trouvé une nouvelle raison de se cacher.
Un engagement envers un autre.
Ils étaient seuls, et libres d'en discuter, c'était un bon début.
Jean songea à la prendre dans ses bras, puis renonça à agir dans la précipitation.
Par peur de l'effrayer. Comme si la mariée, face à lui, était devenue une étrangère.
- Tu me prends pour une imbécile, en plus de ta désagréable manie de surgir là où on ne t'attend plus ! Comme si, toi, tu pouvais envisager de t'arrêter de courir pour t'investir quelque part ! Tu n'acceptes d'intervenir que sur de courtes transactions ! Tu négocies des marchés, tu doubles ta mise, et puis tu t'en vas ! Les types de ton espèce, ils se fichent bien de la valeur humaine contenue dans les entreprises familiales, comme T.C.
Puisqu'il l'avait abandonnée, Magali estimait qu'elle n'avait plus de raison de masquer son aversion pour les qualités tout à fait exceptionnelles de cet homme, qui constituaient selon elle, son plus lourd défaut.
S'il devenait tranchant, détaché, la faute en revenait à son poste dans la finance, qui le poussait à l'être. Il s'amenuisait, à chaque négociation gagnée. Son aura professionnelle prenait trop d'ampleur, et rongeait la profondeur de l'être à l'intérieur.
Le colombien passa la main dans ses cheveux, désabusé.
C'était injuste de l'accuser de manquer d'humanité !
Elle savait combien il aimait partager, donner.
Néanmoins, il avait saisi l'allusion évidente à leur rupture. Cela semblait être la réponse à apporter. Il devait les reconnecter à leur passé. Jean devait commencer à parler le premier.
- Qu'est-ce que tu aimerais que je te dise ? Que je suis revenu pour toi ? Que ce poste je l'ai choisi pour tenir ton nouveau flirt à l'œil ? Pour lui piquer sa promise dès que j'en aurai l'occasion ? Qu'est-ce que tu répondrais, si c'était ma motivation ?
L'état de nervosité de Jean atteignit la fébrilité. Jean n'était pas le genre d'homme à savoir faire des déclarations. En lieu et place de cela, il agissait, se montrait fidèle et dévoué.
Aussi, il tenait par-dessus tout à rattraper son erreur.
Qui n'en était pas une !
Car après tout, il conservait le droit de s'être interrogé.
Fière à outrance, la sicilienne refusa de se laisser atteindre par le message que s'efforçait d'exprimer son ancien colocataire.
Magali décida de rester en retrait, en sécurité sur le socle qu'offrait son repli. Elle avait enfin réussi à croire qu'elle allait survivre. Enfin cessé d'avoir mal, comme si ses bronches s'ouvraient, à chaque inspiration qu'elle prenait.
L'orpheline solitaire avait réussi à se persuader, qu'elle n'avait pas besoin d'un autre, pour exister en sérénité.
Une sorte de méditation intérieure constante, qu'elle avait tardé à prendre, et n'était pas prête à relâcher de sitôt.
Afin de ne plus permettre au moindre effluve de sentiment de la torturer, se répétait-elle. Plus question de laisser un spécimen aussi versatile et mouvant qu'un homme, prendre un quelconque pouvoir sur sa destinée !
- J'en dirais que je n'ai plus la moindre confiance en tes mots ! Que tu ne fais que ce qui t'arrange, et que tu aggraves ton cas !
L'homme d'affaires fronça les sourcils, dans cette mimique qui était la sienne, lorsque les négociations n'allaient pas dans son sens.
- Explique-toi !
- Je dirais que tu bluffes, parce que tu fais ça tous les jours. C'est ton métier ! Que tu ne discernes plus le vrai du faux. Et moi je pense que là, tu mens pour ne pas avoir à répondre ! Explosa-t-elle. Je dirais que tu joues avec les sentiments des autres, en outre, les miens ! Jusqu'ici, il me restait au moins nos souvenirs. Et la certitude d'avoir connu quelque chose de bien réel, même si tout s'était mal terminé ! Sois gentil ! Évite de te comporter comme un égocentrique ingrat, et ne viens pas ternir ce que nous avons partagé ! Si tu es revenu, c'est parce que tu le voulais, ce poste de directeur, j'en suis persuadée ! Je te connais. Il doit y avoir chez T.C, un défi à relever qui pouvait t'intéresser. Et le seul obstacle qui s'est dressé, c'est quand tu as compris que Nicolas s'apprêtait à m'épouser. Pas de chance, que le type dont tu voudrais t'approcher soit tombé amoureux de ton ex ! Tu n'es venu que pour mesurer combien je t'en voulais, et ne pas être embarrassé, lorsque nous nous croiserons près de Nicolas. Et bien, je ne lui dirai rien ! Ne t'en fais pas ! Je ne trahirai pas tes nombreux et précieux secrets. En ce qui me concerne, on ne se connaît pas. Et ça m'ira très bien comme ça !
Cette réponse déconcerta le colombien.
Magali n'était pas prête à entendre ce qu'il tâchait de lui communiquer. Elle se moquait, de toute évidence, d'écouter son point de vue.
Surpris par cette attitude sans nuance, qui ne lui ressemblait pas, Jean se demanda pourquoi Magali montrait autant de résistance quand il faisait autant d'efforts. Il était de retour. Et il se battait. Sa réaction de repli avait été brutale, mais il tentait de démontrer à cette femme qu'il avait conjuré sa douleur et se sentait enfin prêt.
Avant tout, par son arrivée, Jean venait d'apporter la preuve qu'il n'avait rien perdu de son attachement envers Magali. Il était sûr qu'elle ressentait la même chose.
Leur séparation n'avait plus lieu de perdurer.
4 commentaires
Caroline-Noëlle
-
Il y a 2 ans
RomyMancini
-
Il y a 2 ans
Aurélie.Lily
-
Il y a 2 ans