Fyctia
Chapitre 17 : Jay - Partie 2.
Le coup d'envoi est donné et je concentre mon attention uniquement sur cette voiture jaune, qui file à vive allure sur le circuit. Je suis impressionné par les progrès de Logan, depuis qu'il a intégré le club, bien qu'il doit avoir une brique sous son accélérateur quand on voit la vitesse à laquelle il avance. Il a beaucoup de mal à envoyer de la puissance dans sa conduite, ce que je ne cesse de lui rappeler dans l'oreillette. Bien que l'accident soit une chose qui fasse peur à tout le monde, de son côté ça relève du handicap, dans ses performances. C'est comme si sa conscience prenait le contrôle de son pied et qu'elle l'empêchait d'enfoncer la pédale au maximum.
C'est de justesse qu'il parvient à passer la ligne d'arrivée, nous offrant un arrêt spectaculaire avec un frein à main contrôlé. Il n'attend pas pour sortir de sa voiture et célébrer une victoire avec un petit pas de danse en raccord avec la musique, nous faisant rire. Il complète le tout en s'adressant à moi d'une façon très peu charmante.
— Nous avons été liés, comme mes couilles à ma queue, mon frère !
— Ravis d'être réduit à l'image d'un testicule, répliqué-je d'un ton amusé.
Je quitte le bureau et traverse une partie du terrain en slalomant entre les spectateurs agités pour le rejoindre. Il m'accueille comme à son habitude avec un sourire majestueux, avant de m'offrir une accolade amicale.
Il se passe peu de temps avant que je ne parte en course. Placé sur la ligne de départ, je n'ai jamais été aussi nerveux qu'aujourd'hui. Mes mains cramponnent le volant fermement et la sueur s'invite sur mon front. Je prends une bonne inspiration, puis expire en douceur, afin de chasser cette angoisse qui gagne du terrain . Mes yeux sont rivés sur June, qui ondule entre les voitures avant de nous donner le signal du départ. Elle provoque les conducteurs avec son foulard, qu'elle fait glisser sur son corps, très peu couvert, avant de l'envoyer dans les airs et nos voitures s'élancent dans un brouhaha infernal.
C'est de justesse que je passe la ligne d'arrivée en premier. J'imagine très bien le regard furieux de Robby. Je n'ai pas réussi à me mettre pleinement dans la course et j'ai même réalisé une performance plus que médiocre. Logan n'a cessé de hurler dans l'oreillette, tout en me demandant ce que j'étais en train de faire. C'est un peu grâce à lui que j'ai réussi à m'en sortir ce soir et je ne suis pas près d'oublier bon nombre de ses réactions.
Je soupire et ouvre ma portière avant de quitter l'habitacle. Acclamé par la foule, je leur offre un signe de main en guise de remerciement, accompagné d'un léger sourire forcé. Je ne suis pas satisfait de ma prestation, me laissant un goût amer au fond de la gorge.
Comme à mon habitude, je m'installe contre le capot de ma voiture, bien que la pluie ne cesse de tomber, quand je me souviens que j'ai toujours un message en attente d'une réponse. Déterminé, je farfouille dans la poche de mon jean et attrape mon téléphone, mais quand l'écran s'allume, je fronce immédiatement les sourcils. Je le déverrouille sans attendre et prends connaissance du message vocal qu'elle m'a laissé il y a plusieurs minutes. Des bruits de luttes, des hurlements... Je crois bien que je pâlis au fur et à mesure que les secondes défilent.
Le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine, je verrouille mon téléphone et fonce immédiatement pour rejoindre Logan qui sirote une bière en compagnie d'une jeune femme. Sans la moindre politesse, je m'avance jusqu'à eux et empoigne mon ami par le bras en l'éloignant, sans même dire un mot à celle qui l'accompagne.
— Je dois partir, Eli a des ennuis !
— Attends, tu veux que je vienne avec toi ?
— Non ! Préviens les autres et dis à Robby que je le tiens au courant !
Ne voulant pas perdre plus de temps, je n'attends pas qu'il me réponde et repars en direction de ma caisse. Je me jette à l'intérieur, me prenant le pare-soleil au passage, ce qui ne fait que chatouiller davantage mon énervement. Je fourre les clés dans le contact et démarre en faisant ronfler mon moteur comme un fou furieux. J'enclenche une marche arrière que j'exécute à toute vitesse, ce qui effraie quelques spectateurs et m'élance à travers le terrain, le pied au plancher.
En arrivant dans le centre-ville, j'esquive de justesse une voiture à qui je coupe la priorité. Le chauffeur klaxon sans la moindre retenue, tout en faisant de grands gestes à l'intérieur de sa caisse. La pluie qui s'écrase violemment contre mon pare-brise réduit considérablement ma visibilité, bien que mes essuie-glaces balayent l'eau activement.
Au bout de quelques minutes, j'arrive à proximité de la maison d'Harold, je réduis légèrement l'allure. J'attrape mon téléphone, pour vérifier si elle m'a envoyé un message quand une personne déboule en plein milieu de la rue. Je laisse tomber mon cellulaire et saute sur le frein pour arrêter ma voiture. J'entends le hurlement de mes pneus sur le bitume et ma voiture glisse sur plusieurs mètres.
La voiture arrêtée, le moteur tournant encore. Je cramponne le volant, le souffle agité. Je tremble en remarquant qu'il n'y a plus personne devant la voiture. Je quitte ma caisse et me rue vers l'avant de celle-ci. Assise par terre, la tête juste au niveau de la calandre et mon cœur rate un battement lorsque je reconnais Eli étendue sur le bitume.
— Eli ! m'écrié-je.
Alors que mon esprit est encore embrouillé par ce qui vient de se passer, mon corps lui n'attend pas pour se jeter à ses côtés et la prendre dans mes bras. Elle éclate en sanglots tandis que ses bras s'enroulent autour de mon cou, comme si sa vie en dépendait. Je m'éloigne d'elle un instant pour déposer un baiser sur son front, puis sur ses lèvres avant de la tirer de nouveau pour la serrer contre moi.
— Je suis là, tout va bien, je suis là.
En sentant son corps trembler entre mes bras, je la porte, pour l'emmener dans la voiture. Je n'ai aucun mal à soulever son corps, qui n'est pas plus lourd qu'une plume et m'avance jusqu'à la portière du côté passager. Tout en la tenant fermement, je tends une main pour ouvrir la voiture et la placer à l'intérieur. Je retire ma veste que je pose sur elle avant de refermer, puis m'empresse de faire le tour du véhicule pour reprendre ma place de conducteur.
Je mets immédiatement le chauffage, tout en tendant le bras vers ma banquette arrière où se trouve un sac avec des affaires de rechange. Je sors un sweat et lui tend, mais elle ne réagit pas. Une avalanche de larmes dévale son visage, puis dans un souffle, elle murmure.
— Elle vient de le tuer...
36 commentaires
La plume des rêves
-
Il y a 2 ans
Céline Carberge
-
Il y a 2 ans
Janelle
-
Il y a 3 ans
Céline Carberge
-
Il y a 3 ans
Narélia L
-
Il y a 3 ans
Noémie H.
-
Il y a 3 ans
Céline Carberge
-
Il y a 3 ans
Zoey Arann
-
Il y a 3 ans
Céline Carberge
-
Il y a 3 ans
Zoey Arann
-
Il y a 3 ans