Fyctia
Chapitre 20 : Jay - Partie 1.
— Active-toi, panique Logan. Si on attend trop longtemps, ils vont débarquer à j’sais combien de bagnoles et on est à pied, j’te signale !
— On va passer par le toit !
— Excuse-nous le cambrioleur expert, mais on fait comment avec les cartons ?
— On fourre tout dans les sacs et on se tire !
Je n’attends pas qu’il réponde et fais tourner son corps pour blinder son sac des documents que nous venons de trouver, avant de remplir le mien. Une fois que les boîtes sont vides, nous les glissons sous le lit.
Logan s’empresse d’ouvrir la fenêtre menant sur le toit. Tour à tour, nous enjambons et commençons une avancée périlleuse. Nous nous abaissons légèrement et longeons le mur pour rejoindre l'arrière de la maison. Dès que nous y sommes, nous nous penchons légèrement pour nous assurer qu’aucun agent de police se trouve dans la cour.
En voyant que la voie est libre, j'aide Logan à se glisser sur le toit inférieur, tout en lui tenant fermement le bras. Alors qu’il s’apprête à poser doucement son pied, le sac que j'ai sur le dos bascule vers l'avant. La gouttière sur laquelle je suis appuyé cède, je perds l'équilibre et mon corps part, sans pouvoir me retenir. Je tente de me rattraper à la gouttière, pour ralentir ma chute, mais je la relâche immédiatement en sentant une vive douleur à l’intérieur de ma main. J'entends un juron, ses bras qui tentent de me rattraper mais je pivote et m'écrase avec violence sur les tuiles qui se brisent sous mon poids.
— Reste couché ! m'ordonne-t-il en s'allongeant à son tour.
Qu'il se sente rassuré, je n'aurais pas trouvé la force de me relever tellement le choc vient de me briser le dos. Je retire mon gant et observe ma main qui n'est pas belle à voir. Une jolie entaille commence entre mon pouce et mon index, pour descendre jusqu'à mon poignet.
— C'est bon, souffle-t-il.
— Je viens de me couper, pesté-je en m'asseyant. Regarde si je n'ai pas mis du sang partout, sinon nettoie !
— Ils ne vont pas venir chercher de l'ADN sur un toit, murmure-t-il en levant les yeux au ciel.
— Et s'ils le font ? insisté-je.
Il grimace puis s'exécute sans dire un mot de plus. De mon côté, je retire le sac de mon dos et enlève ma veste ainsi que mon t-shirt. J'enroule ma main avec celui-ci, pour la protéger, mais avant tout ne pas mettre de sang partout. Je remets ma veste et replace le sac sur mes épaules, avant de me relever en douceur. Une fois sur pied, je pose une main sur mes reins et grimace de douleur.
— Ça va aller, mec ? me demande-t-il.
— Pas le choix.
J'enfile ma capuche, le regard perdu loin devant moi, dans l'obscurité. Je me demande ce que je fais là ? Pourquoi est-ce que je fais ça ? Ce genre de choses ne me ressemble pas. Je suis qu'un petit délinquant de la route, qui ne respecte pas les limitations de vitesse, mais rien de plus. Ce qui me frustre, c'est qu'au fond de moi, je sais que je fais ça uniquement pour Eli, contrairement à Robby qui pense que c’est parce que je ne lui refuserais jamais rien. Il a été présent dans l'un des moments les plus compliqués de ma vie. Il m'a aidé à ne pas sombrer et à ne pas m'aventurer dans des plans foireux, à croire en moi de nouveau et à aller de l'avant, chose que je ne faisais plus. Quand je vois qu'aujourd'hui, c'est lui qui m'entraîne dans un tas de choses qu'il me déconseillait de faire, je me dis que ces documents doivent cacher des secrets bien plus sombres et pas que de simple révélation sur des cassettes.
Je reviens à la réalité, après une énième interpellation de Logan, puis m'avance au bord du toit. Je me mets à l'angle du mur et descends celui-ci en posant mes pieds sur les attaches de la gouttière. Gouttière qui, soit dit en passant, semble bien plus solide.
Une fois que mon pied touche le sol, je m'abaisse légèrement et observe à l'intérieur de la maison. Les deux agents de police sont encore présents et observent les lieux au peigne fin. J'entends des sirènes de police retentir au loin et je fais signe à Logan de me rejoindre. Je m'approche des thuyas qui servent de séparateur naturel entre les deux maisons et masque ma présence derrière eux.
Logan saute en étant à mi-chemin de sa descente, mais se réceptionne mal. Ce n'était pas comme s'il avait des problèmes de hanche, depuis un accident de vélo quand il était plus jeune et qu'il passe son temps à s'en plaindre en hiver, car le froid lui ravive la douleur apparemment. Il revient vers moi, tout en soufflant et boitant, ce qui me fait grimacer et sourire en même temps.
— On est les pires cascadeurs de l'histoire, lance-t-il.
Je me retiens de rire et observe ma montre. Il est presque trois heures et demie et le point de rendez-vous pour le retour était à trois heures du matin. Nous commençons à courir à travers les terrains, nous faisant surprendre par des lumières automatiques, mais aussi par les chiens qui dorment dans leur niche. Heureusement pour nous, ils sont attachés.
Planqué derrière un cabanon de jardin, je prends le temps de reprendre mon souffle. Logan me rejoint, en sautillant à moitié sur une jambe, ne pouvant pas réellement s'appuyer sur l'autre.
— Tu peux me rappeler pourquoi on fait ça au juste ? me demande-t-il.
— Eli, soufflé-je. Du moins, je le fais pour elle, mais toi ? Pourquoi est-ce que tu le fais ?
— T'es mon ami Jay...
Je relève doucement les yeux vers lui et l'observe dans la pénombre. Je ne parviens pas à lui répondre, mais je lui offre un léger sourire en guise de remerciement. Je n'ai jamais eu d'ami avant lui, car la vie que je menais à New York ne me le permettait pas. Il est agaçant et parfois lourd, mais il est d'une loyauté sans faille.
— Arrête de me regarder de cette façon, je vais finir par tomber amoureux !
— Tu m'aimes déjà, plaisanté-je.
— Tu n'imagines pas à quel point je suis ravi de voir ton joli petit cul moulé dans ce jean ! Avance que je mate la marchandise !
Il termine sa phrase avec un geste de la main, me demandant d’avancer. Je ne peux m'empêcher d'étouffer un rire dans mon poing et avant de poursuivre mon chemin. Nous traversons le terrain rapidement, tout en gardant un œil vers la maison, afin de nous assurer qu'une lumière ne s'allume pas.
Je m'enfonce dans la haie et me fige immédiatement. Mon regard se décompose en découvrant un mur de plus ou moins deux mètres de hauteur, se dresser devant nous.
Je reste planté là, comme un sombre idiot pendant plusieurs secondes avant de me décider, à passer par-dessus. Je retire mon sac puis le tends à Logan avant d'escalader l’obstacle. Je grimace au moment où je m'appuie sur ma main et que la douleur de la blessure se ravive encore un peu plus.
Quand mes deux pieds touchent de nouveau la terre ferme, j'atterris au milieu de plusieurs thuyas émeraude, mangeant quelques branches au passage. Je me glisse entre eux pour voir si la voie est libre, sans me soucier de quoi que ce soit, quand l'un de mes pieds ne se retrouve pas arrêté par le sol.
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Janelle
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Cassy M. PUICH
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