Fyctia
Chapitre 16 : Eli - Partie 1.
Plusieurs semaines se sont écoulées depuis ce fameux week-end, qui n'a jamais eu la chance de se reproduire. Harold avait été compréhensif et m'avait simplement demandé de ne pas recommencer sans donner la moindre nouvelle, mais c'était sans compter sur le merveilleux jeu d'acteur de ma mère. Elle s'était mise à hurler, dans un sanglot qui en aurait presque noyé la cuisine. Elle avait évoqué le fait de s'être énormément inquiétée, de ne pas avoir dormi de la nuit tellement elle avait eu peur qu'il me soit arrivé quelque chose.
N'en pouvant plus de l'entendre pleurer et se plaindre à longueur de temps, il avait cédé. C'est là que son cinéma a pris fin, ses larmes ont cessé immédiatement et un sourire victorieux avait pris place sur son visage. Je ne sais combien d'insultes m'ont traversé l'esprit ce jour-là, mais j'avais de quoi la rhabiller pour l'hiver et je dirais même, pour les prochains à venir.
Pour la première fois de ma vie, je me retrouve privée de sortie. Je peux mettre un pied en dehors de la maison, uniquement pour me rendre à la fac. J'ai réussi à garder ma voiture et la liberté de me rendre en cours moi-même, à la condition que je rentre immédiatement à la fin de ma journée. Et ça dure depuis trois semaines.
Ne pouvant plus mettre un pied dehors, même pour aller chercher le courrier, j'ai pris le temps de découvrir plus profondément Hanna et Luke. Je dois dire qu'ils sont vraiment adorables, bien qu'ils soient un peu coincés. Nous regardons des films, faisons des jeux de société et jouons ensemble comme des enfants, afin de nous faire passer le temps.
Ce soir, nous nous retrouvons tous les trois enfermés avec Rose, ce qui ne nous enchante pas le moins du monde. Pour couronner le tout, Luke et Hanna ont décidé que c’était soirée film d’horreur, il y a de quoi sourire quand on sait que la maîtresse des lieux est encore plus folle que le psychopathe de Shining. Il ne manquerait plus qu'elle défonce ma porte à coups de hache.
Nous sommes tous les trois dans ma chambre, allongés sur mon lit pour regarder notre film du soir. Après moult insistances de leur part, j'ai cédé, bien que la dernière fois, aucun d'eux n'a dormi dans son lit, mais dans le mien.
Après leur avoir proposé plusieurs films, ils ont tranché pour regarder Freddy contre Jason. Un classique, que je connais par cœur et qui ne me surprend pas le moins du monde, je dois même avouer qu'avec le temps, je m'ennuie en le regardant.
Mon téléphone posé sur ma poitrine, mes yeux rivent de l'écran de la télévision à celui de mon portable. Comme presque tous les soirs, je passe mon temps à discuter par message avec Jay. Il insiste constamment pour savoir comment je vais, si tout se passe bien, que je ne dois pas hésiter à l'appeler en cas de pépin. J'aimerais bien qu'il me parle d'autre chose comme de lui et moi par exemple, mais cela ne semble pas être dans ses priorités. Le seul problème, c'est que je ne sais pas quoi penser.
Depuis ce fameux week-end, nos lèvres ne se sont plus rencontrées et je n'ai pas rejoint ses bras une seule fois. Ne voulant rien montrer et voulant garder tout cela secret, il me fait la bise le matin, comme à plusieurs filles qu'il connaît sur campus. Un véritable plaisir de me voir réduit au même niveau que toutes les autres. Je peux accepter le fait qu'il ne veuille rien dévoiler et une part de moi le comprend. Il est vrai que nous avons été attirés l'un par l'autre d'une façon très surprenante et qu'il nous aura fallu moins d'une semaine pour céder à la tentation d'un baiser.
Ce que je ne comprends pas et que j'ai plus de mal à digérer, c'est qu'il n'a pas évoqué une seule fois dans nos échanges que ça lui manquait ou qu'il en avait envie. Je ne peux pas le nier, ça me pique intérieurement, car je le pensais sincère. Malheureusement, au fur et à mesure du temps, je doute et c'est pour cette raison que ce soir, j'ai décidé de mettre les pieds dans le plat.
J'ai bien compris que si j'attendais qu'il m'en parle, j'avais plus de chance de mourir d'une chute dans les escaliers que de recevoir le message. J'attends une réponse de sa part, depuis plus de vingt minutes. Il a lu le message, il écrit, puis n'écrit plus, avant de recommencer, puis il arrête de nouveau, ce qui commence légèrement à me tendre.
Ce genre de moment, quand on attend une réponse avec impatience et que la personne se fait désirer, est atroce. Mon cœur bat à un rythme anormal, une part de moi appréhende de découvrir ce qu'il va répondre. Pour tout dire, j'ai peur qu'il me dise, qu'il a fait une erreur, qu'il n'aurait pas dû et qu'il s'excuse. C'est le genre de message que j'ai reçu bien trop souvent et le genre que je n'ai pas envie de recevoir de lui. Pour la simple et bonne raison que je lui ai laissé une chance de pouvoir revenir en arrière bien avant, juste après notre dîner au food truck.
— Il y a une suite ? me demande Luke à la fin du film.
— Non.
— Quoi ? s'écrit-il. On ne peut pas finir un film de cette façon. Freddy comme Jason ne sont pas morts, alors pourquoi il n'y a pas de suite ?
— C'est un film d'horreur Luke et les films d'horreur ne sont pas réputés pour être logiques, tu sais.
— Je m'attendais à un meilleur film venant de toi Eli, souligne-t-il.
— Oui, mais je n'ai pas envie de vous avoir dans mon lit ce soir. Allez, c'est l'heure de rejoindre sa chambre, les morveux !
— Tu peux descendre avec nous, j'ai peur que Rose soit dans les couloirs, me demande Hanna.
Ai-je envie de bouger ? Pas du tout. Est-ce que le regard apeuré d'Hanna me pousse à le faire ? Totalement.
Je pousse le plaid et me lève pour m'étirer avant de poser mon téléphone sur la table de nuit. Je me dirige vers la porte sans faire le moindre bruit et observe rapidement dans le couloir. Ne voyant rien, je leur fais signe de me suivre et nous descendons à l'étage inférieur, sur la pointe des pieds.
Une fois à leur étage, j'attends patiemment qu'ils rejoignent leur chambre et me rends dans la cuisine pour prendre une bouteille d'eau, avant de regagner ma chambre. Je m'aventure dans la maison, sans aucune lumière en essayant de faire le moins de bruit possible. Je m'enfonce dans les pièces sombres, uniquement éclairées par les éclairs de l'orage. Après un film d'horreur, rien de plus rassurant. J'ouvre le frigo et prends la petite bouteille, que j'ouvre immédiatement pour boire une gorgée.
— Bonsoir Elizabeth, me fait une voix froide, me faisant sursauter.
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Janelle
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